La Cour suprême du Pakistan a jugé, jeudi, inconstitutionnel le processus qui a permis au Premier ministre Imran Khan d'éviter une motion de censure et d'obtenir la dissolution de l'Assemblée nationale, conduisant à la convocation d'élections anticipées. Elle a annulé la dissolution et ordonné que les députés procèdent au vote sur la motion de censure présentée.
La Cour suprême du Pakistan a annulé, jeudi 7 avril, la dissolution de l'Assemblée nationale et ordonné que celle-ci procède au vote sur la motion de censure présentée par l'opposition contre le Premier ministre Imran Khan.
La plus haute instance judiciaire du pays a considéré comme "contraire à la Constitution et sans effet légal" le refus du vice-président de l'Assemblée nationale, un fidèle du Premier ministre, de soumettre dimanche cette motion au vote, ce qui avait permis à Imran Khan d'éviter d'être très probablement renversé.
L'opposition avait annoncé avoir rallié suffisamment de voix pour faire perdre sa majorité parlementaire à M. Khan, 69 ans, une ancienne star du cricket qui avait remporté les élections en 2018.
Mais elle avait été surprise par la manœuvre de dernière minute du vice-président de l'Assemblée, qui avait refusé de faire voter la motion au motif qu'elle était inconstitutionnelle car résultant d'une "ingérence étrangère".
Imran Khan avait plusieurs fois ces derniers jours accusé les États-Unis de s'immiscer dans les affaires intérieures pakistanaises avec la complicité de l'opposition, dont il a dénoncé la traîtrise.
Il reprochait à Washington, qui a nié toute implication, de vouloir obtenir son départ, en raison de son refus de s'aligner sur les positions américaines concernant la Russie et la Chine.
Un pays habitué aux crises politiques
Le chef du gouvernement avait ensuite obtenu dimanche du président de la République, Arif Alvi, un autre de ses alliés, la dissolution de l'Assemblée, ce qui entraînait automatiquement la convocation de législatives anticipées sous 90 jours.
Il n'y aura donc pas d'élections dans l'immédiat après le jugement de la Cour suprême et Imran Khan semble désormais n'avoir aucune chance de survivre à la motion de censure.
"Cette décision a sauvé le Pakistan et sa Constitution. Elle a accru l'honneur et la dignité de la Cour", a réagi le chef de l'opposition à l'Assemblée, Shehbaz Sharif, leader de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) et pressenti pour devenir Premier ministre si la motion de censure est approuvée.
Le Pakistan, une république islamique de 220 millions d'habitants dotée de l'arme nucléaire, qui fête cette année ses 75 ans d'existence, est habitué aux crises politiques.
Aucun Premier ministre n'est jamais allé au bout de son mandat dans ce pays qui, depuis son indépendance en 1947, a connu quatre putschs militaires réussis et au moins autant de tentatives de coups d'EÉtat, et a passé plus de trois décennies sous un régime militaire.
Avec AFP