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L'UE s'efforce de rassurer les pays des Balkans sans avancée concrète sur leur intégration

Réunis en sommet en Slovénie, les dirigeants de l'Union européenne ont tenté mercredi d'apaiser la frustration des pays des Balkans occidentaux, bloqués depuis des années dans l'antichambre de l'UE, avec la tentation de se tourner vers la Russie et la Chine.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a tenté de rassurer, mercredi 6 octobre, les pays des Balkans en quête d'adhésion à l'Union européenne en affirmant qu'ils faisaient partie de la famille européenne. 

Après des semaines de délibérations, les dirigeants de l'Union européenne se sont accordés sur une déclaration réaffirmant leur promesse, formulée il y a 18 ans, que la Serbie, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine du Nord, le Kosovo et l'Albanie pourraient un jour se joindre au bloc communautaire s'ils remplissent les critères d'adhésion.

Mais alors que le processus d'élargissement est au point mort en raison de querelles internes à Bruxelles ou dans la région, nombre de responsables dans les Balkans jugent que cette déclaration d'intention est une coquille vide.

S'exprimant devant la presse à son arrivée au sommet informel de Brdo, en Slovénie, Ursula von der Leyen s'est employée à dissiper ce sentiment. "Le message est que les Balkans occidentaux appartiennent à l'Union européenne. Nous les voulons au sein de l'UE. Nous sommes une seule famille européenne", a déclaré la présidente de l'exécutif européen.

"Nous partageons la même histoire. Nous partageons les mêmes valeurs, et je suis profondément convaincue que nous partageons également la même destinée", a ajouté Ursula von der Leyen, qui s'est rendue la semaine dernière dans les Balkans.

L'UE ne s'entend pas sur un élargissement

L'Union européenne est de loin le premier investisseur étranger et le premier partenaire commercial des six pays, majoritairement issus de la dislocation de la Yougoslavie et des guerres qui se sont ensuivies dans les années 1990.

Mais la Slovénie, qui préside actuellement l'UE, n'est pas parvenue à convaincre les autres pays membres de s'engager à les intégrer d'ici à 2030. Plusieurs États européens qui redoutent un afflux migratoire en cas d'intégration de nouveaux membres ont émis des doutes sur un élargissement de l'UE.

Le bloc communautaire n'a pas non plus réussi à s'entendre sur des mesures concrètes pour les ressortissants de ces pays, telle que la levée des visas pour les habitants du Kosovo. "C'est une grande injustice, un manque d'équité envers les citoyens de notre pays", s'est emporté le Premier ministre kosovar, Albin Kurti, à son arrivée à Brdo, en relevant que cinq États membres de l'UE n'ont toujours pas reconnu l'indépendance de l'ancienne province serbe, déclarée en 2008.

"Je préconise que l'UE cesse d'avoir peur et que les Balkans cessent d'être amers", a-t-il dit. "J'ai encore de l'espoir." Albin Kurti devait rencontrer dans la journée le président serbe, Aleksandar Vucic, avec le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel.

Crainte de voir la Chine, la Russie ou la Turquie remplacer l'UE

À l'issue d'un dîner mardi soir au château de Brdo, au nord de la capitale slovène Ljubljana, consacré à la stratégie de l'UE vis-à-vis de la Chine et des États-Unis, plusieurs dirigeants des Vingt-Sept, dont le Premier ministre letton Krisjanis Karins et le chancelier autrichien Sebastian Kurz, ont estimé que la politique étrangère européenne devait commencer par son voisinage immédiat.

"Si l'Union européenne n'offre pas à cette région une véritable perspective, nous devons être conscients que d'autres superpuissances – la Chine, la Russie ou la Turquie – joueront là-bas un rôle plus important. Cette région appartient géographiquement à l'Europe et a besoin d'une perspective européenne", a dit Sebastian Kurz.

D'autres pays comme le Danemark, la France ou les Pays-Bas craignent une adhésion trop précipitée, comme lors de l'intégration de la Roumanie et de la Bulgarie en 2007. La Bulgarie est en outre hostile à l'adhésion de la Macédoine du Nord en raison de querelles culturelles sur leur histoire commune.

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Avec AFP et Reuters