Emmanuel Macron est attendu pour sa première visite d'État après investiture en Allemagne. C'est là que se jouent beaucoup de grands dossiers européens et que la guerre en Ukraine est longuement discutée. Franziska Brantner, secrétaire d'État à l'Économie et au Climat en Allemagne état l'invitée de France 24 pour évoquer ces sujets. L'occasion de revenir sur l'amitié franco-allemande en ces temps compliqués pour l'Europe.
"Nous sommes heureux qu'il y ait une nouvelle chance pour la démocratie et pour l'Europe en France", dit-elle. "Ce qui est important pour nous, c'est que cette chance soit saisie par le président Macron. […] Ce qui m'intéresse, c'est que l'Allemagne et la France arrivent à renforcer l'UE, à créer cette souveraineté stratégique pour confronter les dangers de ce monde. Pour moi la question n'est pas 'qui est le plus fort ?', mais 'est ce qu'on arrive ensemble à résoudre les grands problèmes de notre génération : la protection du climat, le clivage social et la politique internationale'."
Alors que la Pologne et la Bulgarie ont été privées de gaz russe pour n'avoir pas réglé en roubles, l'importance d'une réponse commune aux Européens lui semble primordiale : "On ne peut pas nous diviser", affirme-t-elle. Reconnaissant néanmoins ses inquiétudes pour son pays : "Tout ce qu'on essaie de faire depuis quelques semaines, c'est de devenir moins dépendant du pétrole et du gaz russes. En Allemagne, c'est l'infrastructure qui est souvent aux mains des Russes. C'est le cas des pipelines, des raffineries. Notre gouvernement est déjà allé loin pour devenir plus indépendant du pétrole russe. Il reste environ 12 % de nos infrastructures qui appartiennent à des compagnies russes. […] C'est une situation sur laquelle nous travaillons tous les jours pour gagner plus de capacité d'action européenne et nous sommes déjà allés plus loin que ce que j'avais pu espérer", se réjouit-elle.
Sur la question de l'enjeu climatique d'une telle crise, Franziska Brantner admet que le recours au charbon est un problème : "Dans le cours terme, nous devons utiliser plus de charbon si le gaz russe ne vient plus demain ou après-demain. Mais dans le même temps, ce que nous faisons, c'est investir et accélérer l'accroissement des énergies renouvelables, c'est incroyable ce qu'on a déjà fait. […] On fait tout un travail exceptionnel sur les ressources propres, on n'abandonne pas du tout la voie verte, on l'accélère."
Interrogée sur la décision de livrer des armes à l'Ukraine, alors que l'Allemagne se montrait réticente au début du conflit, la secrétaire d'État allemande se félicite de cette décision : "C'est une question que nous ne pouvons résoudre seuls. La question des armes lourdes ne se pose pas qu'à l'Allemagne, et l'important c'est de trouver une réponse commune. Parce qu'avec notre histoire, nous ne voulons pas y aller seuls. […] On a essayé de trouver des moyens pour aider rapidement l'Ukraine. Je suis contente qu'on ait voté avec les voix de tous les démocrates au Bundestag, en faveur de cette exportation d'armes pour aider l'Ukraine, mais aussi nous aider nous, car les Ukrainiens défendent en ce moment l'Europe, la liberté face à Poutine qui n'a qu'une seule envie c'est de détruire la démocratie en Europe, en France, en Allemagne, partout. C'est dans notre intérêt d'assister l'Ukraine."
Émission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero, Sophie Samaille et Georgina Robertson.