Le Conseil scientifique sur le Covid-19 a appelé le gouvernement à instaurer des "restrictions significatives" face au risque de transmission de l'épidémie à l'occasion du réveillon du Nouvel An, dans un avis publié samedi. "Une déclinaison territoriale" n'est pas exclue, précise-t-il.
Noël devrait être tranquille, mais attention au Nouvel An, alerte le Conseil scientifique, qui appelle le gouvernement à limiter strictement les rassemblements face à la recrudescence de cas de Covid-19, à l'image de Paris qui annule son emblématique feu d'artifice sur les Champs-Élysées.
Dans un avis publié samedi 18 décembre, le Conseil estime que "des mesures de restriction significatives doivent pouvoir être prises par les autorités à l'occasion du réveillon (y compris le cas échéant sous la forme de limitation d'activités collectives ou de couvre-feux), avec la possibilité d'une déclinaison territoriale".
La soirée du 31 décembre, où traditionnellement les fêtards sont plus exubérants, inquiète l'instance chargée de donner des recommandations à l'exécutif au regard des connaissances sur l'épidémie.
"Nos concitoyens auront à cœur de passer cette fête de Noël 2021 en nombre plus limité, de se faire tester avant, de s'assurer que les plus anciens ont bien reçu leur dose de rappel", estime le Conseil scientifique.
En revanche, "pour les festivités du Nouvel An, le Conseil scientifique alerte sur un comportement des citoyens qui pourrait être différent avec une activité festive plus ou moins contrôlée". L'instance "souhaiterait une démarche pour éviter qu'à l'occasion du Jour de l'an, se constitue une série de miniclusters à Omicron, qui pourraient diffuser rapidement dans les jours qui suivent sur l'ensemble du pays, compte tenu des mouvements de populations à cette période".
Le Premier ministre, Jean Castex, avait déjà souligné ce risque en recommandant vendredi aux mairies de renoncer aux concerts et feux d'artifice de la Saint-Sylvestre. Il annonçait que la consommation d'alcool sur la voie publique serait interdite dans toute la France ce soir-là.
Samedi matin, la mairie de Paris a annulé le feu d'artifice et des concerts prévus sur l'avenue des Champs-Élysées le soir de la Saint-Sylvestre.
"Un risque énorme"
Les contaminations au virus sont nettement reparties à la hausse en France depuis mi-novembre, pour dépasser le seuil de 50 000 nouveaux cas par jour.
Le variant Delta y reste très largement dominant. Or, l'exemple d'autres pays européens, Royaume-Uni en tête, montre que le variant Omicron, beaucoup plus contagieux, peut très rapidement aggraver une situation déjà difficile.
"Si c'est 10 % des cas de variant Omicron aujourd'hui dans notre pays, ça veut dire que la semaine prochaine c'est 25 ou 30 %, et ça veut dire que dans quinze jours, il est majoritaire", a prévenu samedi le ministre de la Santé, Olivier Véran, sur France Inter.
À Noël, "on ne met pas de jauge parce que les gens ont très bien compris. La jauge, c'est : tout le monde vacciné à table. (...) Avoir conscience que si vous avez une grand-mère qui n'est pas vaccinée, à table, et que vous êtes vingt, vous prenez un risque, je le dis, un risque énorme", a estimé le ministre. Il a toutefois précisé que les autotests ne seraient pas rendus gratuits comme beaucoup s'y attendaient.
Mais le 31 décembre, a décrit Olivier Véran, "ce sont des moments de très fort brassage de populations qui ne se connaissent pas".
"Ne pas multiplier les lieux de sorties"
Le Conseil scientifique exhorte donc, pour ce Nouvel An, à la "responsabilité individuelle" des Français.
Cela implique de "limiter la taille des événements festifs", de "se faire tester largement le 31 décembre", de "ne pas multiplier les différents lieux de sorties pour une même personne qui, si elle est infectée, serait à l'origine de plusieurs clusters" et "d'éviter de voir des personnes âgées de plus de 65 ans durant la première semaine de janvier" si on a croisé beaucoup de monde au réveillon.
Un projet de loi est prévu début janvier pour transformer le passe sanitaire en passe vaccinal, ce qui limitera l'accès aux lieux culturels ou aux restaurants aux personnes entièrement vaccinées.
La troisième dose de vaccin sera par ailleurs rendue obligatoire pour les soignants et les pompiers à partir de fin janvier, a indiqué Olivier Véran. Et la vaccination pour les 5-11 ans pourra commencer à partir de mercredi "si tout va bien", une fois les derniers avis scientifiques donnés, a-t-il encore dit.
Marine Le Pen, du Rassemblement national, a déploré que le gouvernement aille "toujours dans le sens d'un plus grand enfermement des Français". L'autre candidat d'extrême droite à la présidentielle, Éric Zemmour, a dénoncé "le durcissement" du passe alors que "les Français sont déjà largement vaccinés".
Avec AFP