Le gouvernement éthiopien a déclaré mardi l'état d'urgence dans l'ensemble du pays, alors que les rebelles tigréens, qui affrontent les forces progouvernementales depuis un an, ont revendiqué ce week-end la prise de deux villes stratégiques.
Alors que les combats se poursuivent entre forces éthiopiennes et rebelles tigréens, le gouvernement a déclaré, mardi 2 novembre, l'état d'urgence dans l'ensemble du pays.
"L'état d'urgence vise à protéger les civils contre les atrocités commises par le groupe terroriste TPLF dans plusieurs régions du pays", a rapporté Fana Broadcasting Corporate, un média d'État, faisant référence aux rebelles du Front de libération du peuple du Tigré.
Le TPLF a revendiqué ces derniers jours la prise de Dessie et de Kombolcha, deux villes situées à un carrefour routier stratégique à quelque 400 kilomètres au nord d'Addis Abeba, sans exclure de marcher sur la capitale. Le gouvernement a démenti avoir perdu le contrôle de ces villes mais si elle se confirmait, leur prise marquerait une nouvelle étape majeure dans le conflit qui dure depuis un an.
Les communications sont coupées dans une grande partie du nord de l'Éthiopie et l'accès des journalistes est restreint, rendant difficile toute vérification indépendante des positions sur le terrain. Plus tôt dans la journée de mardi, les autorités de la capitale Addis Abeba ont appelé la population à s'organiser et à se préparer à défendre leurs quartiers.
Pression de Washington
Ce récent regain des combats inquiète la communauté internationale, qui a renouvelé ces derniers jours ses appels à un cessez-le-feu immédiat et à des pourparlers de paix. L'émissaire américain pour la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman, a affirmé mardi que Washington s'opposait "à tout mouvement du TPLF vers Addis ou toute action visant à assiéger Addis", lors d'une intervention à l'Institut américain pour la paix.
Les États-Unis ont également annoncé qu'ils supprimaient d'importants avantages commerciaux accordés à l'Éthiopie, en raison de "violations flagrantes des droits humains internationalement reconnues, perpétrées par le gouvernement éthiopien et d'autres factions (...) dans le nord de l'Éthiopie", selon un communiqué de la représentante américaine au Commerce, Katherine Tai.
Débuté en novembre 2020, le conflit au Tigré connaît un spectaculaire revirement de situation depuis ces derniers mois. Le Premier ministre Abiy Ahmed avait proclamé la victoire le 28 novembre, après avoir envoyé l'armée dans la région pour destituer les autorités locales dissidentes issues du TPLF.
Mais en juin, les combattants pro-TPLF ont repris l'essentiel de la région, forçant les troupes gouvernementales à se retirer largement. Ils ont ensuite poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar. Les douze mois de conflit ont été marqués par de nombreux récits d'exactions, notamment sur les civils, et ont plongé le nord de l'Éthiopie dans une grave crise humanitaire.
Avec AFP