Au moins 14 personnes ont été tuées et d'autres blessées dans une attaque à la bombe, mercredi, contre un bus militaire à Damas, en Syrie, a rapporté la télévision d'État. Une attaque revendiquée par un groupuscule peu connu et suivie par des bombardements du régime sur les zones rebelles dans la province d'Idleb.
Un attentat à la bombe a visé un bus militaire à Damas, en Syrie, mercredi 20 octobre, faisant au moins 14 morts et trois blessés, a rapporté l'agence de presse officielle Sana. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, tous les morts sont des militaires.
L'attaque, la plus meurtrière dans la capitale syrienne depuis plus de quatre ans, a été revendiquée par un groupe peu connu, les Brigades Qasioun, qui a affirmé que les bombes étaient fixées sous le bus. Le groupuscule a ajouté dans une courte déclaration publiée sur les médias sociaux que les attaques dans les zones tenues par le gouvernement se poursuivraient en représailles aux "massacres commis contre notre peuple dans le nord libéré".
"Vers 6 h 45 (3 h 45 GMT) ce mercredi matin, lors du passage d'un bus militaire de nuit dans la ville de Damas" près d'un pont stratégique, celui-ci "a été pris pour cible par une attaque terroriste avec deux engins explosifs qui étaient attachés au bus, entraînant la mort de quatorze personnes et faisant plusieurs blessés", a indiqué Sana, citant une source militaire.
Une équipe spécialisée de l'armée a par ailleurs "démantelé un troisième engin tombé du bus après l'explosion", a ajouté la même source, tandis que des images publiées par l'agence syrienne montraient des secouristes inspectant le bus entièrement calciné.
Bombardements sur le bastion rebelle d'Idleb
Environ une heure après l'attentat à Damas, des bombardements de l'armée ont tué 13 personnes dont 10 civils et un combattant dans le bastion rebelle d'Idleb, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Parmi les civils figurent une femme et trois enfants, a indiqué la même source, qui a fait état de 26 blessés.
Il s'agit des bombardements les plus meurtriers sur Idleb depuis la trêve négociée par la Turquie – qui soutient des rebelles syriens – et la Russie alliée du régime, en vigueur depuis mars 2020 dans la région.
"À 8 h du matin, nous nous sommes réveillés sous les bombardements. Les enfants étaient terrifiés et criaient, nous ne savions pas quoi faire ni où aller", témoigne à l'AFP Bilal Trissi, un père de deux enfants vivant à proximité d'Ariha, la zone ciblée.
À l'hôpital où les victimes ont été transportées, un correspondant de l'AFP a vu un homme crier et pleurer à côté de la dépouille d'une fillette de 10 ans.
Le bastion d'Idleb (nord-ouest), dans le collimateur du régime, est dominé par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), ex-branche syrienne d'Al-Qaïda et grand ennemi du groupe État islamique.
Un pays qui reste fragmenté
L'attentat à Damas et les bombardements à Idleb remettent en question la rhétorique du régime syrien sur une fin de la guerre et un retour à la stabilité. Depuis des mois, le régime de Bachar al-Assad tente de sortir son pays de l'isolement international pour permettre la reconstruction et le retour des projets d'investissements.
Après avoir essuyé de larges pertes au début de la guerre, le régime syrien a repris une grande partie du territoire, appuyé à partir de 2015 par la Russie, dont l'intervention est largement considérée comme un tournant majeur dans le conflit.
Soutenu également par des milices liées à l'Iran, le régime contrôle aujourd'hui la quasi-totalité des grandes villes. Mais le pays reste fragmenté. Les Kurdes soutenus par les États-Unis contrôlent toujours le nord-est du pays, tandis que d'autres zones du Nord sont sous le contrôle des jihadistes et des rebelles ou encore des forces turques et de leurs supplétifs syriens.
De son côté, le groupe État islamique a vu son "califat" vaciller sous le coup d'offensives successives en Irak et en Syrie, qui ont respectivement proclamé leur victoire contre les jihadistes fin 2017 et en 2019. Depuis, l'organisation État islamique continue de mener des attaques meurtrières, principalement dans le grand désert qui s'étend du centre de la Syrie à l'Est.
Déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie a fait environ un demi-million de morts selon l'OSDH et provoqué le déplacement de la moitié de la population d'avant-guerre.
Avec AFP
