Au lendemain de l'attaque contre le capitaine Moussa Dadis Camara, blessé par balle par son aide de camp Aboubacar "Toumba" Diakité, la capitale guinéenne a été placée sous surveillance.
La sécurité a été renforcée, ce vendredi, à Conakry, au lendemain d’une tentative d’assassinat contre le chef de la junte militaire au pouvoir. Le capitaine Moussa Dadis Camara a été blessé par balle, jeudi, par son aide de camp, Aboubacar Diakité, dit "Toumba". Ce dernier aurait été placé en détention, selon des responsables de la junte, mais son entourage affirme qu'il est libre et qu'il se trouve "dans un lieu sûr".
Le ministre guinéen de la Communication, Idrissa Chérif, se veut rassurant sur l’état de santé du chef de la junte. "Monsieur Camara va bien. Nous sommes au camp Sayaya et le président est entré en conclave avec les dirigeants des différents chefs d'état major des différents corps d'armée", a-t-il affirmé sur l’antenne de FRANCE 24. Le Sénégal a envoyé un avion médicalisé à Conakry pour "emmener vers Dakar" Dadis Camara. Mais de source diplomatique, on assure qu'il se trouverait à bord d'un appareil à destination du Maroc.
"Ceux qui ont essayé d'attenter à la vie du chef de l'Etat seront poursuivis et seront mis devant la juridiction compétente de la république", prévient Idrissa Chérif, qui assure par ailleurs que le commandant Toumba a été arrêté. Un haut responsable de la police affirme que le tireur présumé aurait ouvert le feu sur Moussa Dadis Camara après avoir appris l'arrestation de plusieurs de ses soldats.
Dissensions au sein du pouvoir
Le différend entre les deux hommes pourrait être lié à l'enquête sur le massacre du 28 septembre. Ce jour-là, à Conakry, un rassemblement organisé pour protester contre la possible candidature de Moussa Dadis Camara à la présidentielle de janvier avait été dispersé dans le sang, faisant au moins 150 morts selon les opposants.
Plusieurs témoins accusent le commandant Toumba d’avoir donné l’ordre d’ouvrir le feu sur la foule ce jour-là. Selon un diplomate en poste à Conakry, Camara chercherait à faire accuser son ancien allié afin de se dégager de toute responsabilité dans la tuerie.
Cette tentative d'assassinat est l’illustration des dissensions qui règnent au sein de la junte au pouvoir en Guinée. Le capitaine Camara, qui avait pris le pouvoir il y a un an à la faveur d'un coup d'État sans effusion de sang, s’était engagé à ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Mais, depuis, l'homme fort de Conakry est revenu sur sa parole, provoquant la colère de l’opposition mais aussi de son propre camp.
Depuis le massacre de septembre, la communauté internationale fait, elle aussi, pression sur le leader guinéen. L’Union africaine et l’Union européenne ont pris des sanctions ciblées contre des membres de la junte au pouvoir.
De son côté, la junte joue l’apaisement. Dans un communiqué officiel, le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) appelle le peuple "au calme" et assurant que "la situation est à présent sous contrôle".