Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont adopté des sanctions contre la police des mœurs et onze dirigeants iraniens, dont le ministre des Technologies de l'information et des Communications, impliqués dans la répression des manifestations en cours dans le pays et déclenchées par la mort de la jeune Mahsa Amini. Ils feront l'objet d'une interdiction de visa et d'un gel des avoirs de la part de l'UE.
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) ont adopté, lundi 17 octobre, des sanctions contre la police des mœurs et onze dirigeants iraniens impliqués dans la répression des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini.
La liste des sanctions, publiée au Journal officiel de l'UE, inclut 11 responsables iraniens, dont le ministre des Technologies de l'information et des Communications, Issa Zarepour, et quatre entités, dont la police des mœurs.
Ils feront l'objet d'une interdiction de visa et d'un gel des avoirs de la part de l'UE.
Cette liste, qui avait été approuvée la semaine dernière par les ambassadeurs de l'UE à Bruxelles, comprend aussi le chef de la police des mœurs iranienne, Mohammad Rostami Cheshmeh Gachi.
"Injustifiable et inacceptable"
Le terme "police des mœurs (...) n'est pas vraiment approprié quand on voit les crimes qui sont commis là-bas", a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, à Luxembourg, où étaient réunis lundi les chefs de la diplomatie des Vingt-Sept.
La liste a été établie avant l'incendie à la prison d'Evine à Téhéran qui a fait huit morts et des dizaines de blessés. Des prisonniers politiques iraniens ainsi que des étrangers sont détenus dans cet établissement, dont l'universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah et l'Américain Siamak Namazi, qui sont en sécurité.
Fin septembre, l'Union européenne avait jugé "injustifiable et inacceptable" l'usage "généralisé et disproportionné de la force" contre les manifestants en Iran après la mort de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne de 22 ans qui était détenue par la police des mœurs pour infraction au code vestimentaire imposant notamment le port du voiles aux femmes.
122 morts dans la répression
Son décès a déclenché un vaste mouvement de contestation contre le régime des mollahs, dont des Iraniennes, beaucoup tête nue, ont été à l'avant-garde. Plus de 120 manifestants ont été tués dans la répression des manifestations selon un nouveau bilan lundi de l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo.
Un précédent bilan de même source faisait état d'au moins 108 morts dans ces protestations.
Selon un décompte de l'ONG dans plusieurs villes du pays, 122 personnes ont péri dans la répression de ces manifestations. Par ailleurs, la ville de Zahedan, dans la province du Sistan-Baloutchistan (sud-est), a été touchée par plusieurs jours de violences déclenchées le 30 septembre lors de manifestations contre le viol d'une jeune fille imputé à un policier, qui ont fait au moins 93 morts selon l'IHR.
Parmi les morts dans les protestations liées à Masha Amini et les violences à Zahedan figurent 27 enfants, a indiqué l'IHR lundi.
"Lorsque nous voyons ces terribles images de l'incendie de la prison, lorsque nous voyons que des personnes pacifiques, des femmes, des hommes et, de plus en plus, des jeunes et des écoliers continuent d'être brutalement battus, nous ne pouvons pas et ne voulons pas fermer les yeux sur cette situation", a déclaré Annalena Baerbock.
Son homologue suédoise, Anne Linde, a déclaré que les sanctions visaient "les responsables de la répression des manifestations pacifiques et surtout du meurtre de plusieurs femmes".
Les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada ont déjà annoncé leurs propres sanctions contre l'Iran pour ces violations des droits humains.
Téhéran, qui a accusé Washington de fomenter ces manifestations, a averti lundi qu'il réagirait "immédiatement" aux sanctions. "S'ils imposent de nouvelles sanctions, cela sera définitivement un acte non constructif et irrationnel", a averti le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, lors d'une conférence de presse à Téhéran.
Avec AFP et Reuters