Enseignants, cheminots, fonctionnaires, conférenciers d'universités… Jusqu'à un demi-million de personnes pourraient faire grève mercredi au Royaume-Uni pour réclamer des hausses de salaires alors que les Britanniques doivent faire face à une importante crise du coût de la vie.
Une journée de grève historique : le Royaume-Uni se prépare mercredi 1er février à une nouvelle journée d'actions, la plus importante en une décennie, dans un pays en proie à une crise économique attisée par l'inflation.
Jusqu'à un demi-million de personnes pourraient débrayer mercredi, à la veille de la date marquant les cent premiers jours agités du gouvernement conservateur de Rishi Sunak. La fédération syndicale TUC a prévenu que ce serait "la plus grosse journée de grèves depuis 2011".
Les perturbations seront fortes, à la fois dans les transports et les écoles, mais concerneront toute l'économie, par effet domino pour des Britanniques, même non grévistes, forcés de rester chez eux pour garder leurs enfants ou par impossibilité de se rendre sur leur lieu de travail.
Les voyageurs transitant par les aéroports britanniques risquent aussi de voir leurs déplacements bousculés par une grève d'employés des services de l'immigration.
"Je n'aimerais vraiment rien tant […] qu'avoir une baguette magique et vous payer tous plus", avait assuré lundi le Premier ministre Rishi Sunak lors d'une visite à des travailleurs du secteur de la santé, qui prévoient de poursuivre leurs actions dans les prochains jours.
Mais selon lui, des hausses de salaires alimenteraient l'inflation et dégraderaient les finances publiques, déjà détériorées depuis la pandémie et la crise énergétique.
De l'autre côté de la Manche mardi, grèves et manifestations ont de nouveau eu lieu en France, principalement contre la réforme contestée des retraites.
Une inflation qui dépasse les 10 %
Au Royaume-Uni, quelque 23 000 écoles devraient subir des perturbations mercredi lors d'une première journée sur sept de débrayage prévues par le syndicat d'enseignants NEU.
Pour maximiser l'impact de leur mouvement, les représentants d'enseignants ont estimé qu'il était "tout à fait approprié" que professeurs ou instituteurs ne dévoilent pas leurs intentions à l'avance aux dirigeants des établissements.
"Le gouvernement se refuse à discuter des causes de la grève", ont dénoncé les secrétaires du NEU, Mary Bousted et Kevin Courtney, dans un communiqué.
Selon eux, le manque de revalorisation des salaires entraîne des problèmes de recrutement et de rétention du personnel, ce qui "perturbe chaque jour l'éducation des enfants".
Les grévistes à travers les différents secteurs demandent en priorité des salaires en ligne avec l'inflation, qui atteint 10,5 % au Royaume-Uni et ronge les revenus disponibles, poussant des millions de Britanniques dans la pauvreté.
Et selon les dernières prévisions du FMI, le pays va être cette année la seule économie majeure à subir une récession, avec une contraction de 0,6 % de son PIB.
Nouveau débrayage dans le rail prévu vendredi
Le bras de fer porte aussi sur les conditions de travail, sur les retraites ou la volonté du gouvernement de limiter le droit de grève.
Le mouvement dure depuis le printemps. Sur le seul mois de novembre, l'Office national des statistiques (ONS) a compté 467 000 journées de travail perdues en raison des conflits sociaux, un record depuis 2011, quand près d'un million de journées de grèves cumulées avaient été comptabilisées.
Depuis juin 2022, 1,6 million de jours de travail ont été "perdus", poursuit l'institut statistique.
Le syndicat du rail TSSA a toutefois donné l'espoir d'une avancée, indiquant dans un communiqué mardi avoir reçu "deux offres formelles" plus consistantes que les précédentes, qui sont à présent à l'étude par son comité exécutif.
En attendant, un nouveau débrayage dans le rail est prévu dès vendredi, tandis que les pompiers ont voté en faveur d'une première grève en vingt ans.
Avec AFP