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Moscou menace Kiev de couper le gaz mais rassure l'Europe

Si Kiev ne paie pas ses dettes d'ici au 1er janvier, le géant russe Gazprom se déclare prêt à couper ses livraisons à l'Ukraine, mais en respectant l'approvisionnement européen. Dans ce pays transite 80 % du gaz destiné à l'Europe.

AFP - Le géant russe Gazprom a répété mercredi qu'il cesserait ses livraisons à l'Ukraine, pays clé pour le transit vers l'Europe, au 1er janvier si Kiev ne payait pas ses dettes d'ici là, mais a assuré qu'il remplirait ses engagements envers l'Europe.

"La situation n'est pas simple, elle est même critique", a déclaré le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, lors d'une conférence de presse.

Faute de règlement de la dette, il n'y aura pas de contrat de livraison à l'Ukraine en 2009, a-t-il rappelé. "Et s'il n'y pas de contrat en 2009, nous ne livrerons pas de gaz", a-t-il souligné, "sans contrat, nous ne pourrons pas livrer de gaz".

Cependant, "nous livrerons l'intégralité du volume de gaz destiné au transit et remplirons toutes nos obligations envers les consommateurs européens", a ajouté M. Kouprianov.

Cet engagement ne garantit toutefois pas que les livraisons de gaz russe à l'Europe transitant par l'Ukraine --soit 80% du total-- ne soient pas perturbées.

Mais contrairement à janvier 2006, où une crise similaire s'est produite, Gazprom se veut optimiste et dit ne pas s'attendre à ce que Kiev prélève du gaz passant par son territoire.

M. Kouprianov a noté que l'Ukraine avait désormais une obligation contractuelle d'assurer le transit du gaz vers l'Europe: "Cette obligation existe, elle est sans condition et n'est pas liée au contrat de livraisons de gaz à l'Ukraine", a-t-il affirmé.

Le porte-parole de Gazprom a aussi relevé que les "réservoirs" de gaz en Ukraine étaient pleins, après le stockage de volumes en été, et que dès lors le pays n'aurait pas de problèmes à affronter l'hiver.

Et contrairement à l'hiver 2005-2006, M. Kouprianov a prédit que l'Europe ne volerait pas au secours de l'Ukraine, pays présenté à l'époque comme la victime de la Russie qui punissait Kiev pour sa politique pro-occidentale.

"Nos partenaires européens reconnaissent que la situation est claire, que la dette doit être payée", a dit M. Kouprianov.

Gazprom réclame à l'Ukraine le paiement, d'ici au 31 décembre, de 805,8 millions de dollars au titre des livraisons pour novembre et 862,3 millions de dollars au titre de décembre, plus des pénalités de 450 millions de dollars, a-t-il précisé.

"On nous a dit assez clairement qu'on ne nous paierait pas", a expliqué le porte-parole, ajoutant que les propositions ukrainiennes de règlement du conflit était "inacceptables".

Le géant russe a rejeté la proposition du président ukrainien Viktor Iouchtchenko de lui rendre du gaz acquis en été et stocké dans ses réservoirs souterrains en remboursement de sa dette gazière.

"La restitution n'est pas prévue par le contrat", a souligné M. Kouprianov. "Même chez Ikea, le délai de restitution est d'un mois", a-t-il ironisé.