Un marché très fréquenté de la banlieue de Peshawar a été le théâtre d'un attentat à la voiture piégée. Au moins 32 morts sont à déplorer. Depuis 2007, 2 500 personnes ont été tuées dans des attaques perpétrées par les Taliban.
AFP - Un kamikaze a tué mardi au moins 32 personnes sur un marché très fréquenté dans le nord-ouest du Pakistan, pays où les attentats des talibans liés à Al-Qaïda deviennent désormais quotidiens.
Pour répliquer à l'offensive de l'armée dans leur fief du Waziristan du Sud, non loin de là, les insurgés islamistes ont promis d'intensifier encore cette vague de terreur qui a tué quelque 2.500 personnes en un peu plus de deux ans dans tout le pays.
Le kamikaze a fait exploser sa voiture en fin d'après-midi au coeur du petit marché de Charsadda, dans la banlieue de Peshawar, la grande capitale de la Province Frontière du Nord-Ouest (NWFP), sur une route bordée par des marchands de jus de fruits et des échoppes de vêtements pour femmes.
"Le bilan est monté à 32 morts et plus de 100 personnes ont été blessées dans cette attaque suicide", a déclaré à la presse un haut responsable de la Province de la Frontière du Nord-Ouest, Bashir Bilour. Sept enfants et trois femmes figurent parmi les victimes, selon la police.
"Il y avait des blessés et des morts partout, c'était une scène horrible", se lamentait sur place un homme, devant des boutiques éventrées et au milieu de restes humains encore éparpillés au sol.
"Les victimes sont toutes des civils", a assuré à l'AFP sur place l'officier de police Liaqat Ali.
Le Premier ministre Yousuf Raza Gilani a estimé que les talibans menaient une "guerre de guérilla" pour se venger des opérations de l'armée pakistanaise dans le Waziristan du Sud.
"Ils lancent des attaques suicide parce que notre armée s'est emparée de leurs bastions" dans cette région tribale, a-t-il déclaré.
Près de 2.500 personnes ont été tuées depuis l'été 2007 dans tout le Pakistan par des attentats perpétrés pour la plupart par des kamikazes du Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP).
Dimanche déjà, l'un d'eux avait tué 15 personnes, dont un élu local qui était sa cible, dans un marché au bétail de Peshawar.
Le lendemain, à Peshawar encore, un homme faisait exploser la bombe qu'il portait sur lui à un check-point tenu par des policiers, tuant un agent et deux civils.
Le rythme de ces violences s'est accéléré, les attentats et attaques de commandos suicide ayant fait près de 400 morts en un mois.
Le TTP avait tout d'abord essayé de dissuader l'armée de lancer une vaste offensive terrestre dans son fief tribal du Waziristan du Sud, puis juré de se venger dès son déclenchement le 17 octobre.
"Les attentats dans les villes font partie de notre stratégie permanente, ils se poursuivront et viseront tous ceux qui nous attaquent", a menacé, dans un entretien téléphonique avec l'AFP, le porte-parole du TTP, Azam Tariq, quelques heures avant l'attentat de Charsadda.
Le 28 octobre, 118 personnes avaient été tuées quand un kamikaze avait fait exploser sa voiture sur un marché bondé de Peshawar, fréquenté essentiellement par des femmes et des enfants.
Non loin de là, les zones tribales frontalières avec l'Afghanistan sont devenues le bastion du TTP qui a permis à Al-Qaïda d'y reconstituer ses forces et aux talibans afghans des bases arrière, depuis la chute de leur régime à Kaboul fin 2001.
Le TTP, qui a fait allégeance à Al-Qaïda, avait décrété à l'été 2007, à l'unisson d'Oussama ben Laden, le "jihad" à Islamabad, lui reprochant de s'être allié à Washington dans sa "guerre contre le terrorisme".
L'armée, qui a engagé quelque 30.000 soldats au sol au Waziristan du Sud, assure progresser et s'être emparée des principaux bastions des talibans, dont elle dit avoir tué près de 500 combattants et perdu seulement 46 soldats en trois semaines.
Les informations et les bilans livrés par les militaires sont impossibles à vérifier, les zones de combats étant interdites d'accès et les communications téléphoniques coupées.
"Nous avons commencé à mettre en oeuvre une tactique de guérilla au Waziristan", a assuré Azam Tariq, balayant l'idée répandue par l'armée que les talibans fuyaient.