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Le parti de Vladimir Poutine, Russie unie, s'acheminait, dimanche, vers une majorité claire, faute d'opposition réelle, à l'issue de législatives qui se sont déroulées sur trois jours. Dans la soirée, la formation au pouvoir récoltait  46,11 % des voix, selon des résultats préliminaires portant sur la moitié des bureaux de vote. 

Le parti Russie unie de Vladimir Poutine s'orientait, dimanche 19 septembre, vers une majorité claire au Parlement, à l'issue de législatives qui se sont déroulées après la répression et l'exclusion de presque toute opposition anti-Kremlin.

La formation au pouvoir récoltait 46,11 % des voix, selon des résultats préliminaires portant sur la moitié des bureaux de vote.

"Je vous félicite tous pour cette victoire propre et honnête", a lancé, face à des partisans, l'un des dirigeants du parti, Andreï Tourtchak. Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, s'est réjoui du résultat de ces élections "déterminantes pour le destin du pays".

Le parti du Kremlin devance les communistes du KPRF (21,40 %) et semble assuré de conserver une large majorité à la Douma, la chambre basse du Parlement, même si ces résultats préliminaires témoignent d'une baisse par rapport à 2016. Russie unie avait alors obtenu 54,2 % des voix et les communistes 13,3 %.

La moitié des 450 sièges de députés sont attribués à la proportionnelle. Les autres le sont au scrutin majoritaire et Russie unie était en tête dans au moins 143 de ces circonscriptions, selon la Commission électorale.

Compte-tenu du bon résultat préliminaire des communistes, les partisans de l'opposant emprisonné Alexeï Navalny, exclus du scrutin, revendiquaient eux le succès de leur stratégie du "vote intelligent", consistant à appeler à voter pour les candidats les mieux placés pour gêner ceux de Russie unie.

Pas d'opposition réelle

La victoire du parti de Vladimir Poutine, malgré son impopularité, était attendue, faute d'opposition réelle après la liquidation du mouvement d'Alexeï Navalny et le blocage de ses consignes de vote par des géants du numérique sous pression.

Militant anticorruption et principal opposant du Kremlin, Alexeï Navalny, 45 ans, a été emprisonné en janvier pour une affaire de fraude qu'il juge politique. Ses organisations ont été interdites pour "extrémisme" avant le scrutin et nombre de ses cadres ont fui le pays par crainte de poursuites.

"C'est une imitation d'élections et c'est triste", lâche Andreï, un informaticien de 33 ans votant dimanche à Moscou. Interrogé par l'AFP, il dit avoir suivi les consignes de l'équipe d'Alexeï Navalny mais refuse de donner son nom par peur de représailles.

Comme presque aucun candidat anti-Poutine n'a été autorisé à se présenter, les partisans d'Alexeï Navalny ont élaboré une stratégie de "vote intelligent" destinée à soutenir les candidats – souvent communistes – les mieux placés pour gêner ceux du pouvoir.

Emprisonné, Alexeï Navalny a appelé une fois encore à suivre ses consignes. "Votre voix a vraiment de l'importance", a-t-il écrit dans un message diffusé dimanche sur les réseaux sociaux.

Pour contrer ce plan, les autorités russes ont exercé une pression inédite ces dernières semaines sur les géants d'Internet dont les plateformes étaient utilisées pour diffuser les consignes, réussissant à faire plier Google et Apple. 

Ces derniers ont accepté, vendredi, de supprimer de leur boutique l'application mobile du "vote intelligent", les alliés de Navalny accusant immédiatement les deux firmes américaines de "céder au chantage".

Google a également bloqué en Russie deux listes contenant ces consignes et publiées sur Google Docs, son service de traitement de texte, et deux vidéos sur YouTube - dont il est propriétaire.

L'équipe d'Alexeï Navalny a réagi en donnant sur Twitter des instructions pour télécharger un réseau privé virtuel (VPN) pour éviter les blocages.

Selon des sources proches interrogées par l'AFP, Google et Apple ont obéi à Moscou par crainte d'arrestations de leurs employés en Russie.

Avec AFP