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Un trio de passionnés a décidé de faire revivre le Minitel en le connectant au Wi-Fi, permettant d'avoir accès à une version actualisée des services apparus dans les foyers français il y a une quarantaine d'années. Tout comme de rendre hommage à l'ingénieur français Louis Pouzin, un des pionniers de la commutation par paquets, qui a davantage été pris au sérieux outre-Atlantique que dans son propre pays.

Oui, il est possible de donner une seconde vie à votre bon vieux Minitel. Cécile Adam et Pascale Moise, deux passionnées de télématique, accompagnées de l'ingénieur Olivier Mével – qui a déjà fait revivre une autre invention française, le lapin communicant Nabaztag –, ont mis au point MiniMit, un dispositif qui permet de raccorder le boîtier au Wi-Fi.

Une fois connecté, le Minitel vous donne accès à une version actualisée du jeu vidéo Pong, de la météo, tout comme à des services liés à l’éducation. Après tout, le 3614 Ravel n'était-il pas un ancêtre de Parcoursup ? Le 3615 Ulla est également de retour, mais sous forme de chatbot, c’est-à-dire avec un agent conversationnel, et prend le nom de 3615 Eliza. Le chatbot proposé dans ce Minitel connecté a été développé en 1964 par Joseph Weizenbaum, du MIT : Eliza simule en effet un psychothérapeute rogerien dont la pratique consiste essentiellement à reformuler les mots prononcés par le patient. Bonne nouvelle : si l'affichage est toujours aussi lent qu'il y a 40 ans, ces services ne seront pas facturés 12 centimes à la connexion, puis 37 à la minute…

Replonger dans les choix industriels des années 1970 nous rappelle un épisode narré par l'écrivain Éric Reinhardt dans son livre "Comédies françaises" (éd. Gallimard). Le romancier, qui a enquêté sur cette époque, raconte comment un polytechnicien français, Louis Pouzin, a été, avec la mise au point du réseau Cyclades et l'utilisation du datagramme, un pionnier de la commutation par paquets. Ce système a été repris ensuite par les chercheurs américains Robert Kahn et Vinton Cerf pour créer le protocole TCP/IP sur lequel fonctionne toujours Internet. Une piste dont les Américains ont bien mieux saisi le potentiel que la classe dirigeante française, en mettant au point Internet – quand la France se satisfaisait du Minitel. Ce qui a conféré aux États-Unis la suprématie technologique dont ils bénéficient depuis ces 25 dernières années.