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Depuis 40 ans, le lac Tchad a rétréci comme peau de chagrin. D'une surface avoisinant les 25 000 km2 dans les années 60, il est passé à près de 3000 km2. Doit-on y voir l'effet du changement climatique ?

Vu d’en haut.

Les images satellites de la Nasa ne laissent pas de place au doute : entre 1973 et 1987, le lac Tchad s’est réduit comme peau de chagrin. D’une surface avoisinant les 25 000 km2 dans les années soixante, il n’en atteint aujourd’hui que près de 3000.
Entre ces deux images, que s’est-il passé ?
La communauté internationale, sur le point de se réunir à Copenhague, s’alarme. Beaucoup voient dans le phénomène le résultat du changement climatique.
Et, c’est un fait, les deux grandes vagues de sécheresse au des années 70 et 80, ont sans doute eu un fort impact sur le niveau de ce lac, à la frontière entre le Tchad, le Cameroun, le Nigéria et le Niger.
Mais peut-on pour autant prédire sa disparition ?
Il semblerait qu’en ce qui concerne le lac Tchad, faire un diagnostic est difficile, donner un pronostic plus difficile encore.
Car, vu d’en haut toujours, une autre image satellite de la Nasa, réalisée en 2007, donne à voir une stabilité du lac depuis 1987.
Faut-il y voir une accalmie ?
Ce n’est pas certain non plus. Car le niveau du lac dépend essentiellement de l’apport de deux fleuves, le Chari et le Logone, dont le niveau est fonction lui-même de la pluviométrie imprévisible de la zone sahélo-soudanienne….
Bref, rien de simple.
Et le problème se complique encore plus si l’on tente de faire la part des choses entre ce qui pourrait relever du réchauffement climatique, et ce qui est la conséquence de l’activité humaine.
Quel est exactement l’impact de la pression démographique, du développement de l’agriculture irriguée, de la surexploitation des ressources ?
Aucune étude scientifique n’a pour l’instant établi de conclusions précises sur tous ces aspects.
Vu d’en bas.
Les riverains, les pêcheurs, et les agriculteurs que nous rencontrons sur la partie tchadienne du lac, à Guitté, à Kinaserom, à Fitine ou encore à Bol, n’évoquent jamais le réchauffement climatique. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne le subissent pas.
Moins d’eau, moins de poissons, moins de ressources. Plus de réglementation, plus de tracas. Leur quotidien est devenu plus difficile. Mais ce qu’ils demandent, c’est une approche qui ne les oublie pas.
A l’heure actuelle, un projet envisage le détournement des eaux de l’Oubangui, au sud du lac, vers les fleuves Logone et Chari. Cet apport d’eau augmenterait leur débit, et contribuerait à accroître le niveau du lac Tchad.
Mais quelles seraient les conséquences d’une telle réalisation pour les populations qui vivent sur les rives, et sur le lac ?
Encore une question, pour l’instant sans réponse.