Le président de la République du Congo Denis Sassou-Nguesso a accordé une interview à France 24, en marge du sommet pour un nouveau pacte financier mondial organisé à Paris pour lutter contre la pauvreté et le réchauffement climatique. Il a estimé qu'on ne saurait imposer à l'Afrique de "renoncer brutalement" au pétrole. Commentant les suites de l’enquête sur des soupçons de "biens mal acquis", il a regretté l'immixtion de la France, où "tout est permis" pour "salir les autorités africaines."
France 24 a réalisé un entretien avec le président congolais Denis Sassou-Nguesso, qui venait d'assister à Paris au sommet pour un nouveau pacte financier mondial.
Les pays occidentaux s'y sont engagés à financer à la fois la lutte contre la pauvreté et celle contre le réchauffement climatique, à travers une aide financière pour les pays pauvres. Or la République du Congo dispose d’un important potentiel pétrolier.
"Imposer aux pays africains de renoncer brutalement au pétrole serait excessif", estime Denis Sassou-Nguesso, soulignant que des pays pourtant industrialisés ont décidé de recourir de nouveau au charbon.
Son pays abritera à la fin de l’année un sommet dédié à la préservation des trois plus grands bassins forestiers de la planète, auquel participeront des dirigeants internationaux parmi lesquels le président brésilien Lula.
Trois "poumons" planétaires, plus précieux que jamais à l’heure des inquiétudes climatiques. Une stratégie commune sera adopté lors du sommet, garantit le président congolais, " mais aussi pour obtenir des contreparties du reste du monde afin d’assurer le développement des pays qui protègent ce bien commun".
"Pas de prisonniers politiques"
"Il n’y a pas de prisonniers politiques en République du Congo, assure le président congolais au sujet des généraux Jean - Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa , deux anciens candidats à l'élection présidentielle de mars 2016, condamnés à vingt ans de prison.
Le président congolais aurait perçu 17 millions de dollars de fonds détournés par société pétrolière Orion Oil, selon une enquête détaillée par le quotidien Libération. "Les médias français sont habitués à ce genre d’agressions" regrette Denis Sassou-Nguesso , ajoutant que Paris se permet de "gérer toutes les affaires congolaises via sa Justice"
"Tout est permis en France dès qu’il s’agit de salir les autorités d'Afrique", commente le président, réagissant à un énième épisode de l’enquête sur des soupçons de "biens mal acquis", impliquant la saisie d'un hôtel particulier, à Neuilly-sur-Seine, et attribué à son fils et ministre Denis Christel Sassou-Nguesso.
Ce dernier est pressenti par nombre d'observateurs comme le successeur de son père à la tête du pays également connu comme le Congo-Brazzaville. " Je n’ai jamais fait de déclarations de ce genre", commente sobrement Denis Sassou-Nguesso.
La révision de la Constitution congolaise permet au président de se présenter à sa propre succession en 2026. Est-ce là l'intention du président ? "Cette question n’est pas à l’ordre du jour" répond-il.