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Les tensions persistent en Guadeloupe, appel à la grève générale en Martinique

En Guadeloupe, la mobilisation contre le passe sanitaire et l'obligation vaccinale contre le Covid-19 pour les soignants se poursuit. Les écoles et services préfectoraux doivent rester fermer lundi, tandis qu'une grève générale doit commencer en Martinique à l'appel de plusieurs organisations syndicales. Le gouvernement a condamné les violences urbaines et annoncé la création d'une "instance de dialogue" lundi soir.

Les établissements scolaires et les services préfectoraux doivent rester fermés, lundi 22 novembre, en Guadeloupe où les tensions persistent, tandis qu'une grève générale reconductible doit commencer en Martinique à l'appel d'une quinzaine d'organisations syndicales.

En Guadeloupe, la mobilisation contre le "passe sanitaire" et l'obligation vaccinale contre le Covid-19 pour les soignants a dégénéré en violences la semaine dernière, après l'appel à la résistance lancé lundi dernier par un collectif de syndicats et d'organisations citoyennes.

"C'est une situation aussi de détresse sociale qui s'ajoute à cette crise sanitaire, à cette peur du vaccin et qui fait qu'on en est là aujourd'hui", a expliqué sur franceinfo le maire de Pointe-à-Pitre, Harry Durimel (EELV).

"Il faut bien faire la distinction entre ceux qui revendiquent la levée de l'obligation vaccinale et ceux qui dans le contexte essaient de se faire entendre et de tout brûler pour être remarqués", a-t-il ajouté, en appelant à "trouve(r) une issue" car "il y a une grosse crainte que ça ne s'embrase".

Castex annonce une "instance de dialogue" 

Après avoir "condamné avec la plus extrême fermeté" les violences, le Premier ministre Jean Castex a annoncé la création d'une "instance de dialogue" afin de "convaincre et d'accompagner individuellement, humainement" les professionnels concernés par l'obligation vaccinale. Finalement testé positif au Covid-19, il s'exprimait à l'issue d'une réunion qui s'est tenue en visioconférence avec les élus de l'île antillaise.

"Une mission du ministère de l'Intérieur sera à pied d'œuvre sur place dès demain pour examiner avec eux les voies et moyens pour permettre les conditions de déploiement de l'obligation vaccinale et discuter aussi des sujets propres au fonctionnement du service départemental d'incendie et de secours de Guadeloupe", a poursuivi le chef du gouvernement, alors que les pompiers font partie des forces vives de la contestation. 

Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron a assuré la Guadeloupe de la "solidarité" de la nation et demandé de "ne rien céder au mensonge et à la manipulation par certains de cette situation" en marge d'un déplacement à Amiens.

"On ne peut pas utiliser la santé des Françaises et des Français pour mener des combats politiques" et "il faut que "l'ordre public soit maintenu", a-t-il souligné sur un ton apaisant, insistant sur "une adhésion croissante à la vaccination" sur l'île, malgré l'opposition d'une "toute petite minorité".

Des membres des forces de sécurité blessés

Le mouvement de contestation a dégénéré en crise sociale émaillée de nombreuses violences dans la nuit de jeudi à vendredi, quand ont débuté des violences et des pillages.

Menace avec un "fusil à pompe", médecin "tenu en joue", l'Agence régionale de santé de Guadeloupe a fustigé "les agressions physiques que les professionnels de santé ont subies ces derniers jours alors qu'ils allaient soigner les pères, les mères et les enfants de Guadeloupe".

Pour tenter de restaurer l'ordre, des renforts de police et de gendarmerie ont été dépêchés depuis la métropole et un couvre-feu (entre 18 h et 5 h, heure locale) a été décrété vendredi, sans permettre pour l'instant d'empêcher la poursuite des pillages et incidents nocturnes.

La préfecture de Guadeloupe a indiqué dimanche que les forces de police et de gendarmerie, mais aussi les sapeurs-pompiers intervenant sur des feux, avaient fait l'objet de plusieurs tirs d'armes à feu et que deux membres des forces de sécurité avaient été blessés.

La nuit de dimanche à lundi a cependant été plus calme que la précédente selon la préfecture, pour qui la mobilisation des forces de l'ordre "a permis d'empêcher dans les centres villes et en zone rurale, la majorité des tentatives de regroupement et d'atteinte aux biens".

"Il y a eu beaucoup de barrages mais peu de pillages", confirme une source policière qui ne note pas de "faits marquants".

"On a parlé de pillages, on a parlé de violences urbaines, c'est évidemment inadmissible. D'ailleurs, il y a d'ores et déjà des interpellations et des gardes à vue", a souligné lundi sur Europe 1 Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur.

Il faut "restaurer la paix publique (...) mais ça ne va pas suffire, il va falloir qu'il y ait un dialogue" pour restaurer la confiance avec l'État, a souligné Harry Durimel, en rappelant que les populations des Antilles restaient marquées par le scandale de la pollution à la chlordécone.

Ce pesticide toxique a durablement contaminé les sols après avoir été utilisé de 1972 à 1993 en Guadeloupe et en Martinique dans les bananeraies pour lutter contre le charançon, un insecte qui ravageait les plantations, et il est désormais soupçonné d'être responsable de nombreuses maladies, dont des cancers.

Appel à la grève générale en Martinique

Face aux "violences urbaines, exactions et autres entraves à la circulation" compromettant la sécurité de déplacement, l'académie de Guadeloupe a annoncé, dimanche dans un communiqué, que l'accueil des élèves ne serait pas assuré ce lundi dans les écoles, collèges et lycées de l'île.

La préfecture de Guadeloupe a quant à elle annoncé sur Twitter que les services de la sous-préfecture à Pointe-à-Pitre et ceux de la préfecture à Basse-Terre seraient "exceptionnellement fermés le lundi 22 novembre 2021".

Alors que la situation ne donne pas de signe d'apaisement en Guadeloupe, un appel à une grève générale reconductible à partir de ce lundi a été lancé dans l'île voisine de Martinique par les six centrales syndicales de l'île, ainsi qu'une dizaine d'organisations professionnelles.

Le préavis de grève, déposé la semaine dernière, réclame notamment la fin de l'obligation vaccinale et des suspensions pour les soignants, une hausse des salaires et des minima sociaux, ou encore la prise en charge intégrale des tests de dosage sanguin de la chlordécone dans le sang (chlordéconémie).

Avec Reuters et AFP