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En visite à Kaboul, Robert Gates se veut rassurant sur le retrait américain

Une semaine après la décision prise par Barack Obama d'envoyer des renforts en Afghanistan, le secrétaire américain à la Défense effectue une visite impromptue à Kaboul. Il a promis que les États-Unis ne quitteront pas le pays du jour au lendemain.

REUTERS - Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, s'est voulu rassurant mardi à Kaboul, promettant que les Etats-Unis n'abandonneront pas brutalement l'Afghanistan et que le retrait des troupes alliées annoncé pour 2011 se fera d'une manière progressive sur plusieurs années.

Au cours d'une visite impromptue dans la capitale afghane, Gates a également adopté un ton plus conciliant sur le thème de la corruption au sein du gouvernement du président Hamid Karzaï.

Il a reconnu que la communauté internationale et les Etats-Unis eux-mêmes portaient une part de responsabilité dans ce problème en raison de la manière dont avait été gérée l'aide fournie au pays.

L'annonce, la semaine passée, par le président Barack Obama de l'envoi de 30.000 soldats supplémentaires était assortie de la condition d'un début de retrait des alliés dans les 18 mois.

Cette dernière disposition a provoqué l'inquiétude parmi les Afghans qui redoutent un retour des taliban chassés du pouvoir en 2001.

"Comme le président Obama et moi-même l'avons dit à plusieurs reprises, nous n'abandonnerons pas ce pays et cette région", a déclaré Robert Gates lors d'une conférence de presse en compagnie de Hamid Karzaï.

"Nous combattrons à vos côtés jusqu'à ce que les forces afghanes soient suffisamment nombreuses et fortes pour assurer elles-mêmes la sécurité de la nation", a-t-il poursuivi.

Le retrait qui doit commencer en juillet 2011 sera "progresif", il obéira à certaines conditions et pourrait prendre plusieurs années. "Que ce soit trois ans ou deux ans ou quatre ans, cela reste à déterminer", a-t-il expliqué.

Hamid Karzaï a répété que les forces afghanes pourraient être en mesure d'assurer la sécurité de l'ensemble du pays dans un délai de cinq années. Robert Gates a dit espérer que cet objectif puisse être atteint avant cette date.

Ministres "propres"

Les deux hommes ont reconnu que les forces afghanes pourraient avoir besoin d'un financement occidental pendant encore 15 ou 20 ans.

A Washington, le Pentagone a annoncé avoir pris les premières mesures nécessaires au déploiement de 16.000 soldats qui constituent une avant-garde des 30.000 hommes promis par Barack Obama.

Ce déploiement va presque doubler d'ici le printemps 2010 le nombre de "marines" américains présents dans le sud du pays, notamment dans les provinces de Helmand et de Kandahar, places fortes de la rébellion des taliban.

Dans une intervention programmée ce mardi au Congrès, le général Stanley McChrystal, chef des forces alliées en Afghanistan, a estimé que les renforts permettraient d'inverser la tendance sur le terrain en un an.

"Nous pouvons accomplir cette mission et nous l'accomplirons. L'an prochain à la même époque, il sera clair pour nous que les insurgés n'auront plus la main", a-t-il dit.

Le président Karzaï devrait dévoiler dans les jours à venir la composition de son nouveau gouvernement qui, espèrent ses alliés occidentaux, comportera des ministres "propres".

Mardi, le parquet afghan a annoncé à cet égard que le maire de Kaboul, Abdoul Ahad Sayebi, avait été condamné à une peine de quatre ans de prison pour abus de pouvoir. Mais l'entourage du maire a fait savoir qu'il travaillait normalement à son poste.

S'exprimant aux côtés de Gates, le président Karzaï a qualifié la corruption de "malaise qui affecte la société" et a estimé qu'il incombait aux Afghans "de la reduire au mieux de leurs capacités".

Le chef de l'Etat avait à plusieurs reprises paru exaspéré par les accusations portées contre son gouvernement, expliquant qu'une partie du fléau s'expliquait par une mauvaise gestion de l'aide somptuaire qui se deversait sous forme de contrats dans le pays.

"Le président Karzaï a pris la responsabilité de régler le problème dans les limites qui concernent les Afghans. Nous devons, nous, faire ce qu'il convient pour limiter les comportements frauduleux", a dit Gates.

A propos du futur gouvernement, le secrétaire à la Défense a ajouté: "Nous regarderons tous de près les nominations qui vont être faites. C'est important pour nous, pour le succès de tous, y compris des Afghans, qu'il y ait des ministres capables et honnêtes dans les secteurs qui nous concernent".

A Washington, le général Stanley McChrystal, commandant en chef des forces américaines et alliées en Afghanistan, ainsi que l'ambassadeur des Etats-Unis à Kaboul, Karl Einkenberry, déposeront mardi soir devant le Congrès à propos de la nouvelle stratégie américaine.