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Interrogé par France24.com, Zouber Terdeyet, président de l'agence de conseils en finance islamique Isla Invest, explique quelles pourraient être les conséquences des problèmes financiers de Dubaï World.

Est-ce qu’il vous semble opportun, comme certains médias commencent à le faire, de comparer la situation de Dubaï World avec la faillite de Lehmann Brothers en janvier 2008 ?

Zouber Terdeyet : Personne ne s’attendait vraiment à l’ampleur des problèmes de Dubaï World au même titre que la faillite de Lehmann Brothers a pris tout le monde par surprise. Autre similitude : les mensonges des institutions concernées. Le manque d'honnêteté des responsables dans la débâcle de Dubaï World ne va pas aider à redonner confiance dans les mécanismes du système financier. Ceci étant, de par son poids dans l’économie mondiale, la faillite de Lehmann Brothers a eu un retentissement que jamais une éventuelle faillite de Dubaï World pourrait avoir. Au pire, il pourrait s’agir du Lehmann Brothers de la finance islamique.

Qui va le plus pâtir des problèmes financiers de Dubaï World ?

Z.T. : Ceux qui sont le plus affectés par les dettes abyssales de Dubaï World sont les investisseurs russes et ceux d’Europe de l’Est qui voyaient en Dubaï un eldorado qui n’était pas très regardant sur l’origine des fonds. Cela fait plusieurs années que les investisseurs des pays du Golfe se sont peu à peu retirés de Dubaï car ils se disaient que la bulle ne pouvait pas durer éternellement. Donc, et c’est en ça que cette crise est plutôt une chance pour la finance islamique, elle n’affectera pas les petits épargnants comme cela a été le cas de la faillite de Lehmann Brothers. Et je ne vais sûrement pas plaindre le cheikh de Dubaï, Mohammad ben Rached al-Maktoum, ou des investisseurs chevronnés qui ont oublié d’être prudents.

Que révèle cette affaire sur l’état de la finance islamique aujourd’hui ?

Z.T. : Tout simplement qu’elle est soumise au même travers que la finance traditionnelle, c'est-à-dire la recherche du profit à tout prix. C’est en tout cas une bonne leçon pour la finance islamique car elle pousse ses responsables à se demander si c’est son rôle de financer des rêves exubérants dans une économie en crise. Certes, une banque islamique ne doit pas verser dans la charité mais elle doit s’interroger sur les retombées humaines, écologiques et sociales des projets qu’elle finance.

Est-ce que la finance islamique va ressortir fragilisée de cette crise à Dubaï ?

Z.T. : Il faut se souvenir que la finance islamique est bien plus jeune que son homologue traditionnel, donc bien plus facile à réformer. Mais sa jeunesse fait aussi qu’elle est plus fragile et il faut tirer les conséquences des difficultés de Dubaï World au plus vite.

Tags: Finance, Dubaï,