De nouvelles manifestations ont eu lieu, dimanche en Iran, dans le sillage du mouvement de contestation du pouvoir, déclenché après la mort de Mahsa Amini. La veille, un incendie dans la prison d'Evine, à Téhéran, avait fait quatre morts et 61 blessés, selon les médias officiels.
Les manifestations antigouvernementales déclenchées par la mort de Mahsa Amini se sont poursuivies, dimanche 16 octobre, notamment dans plusieurs universités, au lendemain d'un incendie dans la prison d'Evine à Téhéran, qui a fait quatre morts et 61 blessés parmi les détenus, selon les médias officiels.
D'après les autorités iraniennes, un atelier a été incendié "à la suite d'une bataille entre un certain nombre de prisonniers condamnés pour des délits financiers et des vols".
Les images diffusées dimanche montrent des pompiers inspectant un atelier endommagé par les flammes. On peut aussi voir des détenus dans leurs cellules "dormir tandis que le calme a été rétabli".
La télévision d'État iranienne a diffusé dimanche des images semblant montrer que le calme était revenu dans la prison.
Par ailleurs, des vidéos obtenues par Reuters montrent des manifestants marcher au milieu de la circulation en direction de la prison d'Evine, samedi soir et dimanche, à l'aube.
Cet établissement est connu pour détenir des prisonniers de droit commun mais aussi des personnes considérées comme des prisonniers politiques par des organisations occidentales de défense des droits humains. Parmi ces personnes, figurent plusieurs Français, selon le Quai d'Orsay, dont l'anthropologue franco-iranienne Fariba Adelkhah.
Forte présence des forces anti-émeutes
Les manifestations se sont poursuivies dimanche dans plusieurs universités, notamment dans les villes de Tabriz et Rasht, tandis que des forces anti-émeutes ont été massivement déployées.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des étudiants d'une université de Téhéran scandant : "l'Iran s'est transformé en une grande prison. La prison d'Evine est devenue un abattoir". Reuters n'a pas pu vérifier ces images de manière indépendante.
"La France a suivi et continue de suivre avec la plus grande attention cette situation, en lien avec les familles de nos détenus", a déclaré le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué, en référence à cet incendie.
"Elle rappelle une nouvelle fois aux autorités iraniennes qu'elles sont responsables de la sécurité et de la santé de nos compatriotes détenus en Iran", a-t-il ajouté, en réitérant la demande de "libération immédiate" des Français détenus "arbitrairement" dans ce pays.
Les organisations de défense des droits humains estiment qu'au moins 240 manifestants, dont 32 mineurs, ont été tués dans la répression du mouvement de contestation né de la mort en détention de Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans arrêtée par la police des mœurs pour attitude inconvenante.
Plus de 8 000 personnes ont été arrêtées dans 111 villes, a rapporté samedi Hrana, un média proche de l'opposition.
Ebrahim Raïssi accuse Joe Biden d'"inciter au chaos"
L'Iran, qui attribue ces troubles à des ennemis de l'intérieur et des forces étrangères, dément que les forces de sécurité aient tué des manifestants. Les médias officiels ont rapporté samedi qu'au moins 26 membres des forces de sécurité avaient été tués par des "émeutiers".
Au cours d'un déplacement samedi dans l'Oregon, le président américain Joe Biden a salué le courage des manifestants en Iran et a dénoncé un régime iranien "si oppressif".
Le ministère iranien des Affaires étrangères a qualifié ces propos d'ingérence. Le président iranien Ebrahim Raïssi, de son côté, a déclaré que Joe Biden incitait "au chaos, à la terreur et à la destruction … (et) devrait se rappeler les paroles éternelles du fondateur de la République islamique qui a qualifié l'Amérique de grand Satan".
Avec Reuters