Le ministre émirati de l'Industrie, Sultan Ahmed al-Jaber, également chef de la principale compagnie pétrolière nationale du pays, a été désigné jeudi président de la conférence de l'ONU sur le climat prévue cette année dans le riche pays du Golfe. Une décision jugée scandaleuse par nombre de défenseurs de l'environnement.
C'est une nomination qui suscite de vives critiques parmi les militants écologistes. Le PDG de la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis a été désigné, jeudi 12 janvier, président de la conférence de l'ONU sur le climat prévue cette année dans le riche pays du Golfe.
Le ministre émirati de l'Industrie, chef du géant pétrolier ADNOC (Abu Dhabi National Oil Company) et envoyé spécial pour le changement climatique, Sultan Ahmed al-Jaber, sera le premier PDG à présider une COP, selon un communiqué publié jeudi par l'agence de presse officielle WAM.
"Nous apporterons une approche pragmatique, réaliste et axée sur les solutions", a affirmé Sultan Ahmed al-Jaber, cité dans le communiqué. "L'action climatique est une immense opportunité économique d'investissement dans la croissance durable. Le financement est la clé", a-t-il ajouté.
Le ministre émirati dirige la compagnie pétrolière nationale depuis 2016 mais aussi Masdar, l'entreprise émiratie d'énergies renouvelables. Sa double casquette lui vaut toutefois des critiques de la part des militants de l'environnement.
"La nomination de Sultan Ahmed al-Jaber à la présidence de la COP28, alors qu'il occupe le poste de PDG de la compagnie pétrolière nationale d'Abu Dhabi constitue un conflit d'intérêts scandaleux", a réagi Harjeet Singh, de l'organisation Climate Action Network International.
"La menace constante des lobbyistes des combustibles fossiles lors des négociations climatiques de l'ONU a toujours affaibli les résultats de la conférence sur le climat, mais cette situation atteint un autre niveau dangereux et sans précédent.", a-t-il ajouté.
Les lobbyistes du secteur pétrolier et gazier étaient venus en force à la COP27 organisée en novembre en Égypte, 25 % plus nombreux que lors de la COP précédente à Glasgow, selon les associations.
Diversification énergétique et sortie graduelle des hydrocarbures
Le plus gros contingent venait des Émirats arabes unis, suivi de la Russie. Cette édition avait permis l'adoption d'une résolution sur l'indemnisation des pays les plus pauvres pour les dégâts causés par le changement climatique.
Mais elle n'avait pas réussi à faire progresser la réduction des émissions de gaz à effet de serre, pour maintenir l'objectif de limiter le réchauffement de la planète. Et la question d'une moindre utilisation des énergies fossiles est à peine mentionnée dans les textes.
Les Émirats arabes unis, qui figurent parmi les principaux exportateurs de pétrole au monde, plaident pour une sortie graduelle des hydrocarbures, et se sont engagés à atteindre la neutralité carbone en 2050.
Le pays désertique de 10 millions d'habitants, dont 90 % d'expatriés, a connu, grâce au pétrole, une croissance fulgurante depuis les années 1970, mais son économie s'est progressivement diversifiée.
"Limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius nécessitera des réductions significatives des émissions, une approche pragmatique, pratique et réaliste de la transition énergétique et une aide accrue aux économies émergentes", affirme le communiqué publié jeudi, en référence à l'objectif fixé lors des précédents sommets de la COP.
Le réchauffement climatique est un sujet particulièrement important pour les pays du Golfe où les températures frôlent parfois les 50 degrés en été.
Selon une étude publiée en 2021, certaines régions pourraient devenir invivables d'ici la fin du siècle. La COP28 se tiendra à Dubaï en novembre et décembre.
Avec AFP