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UBS a accepté de racheter Credit Suisse pour trois milliards de francs suisses (3,04 milliards d'euros) rapporte dimanche le Financial Times. Récemment malmenée en Bourse, Credit Suisse compte parmi les 30 plus importantes banques du monde d'un point de vue systémique.

UBS a accepté de racheter Credit Suisse pour plus de trois milliards de francs suisses (3,04 milliards d'euros) rapporte, dimanche 19 mars, le Financial Times, citant des sources proches du dossier.

Pour mettre la main sur Credit Suisse, UBS déboursera plus de 0,50 franc suisse par action contre un cours de clôture vendredi de sa cible de 1,86 franc, précise le FT.

La Banque nationale suisse (BNS), la banque centrale du pays, a accepté de débloquer des liquidités pour 100 milliards de dollars en faveur de Credit Suisse dans le cadre de l'accord, ajoute le FT.

Sollicitées, les banques UBS et Credit Suisse n'ont pas souhaité commenter les informations du quotidien économique et financier britannique.

Selon des informations de presse, UBS proposait jusqu'ici un milliard de dollars maximum pour prendre le contrôle de son concurrent dans le cadre du plan imaginé par les autorités suisses pour tenter d'éviter des turbulences à la réouverture des marchés financiers lundi.

Malmenée en Bourse la semaine dernière après la décision de son principal actionnaire de remettre au pot, Credit Suisse compte parmi les 30 plus importantes banques du monde d'un point de vue systémique. Sa faillite provoquerait une onde de choc à travers l'ensemble du secteur financier mondial.

Crise bancaire : UBS va racheter Credit Suisse pour trois milliards de francs suisses

Empêcher une panique généralisée

Les présidents des deux géants bancaires Colm Kelleher pour UBS et Axel Lehmann pour Credit Suisse, participent à une conférence de presse du président de la Confédération Alain Berset, à partir de 18 h 30 GMT.

Marlene Amstad, présidente du gendarme des marchés financiers et Thomas Jordan, le patron de la banque centrale sont aussi présents.

Selon le quotidien financier britannique, UBS a accepté de doubler le montant initialement proposé pour surmonter les réticences de Credit Suisse et de l'un de ses principaux actionnaires.

La transaction se ferait uniquement en actions UBS et valoriserait l'action Credit Suisse à un prix de 50 centimes, au lieu des 25 initialement proposés, qui reste très inférieur au cours du titre vendredi à la clôture (1,86 franc).

La transaction a été examinée à Berne par le gouvernement fédéral, déjà réuni d'urgence jeudi et samedi. 

La fusion entre ces géants, qui font tous deux partie du club très fermé des 30 établissements bancaires trop importants pour faire faillite, devrait donc être bouclée et annoncée à temps pour l'ouverture des marchés asiatiques.

L'espoir étant que cela puisse suffire à empêcher une panique généralisée.

Course vers l'abîme

Le secteur bancaire est sous tension depuis que les grandes banques centrales ont augmenté fortement leurs taux afin d'essayer de maîtriser l'inflation. Nombre d'établissements ont omis de se préparer après avoir eu accès, pendant des années, à de l'argent pas cher.

La récente faillite de la Silicon Valley Bank aux États-Unis et d'autres banques régionales américaines a augmenté l'angoisse des investisseurs et les a poussés à vendre les titres des banques considérées comme les maillons faibles.

C'est le cas du Credit Suisse qui depuis 2 ans va de scandales retentissants en revers.

Et malgré les efforts de sa direction pour vanter un plan de restructuration sur trois ans, rien n'y a fait. Les investisseurs ont voté avec leurs pieds et l'établissement zurichois a eu du mal à accéder des liquidités à des prix raisonnables.

Une bouée de sauvetage de 50 milliards de francs suisses lancée mercredi par la banque centrale suisse, après une journée noire en Bourse, n'a donné qu'un bref répit à la banque.

Les autorités de régulation et le gouvernement fédéral ont eu à faire à une pression immense des principaux partenaires économiques de la Suisse pour assainir la situation avant qu'elle ne contamine le monde entier.

Selon le Financial Times et Blick, les clients de la banque ont retiré 10 milliards de francs suisses en une seule journée en fin de semaine dernière.

Garanties

Selon l'agence Bloomberg, UBS exige que les pouvoirs publics prennent en charge des frais légaux et des pertes potentielles qui peuvent se chiffrer en milliards de francs.

Samedi, les discussions butaient sur l'activité banque d'investissement, selon l'agence financière, un des scénarios à l'étude étant une reprise uniquement de la gestion d'actifs et de fortune avec une cession de cette branche.

En revanche, UBS, qui a passé plusieurs années à se redresser après le choc de la crise financière de 2008 et un sauvetage massif de l'Etat, commence à récolter les fruits de ses efforts et il a fallu énormément d'efforts des autorités pour que la direction de la banque accepte d'endosser l'habit du sauveur.

La Commission de la concurrence pourrait également sourciller selon la configuration du rachat.

Les discussions portent aussi sur le sort à réserver à la branche helvétique de Credit Suisse, un des pans profitables du groupe qui a perdu 7,3 milliards de francs suisses l'année dernière et table encore sur des pertes "substantielles" en 2023.

Cette branche rassemble la banque de détail et les crédits aux PME. Une des pistes envisagées par les analystes est celle d'une introduction en Bourse, qui pourrait limiter les licenciements en Suisse en raison des doublons avec les activités d'UBS. 

Dimanche, le syndicat des employés de banques en Suisse a "exigé" la participation des partenaires sociaux aux discussions, compte tenu des enjeux "énormes" pour l'emploi.

"Et quand la Bourse ouvrira lundi le Credit Suisse pourrait appartenir au passé", prédisait le tabloïd Blick.

Avec AFP et Reuters