Les bureaux de vote ont fermé en Italie, lors d'élections législatives qui devraient être marquées, selon les sondages, par une forte montée de l'extrême droite. La leader de Fratelli d'Italia, Giorgia Meloni, pourrait devenir la première femme à décrocher la présidence du Conseil des ministres, lors d'un scrutin à la participation plus faible qu'en 2018.
Le vote a commencé dimanche 25 septembre en Italie pour des élections législatives anticipées que la candidate d'extrême droite, Giorgia Meloni, et son parti, Fratelli d'Italia ("Frères d'Italie"), devraient remporter, ouvrant la voie pour la première fois à l'arrivée d'une femme à la présidence du Conseil des ministres.
Les bureaux de vote ont ouvert à 7 heures et fermeront à 23 heures, heure à laquelle les premiers sondages de sortie des urnes seront publiés.
L'affluence était d'environ 51 % à 19 h, soit un taux en baisse de 7 points par rapport à celui observé à la même heure lors des législatives de 2018. De nombreuses files d'attente se sont néanmoins formées devant les bureaux de vote dans diverses régions du pays.
"Je joue pour gagner, pas pour participer", a déclaré à la presse en allant voter Matteo Salvini, chef de la Ligue anti-immigrés, qui voit son parti "sur le podium : premier, deuxième, au pire troisième" à l'issue du scrutin.
"Je suis impatient de revenir à partir de demain au gouvernement de ce pays extraordinaire", a ajouté Matteo Salvini, qui était vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur dans le premier gouvernement de Giuseppe Conte (2018-2019).
Ont également voté dans la matinée le président de la République, Sergio Mattarella, et Enrico Letta, chef du Parti démocrate (PD, centre-gauche).
"La fête est finie" en Europe, prévient Giorgia Meloni
À seulement 45 ans, Giorgia Meloni, la cheffe du parti postfasciste Fratelli d'Italia, crédité de près d'un quart des voix dans les derniers sondages, est favorite pour prendre la tête d'un gouvernement de coalition au sein duquel l'extrême droite dominerait largement la droite classique.
Un séisme à l'échelle de l'Italie, pays fondateur de l'Europe et troisième économie de la zone euro, mais aussi de l'UE, qui devrait composer avec cette idéologue proche du Premier ministre hongrois Viktor Orban.
"En Europe, ils sont tous inquiets de voir Meloni au gouvernement (...). La fête est finie, l'Italie va commencer à défendre ses intérêts nationaux", a-t-elle mis en garde durant sa campagne.
Cette ex-fan de Mussolini, dont la devise est "Dieu, patrie, famille", a réussi à dédiaboliser son parti et catalyser sur son nom les mécontentements et frustrations de ses compatriotes en campant dans l'opposition alors que tous les autres partis soutenaient le gouvernement d'unité nationale de Mario Draghi.
Mais la messe n'est pas dite : "Imprévisibles, les élections se jouent sur l'émotion et au dernier moment", rappelle à l'AFP Emiliana De Blasio, professeure de sociologie à l'université Luiss de Rome, tout en soulignant le rôle-clé des indécis, estimés à 20 % environ, et l'importance du taux final de participation.
Les scores du Mouvement 5 Étoiles (M5S, ex-antisystème), crédité d'avoir institué un revenu minimum pour les plus pauvres, et du Parti démocrate (PD, gauche), bien implanté localement, pourraient réserver des surprises, notamment dans le sud du pays.
De nombreux défis
Quel que soit le gouvernement issu des élections – qui ne prendra ses fonctions que fin octobre –, son chemin apparaît d'ores déjà semé d'embûches.
Il devra gérer la crise causée par la flambée des prix alors que l'Italie croule sous une dette égale à 150 % de son PIB, le ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce. Dans ce contexte, la manne du plan européen de relance post-pandémie, dont l'Italie est de loin la première bénéficiaire, sera indispensable pour maintenir à flot la péninsule.
"L'Italie ne peut pas se permettre de se priver de ces sommes d'argent", observe pour l'AFP l'historien Marc Lazar, qui juge donc "très limitée la marge de manœuvre de Meloni" sur l'économie. Celle-ci pourrait en revanche ferrailler contre Bruxelles aux côtés de Varsovie et Budapest "sur les questions de défense de l'intérêt national par rapport aux intérêts européens".
Comme la Française Marine Le Pen, Giorgia Meloni a finalement renoncé à sortir de l'euro, mais elle réclame une "révision des règles du Pacte de stabilité", suspendues en raison de la crise sanitaire, qui fixent un plafond de 3 % du PIB pour le déficit et de 60 % pour la dette.
Sur les questions de société, cette Romaine pur jus s'affiche ultraconservatrice : "Oui à la famille naturelle, non au lobby LGBT ! Oui à l'identité sexuelle, non à l'idéologie du genre ! Oui à la culture de la vie, non à l'abîme de la mort !", a clamé en juin celle qui promet aussi de se battre "contre l'islamisation de l'Europe".
Son arrivée au pouvoir se traduirait également par un cadenassage du pays, où débarquent chaque année des dizaines de milliers de migrants, une perspective qui inquiète les ONG secourant les embarcations fuyant la misère en Afrique.
Alors que l'instabilité gouvernementale de l'Italie est légendaire, les experts s'accordent déjà sur la courte espérance de vie de cette coalition où Giorgia Meloni aura fort à faire pour gérer ses encombrants alliés, que ce soit l'inusable Silvio Berlusconi ou le tribun antimigrants Matteo Salvini.
Avec AFP