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Israël arrête des membres du Jihad islamique en Cisjordanie et lance "une semaine" de raids sur Gaza

L'armée israélienne a annoncé samedi se préparer à "une semaine" de raids sur la bande de Gaza, où les échanges de tirs avec le Jihad islamique ont déjà fait plus d'une dizaine de morts côté palestinien. En Cisjordanie, 19 membres du Jihad islamique ont également été arrêtés.

Le regain de tension fait craindre une escalade. Les forces israéliennes ont durci leur offensive contre le groupe Jihad islamique en annonçant l'arrestation samedi 6 août en Cisjordanie de 19 membres de celui qui est l'un des principaux groupes armés palestinien, après avoir lancé de nouvelles frappes sur la bande de Gaza.

En représailles aux frappes israéliennes, des sirènes d'alerte ont retenti dans la métropole israélienne de Tel-Aviv, une première depuis cette nouvelle flambée de violences ayant débuté vendredi 5 août. Jusqu'à présent, les sirènes avaient retenti dans des localités proches de Gaza, enclave d'où le Jihad islamique tire des roquettes en riposte aux frappes de l'armée israélienne.

Celles-ci ont fait 15 morts, dont une fillette de cinq ans, et 140 blessés, d'après les autorités de Gaza. Israël assure pourtant que les victimes sont des combattants du Jihad islamique, dont un commandant en chef, Tayssir Al-Jabari, car l'armée israélienne dit viser des sites appartenant au groupe.

Israël arrête des membres du Jihad islamique en Cisjordanie et lance "une semaine" de raids sur Gaza

La branche armée du groupe palestinien, les brigades Al-Qods, a confirmé dans un communiqué avoir tiré "un important barrage de roquettes" vers les villes israéliennes de Tel-Aviv, Ashkelon, Ashdod et Sderot.

D'après un responsable israélien, environ 400 projectiles - roquettes et obus de mortiers - ont été lancés ces dernières 24h. La plupart ont été interceptés par le bouclier antimissile, a indiqué l'armée et deux personnes ont été légèrement blessées par des éclats d'obus, selon les services de secours.

"Pas de négociations en vue d'un cessez-le-feu"

"La bataille n'en est qu'à ses débuts", a affirmé dans un communiqué Mohammed Al-Hindi, un responsable du Jihad islamique.

Peu avant, des sources égyptiennes ont pourtant indiqué à l'AFP que Le Caire, intermédiaire historique entre Israël et les groupes armés de Gaza, s'efforçait d'établir une médiation. Lors d'un discours, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a affirmé travailler "sans relâche" pour ramener le calme.

Un porte-parole militaire israélien a lui assuré que l'armée se préparait "à une opération d'une semaine" et "ne menait pas actuellement de négociations en vue d'un cessez-le-feu". L'armée israélienne a indiqué vendredi que le ministre de la Défense, Benny Gantz, avait approuvé la mobilisation de 25.000 réservistes après les frappes.

Les Gazaouïs terrés chez eux toute la journée sans électricité et craignant de nouvelles frappes

Cette nouvelle escalade, la pire entre les deux ennemis depuis une guerre éclair l'an dernier, a déjà privé la petite langue de terre coincée entre l'Égypte, la Méditerranée et Israël et ses 2,3 millions d'habitants de leur unique centrale électrique.

Elle "a cessé (de fonctionner) en raison d'une pénurie" de carburant, a indiqué samedi la compagnie d'électricité après que l'État hébreu, qui impose un blocus sur Gaza depuis 2007, a bouclé les passages frontaliers ces derniers jours, interrompant de fait les livraisons de diesel.

En raison des coupures de courant, les heures à venir seront "cruciales et difficiles", a prévenu le ministère de la Santé à Gaza.

La coordinatrice des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) dans les Territoires palestiniens, Lynn Hastings, a appelé à permettre l'entrée dans l'enclave de "carburant, nourriture et fournitures médicales".

Dans la ville de Gaza, les habitants se sont terrés chez eux toute la journée, a constaté une journaliste de l'AFP.

L'Union européenne a appelé samedi les parties à faire preuve de la plus grande retenue afin d'éviter une nouvelle escalade et de nouvelles victimes.

"Si Israël a le droit de protéger sa population civile, tout doit être fait pour éviter un conflit plus large, qui toucherait avant tout les populations civiles des deux côtés et entraînerait davantage de victimes et de souffrances", indique dans un communiqué l'UE.

Le Hamas se tient à distance des affrontements mais pourrait riposter

C'est l'arrestation d'un chef du Jihad islamique en Cisjordanie en début de semaine qui a mené à cette nouvelle confrontation. Craignant des représailles, les autorités israéliennes ont affirmé lancer une "attaque préventive" à Gaza, micro-territoire gouverné par le mouvement islamiste Hamas et où le Jihad islamique est bien implanté.

Il s'agit de la pire confrontation entre l'État hébreu et des organisations armées de Gaza depuis la guerre de mai 2021 qui avait fait en onze jours 260 morts côté palestinien, parmi lesquels des combattants, et 14 morts en Israël, dont un soldat, d'après les autorités locales.

Après les premiers raids, l'organisation a accusé l'État hébreu d'avoir "déclenché une guerre".

Pour le Premier ministre israélien Yaïr Lapid, c'est une "opération de contreterrorisme précise contre une menace immédiate", celle du Jihad islamique, "un supplétif de l'Iran" voulant "tuer des Israéliens innocents".

Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique iranienne, ont menacé Israël de "payer un lourd tribut", assurant que les Palestiniens n'étaient "pas seuls".

En 2019, la mort d'un commandant du Jihad islamique dans une opération israélienne avait déjà donné lieu à plusieurs jours d'échanges de tirs meurtriers. Le Hamas, qui a combattu Israël lors de quatre guerres depuis sa prise du pouvoir en 2007, s'était lui tenu à distance.

Pour Jamal al-Fadi, professeur de sciences politiques à l'université Al-Azhar de Gaza, le Hamas ne veut pas "être entraîné dans une guerre totale" et "comme il ne s'implique pas", cette nouvelle flambée de violence devrait prendre fin "dans les jours à venir".

"Mais si davantage de civils sont tués, il se sentira obligé de riposter", souligne Mairav Zonszein, expert de l'International Crisis Group (ICG).

Avec AFP & Reuters