L'ex-tennisman allemand Boris Becker a été condamné, vendredi, à deux ans et demi de prison par la justice britannique pour avoir dissimulé au fisc des centaines de milliers de livres sterling alors qu'il avait été déclaré en faillite personnelle.
Il était l'un des meilleurs joueurs de sa génération, avant que des déboires financiers et diverses malversations ne le conduisent devant les tribunaux une fois sa carrière terminée. L'ex-N.1 mondial de tennis Boris Becker a été condamné, vendredi 29 avril, à deux ans et demi de prison par la justice britannique pour des infractions financières liées à sa faillite personnelle.
Âgé de 54 ans, Boris Becker va être incarcéré après avoir été déclaré coupable notamment d'avoir caché 2,5 millions de livres sterling (3 millions d'euros au taux actuel) d'avoirs et de prêts pour éviter de payer ses dettes.
Déclaré en faillite personnelle en 2017, Boris Becker est condamné pour quatre chefs d'accusation : un chef de retrait de biens, deux de non-divulgation de biens et un de dissimulation de dette.
Le sextuple vainqueur de tournois du Grand Chelem, qui vit au Royaume-Uni depuis 2012, avait été reconnu coupable, le 8 avril, par la Southwark Crown Court de Londres, d'avoir dissimulé ou transféré illicitement des centaines de milliers d'euros et de livres sterling pour ne pas régler ses dettes après avoir été déclaré en faillite.
Il lui est notamment reproché d'avoir transféré des centaines de milliers de livres sterling d'un compte professionnel sur d'autres comptes, notamment de ses ex-épouses, de ne pas avoir déclaré une propriété en Allemagne et d'avoir caché un emprunt de 825 000 euros et des parts dans une société.
Boris Becker était arrivé vendredi matin en taxi londonien au tribunal, marchant main dans la main avec sa compagne Lilian de Carvalho Monteiro, avant de rentrer dans l'édifice. Visage grave, il portait une cravate violette et verte, les couleurs de Wimbledon, tandis que son fils aîné, Noah, 28 ans, est entré avec un sac de sport.
Contestation des charges
Il y a 20 ans, il avait été condamné en Allemagne à une peine de prison avec sursis après des démêlés avec le fisc. Lors du procès à Londres, la procureure Rebecca Chalkley l'avait accusé d'avoir utilisé un compte professionnel comme une "tirelire" pour des dépenses du quotidien ou les frais de scolarité de ses enfants.
Boris Becker, qui conteste l'intégralité des charges, a été acquitté de vingt autres chefs d'accusation, y compris ceux qui concernaient la disparition de ses trophées. Il avait assuré à l'audience qu'il ignorait où ceux-ci se trouvaient. Parmi les neuf distinctions sur lesquelles les créanciers auraient aimé mettre la main figurent deux de ses trois coupes remportées à Wimbledon, deux trophées de l'Open d'Australie et sa médaille d'or du double aux JO de 1992.
L'ex-star du tennis a indiqué, lors du procès qui s'est tenu du 21 mars au 8 avril, avoir encore en sa possession "beaucoup" de récompenses et de souvenirs amassés en 15 ans sur le circuit, mais certains ont disparu.
Il avait déjà vendu aux enchères une partie de ses récompenses pour 700 000 livres (840 000 euros) afin d'éponger une partie de ses dettes. À l'époque de sa banqueroute, ses dettes étaient estimées jusqu'à 50 millions de livres sterling (59 millions d'euros).
La "marque Becker" mise à mal
L'annonce de sa faillite était intervenue quelques jours avant le tournoi de Wimbledon, sur lequel le premier joueur allemand à avoir remporté un titre du Grand Chelem travaillait pour la BBC et des télévisions australiennes et japonaises.
À l'audience, il avait raconté à quel point il avait été "choqué par la situation". "C'était partout aux informations, j'ai passé les portes de Wimbledon et tout le monde savait. J'étais embarrassé parce que j'étais en faillite", avait-il déclaré. Selon lui, sa banqueroute et son traitement dans les médias ont mis à mal la "marque Becker", si bien qu'il a ensuite eu des difficultés à rembourser ses dettes.
Cette affaire n'est pas la première pour Boris Becker, à la retraite sportive agitée, qui avait habité à Monaco et en Suisse avant de s'installer en Angleterre. Il a déjà eu des déboires judiciaires pour des dettes impayées avec la justice espagnole, concernant des travaux dans sa villa de Majorque, et avec la justice suisse, pour ne pas avoir payé le pasteur qui l'avait marié en 2009.
En 2002, la justice allemande l'avait condamné à deux ans de prison avec sursis ainsi qu'à 500 000 euros d'amende pour quelque 1,7 million d'euros d'arriérés d'impôts.
Avec AFP