Les stars des sports d'hiver s'inquiètent de l'impact du réchauffement climatique sur leurs disciplines et s'adaptent déjà face aux conséquences.
Aux premières loges du réchauffement climatique, le monde du ski s'interroge sur la pérennité de sa discipline qui affecte au quotidien les compétitions sportives hivernales, alors que les athlètes sont forcés à composer avec la raréfaction de la neige.
Aux Championnats du monde de ski alpin à Courchevel/Méribel, des stars comme Mikaela Shiffrin ont appelé leur fédération internationale à faire plus d'efforts en faveur de l'environnement. Malgré les pistes enneigées de la quinzaine, ils n'ont pas oublié les températures élevées qui avaient sévi en Europe entre mi-décembre et mi-janvier, un épisode climatique extrême qui avait privé de neige une partie des Alpes et conduit à l'annulation de plusieurs compétitions, en ski alpin notamment.
Comment s'entraîner avec la raréfaction de la neige ?
Les équipes, qui doivent déjà changer leurs habitudes l'été où des glaciers européens déclinants ne permettent plus la pratique du ski comme autrefois, s'adaptent aussi en plein hiver. Lorsque les chutes de neige sont rares et que la production d'or blanc est impossible faute de froid, les stations parviennent parfois à sauver une piste de compétition, mais rien de plus.
"Dans des conditions difficiles, les skieuses n'ont pas eu de piste d'échauffement à Zagreb (pour un premier slalom en janvier) et à Kranjska Gora (Slovénie). Elles doivent être prêtes à s'échauffer en baskets avant de se balancer dans les tracés. À l'entraînement, on les prépare en faisant des manches avec peu d'échauffement", explique le directeur de l'équipe de France féminine de ski alpin, Lionel Pellicier.
"À Garmisch (Allemagne, début janvier) on pouvait s'entraîner le matin à 08 h 30 quand il faisait froid, mais plus ensuite alors que la course était en nocturne," raconte le champion olympique du slalom Clément Noël. "Il n'y avait pas de piste d'échauffement. On faisait juste trois ou quatre virages pendant la reconnaissance du tracé."
"Ça fait prendre conscience de l'évolution du climat"
"Ça fait prendre conscience de l'évolution du climat. Il faut prendre conscience du fait que ces périodes sont amenées à se répéter", note le Vosgien.
Face à un hiver qui ne venait pas, certains biathlètes, dont le quintuple médaillé olympique 2022 Quentin Fillon Maillet, ont dû rechausser les skis roues à Noël, ce qui mine aussi le moral, au-delà de considérations techniques.
"Ça ressemble aux mois d'automne plutôt qu'à une période de l'hiver où on a l'habitude d'aller chercher les belles pistes de ski. Mentalement, ces deux semaines (fin décembre) ont été un peu déprimantes, raconte QFM. Ce n'était vraiment pas l'atmosphère que j'attendais, j'avais besoin de me ressourcer, en plus je suis tombé malade."
"Depuis que je fais du biathlon à haut niveau, j'avais toujours eu un bout de piste, au moins correcte, ne serait-ce que 1,5 km. Cette année, c'était impossible de skier nulle part dans le Jura, poursuit-il. Les skis roues, c'est la solution parfaite pour l'été, pour ne pas faire des voyages à l'autre bout du monde. Mais quand on les ressort l'hiver, c'est morose."
"Un biathlète peut pratiquer son sport quatre mois dans l'année et souvent, il est restreint autour d'un pas de tir, de petites boucles. Il y a deux belles périodes pour faire du ski libre, de la distance sur de la bonne neige, et se régénérer mentalement, c'est à Noël et avant les mondiaux (fin janvier-début février). Ce sont des séances plaisir, qu'on ne peut pas faire l'été, dans un super décor, où on profite du paysage, explique l'entraîneur des Bleus du biathlon Vincent Vittoz. Mentalement, ça n'a rien à voir." "C'est un gros bol d'air, ça permet de sentir l'hiver aussi, au fond de soi, ces séances-là ont manqué", estime-t-il.
"Le changement climatique complexifie notre travail"
Outre l'image catastrophique de bandes blanches au milieu de la verdure, comme à Adelboden (Suisse) début janvier, skieurs et techniciens, attentifs au moindre détail, doivent apprendre à adapter leur matériel à une neige qui peut changer très rapidement.
"Le changement climatique complexifie notre travail, souligne Stéphane Quittet, entraîneur du champion du monde du combiné Alexis Pinturault. Il y a quelques années, les conditions étaient en moyenne plus stables, avec les mêmes types de neige. C'était moins le casse-tête qu'aujourd'hui. Le type de neige change plus rapidement, avec des variations fortes plus régulières, parfois sur une même journée. Pour quelqu'un comme Alexis qui dispute trois ou quatre disciplines, c'est plus difficile que pour les autres."
Après une semaine de beau temps et de froid, les températures sont annoncées à la hausse aux mondiaux de ski alpin avec des pointes à 10 degrés en station. Les skieurs sont prévenus, et désormais habitués.
Avec AFP