
Une prestigieuse université de Téhéran a fermé ses portes, lundi, suite à des protestations étudiantes survenues la veille contre la mort de Mahsa Amini et l'arrestation récente de camarades. Les manifestations ont été réprimées par la police. Alors que la mobilisation se poursuit sur les campus, le Guide suprême a accusé les États-Unis et Israël d'avoir fomenté les "émeutes" qui secouent le pays.
Les cours en présentiel ont été suspendus, à partir de lundi 3 octobre, dans la plus importante université scientifique d'Iran, après de violents incidents la veille au soir entre étudiants et forces de sécurité à Téhéran, a indiqué une agence locale.
"L'Université de technologie Sharif [ équivalent de Polytechnique en France ] a annoncé qu'en raison des événements récents et de la nécessité de protéger les étudiants (...), tous les cours se dérouleront virtuellement à partir de lundi", selon l'agence Mehr.
Selon cette agence, deux cents étudiants se sont rassemblés dimanche après-midi dans cette faculté et ont scandé des slogans hostiles au système religieux en vigueur en République islamique, ainsi que "Femme, vie, liberté" ou "Les étudiants préfèrent la mort à l'humiliation".
L'agence de presse Mehr indique que les étudiants protestaient contre le meurtre de Mahsa Amini et l'arrestation d'étudiants interpellés lors des récentes manifestations, déclenchées le 16 septembre par la mort de la jeune femme de 22 ans.
Des étudiants ciblés avec des billes d'acier
Les policiers ont tiré au paintball, des billes d'acier ainsi que des gaz lacrymogènes. Des forces de sécurité en civil et des policiers étaient stationnés, dimanche soir, devant l'entrée nord de l'université, selon l'agence.
Pour calmer la situation, le ministre des Sciences est entré à l'université pour parler avec les étudiants et entamé un dialogue avec les forces stationnées autour de l'établissement, a-t-on ajouté de même source.
L'ONG Iran Human Rights, basée à Oslo, a publié une vidéo montrant des policiers iraniens à moto poursuivant des étudiants en fuite dans un parking souterrain.
Security forces in uniform and plainclothes attacked student protesters at Tehran’s Sharif University of Technology today. #MahsaAmini #OpIran#مهسا_امینیpic.twitter.com/mTZIFBbdsA
— Iran Human Rights (IHR NGO) (@IHRights) October 2, 2022Dans une seconde vidéo les policiers emmènent des détenus dont la tête a été recouverte d'une cagoule de tissu noir.
A woman was filming the violent arrest of a protester whose top is pulled over his head as he’s taken away on a motorbike in Tehran when the arresting security forces point the gun at the camera and shoot.#MahsaAmini #OpIran#مهسا_امینیpic.twitter.com/geDQreHTul
— Iran Human Rights (IHR NGO) (@IHRights) October 2, 2022Dans d'autres séquences, on entend des coups de feu et des cris alors qu'un grand nombre de personnes courent dans une rue de nuit, des images que l'AFP n'a pas pu vérifiées.
A view from the north entrance of Sharif University of Technology as students are seen fleeing and chanting “death to Khamenei!”while shots are heard. Students protesters have been locked in for hours. #MahsaAmini #OpIran#مهسا_امینیpic.twitter.com/GXR2xE6JNm
— Iran Human Rights (IHR NGO) (@IHRights) October 2, 2022Le Centre pour les droits de l'Homme en Iran, un groupe basé à New York, s'est dit "extrêmement préoccupé par les vidéos provenant de l'Université Sharif et de Téhéran, montrant une répression violente des manifestations".
Le Guide suprême accuse les États-Unis et Israël
Une répression qui ne devraient pas cesser au vue des déclaration, lundi, du Guide suprême iranien. Ali Khamenei, silencieux depuis le premier jour de ces manifestations, a déclaré que les "émeutes" étaient fomentées par les États-Unis et Israël et non organisées par les "Iraniens ordinaires".
Le numéro un iranien a exprimé son soutien aux forces de sécurité, affirmant qu'elles avaient été victimes d'injustice pendant les manifestations. Les autorités iraniennes déplorent la mort de plusieurs agents des forces de l'ordre, dont cinq membres des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime, tués vendredi lors d'affrontements dans le sud-est du pays.
Ali Khamenei a, par ailleurs, qualifié la mort de Mahsa Amini d'"incident amer" qui lui a "profondément brisé le cœur".

Malgré la répression brutale contre les étudiants de l'université Sharif, les rassemblements de protestation se poursuivent dans plusieurs universités iraniennes, notamment à Ispahan, à Mashhad et à Babol, a rapporté le journaliste des Observateurs de France 24, Ershad Alijani.
Despite yesterday's brutal crackdown on students at Sharif University by Basij forces, protests at universities in Iran continue in several cities.⬇️ Isfahan University
video:@mamlekate #MahsaAmini pic.twitter.com/gibHl2it1A
Ferdosi University in Mashhad.
video:@mamlekate pic.twitter.com/z4xYyAq4Tw
Depuis le début des troubles, le 16 septembre, près de 90 manifestants ont été tués selon l'ONG IHR, et plus d'un millier arrêtés, dont des étudiants.
Vers de nouvelles sanctions américaines
Joe Biden a fait savoir lundi dans un communiqué que "cette semaine, les États-Unis infligeront de nouvelles sanctions aux auteurs de violences contre des manifestants pacifiques" en Iran. Le président américain se dit "gravement préoccupé par les informations sur la répression toujours plus violente contre des manifestants en Iran, y compris des étudiants et des femmes", et promet : "Les États-Unis sont aux côtés des femmes iraniennes et de tous les citoyens iraniens dont le courage est une inspiration pour le monde."
Avec AFP