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Le procès de Roy Bennett pour "terrorisme" est ajourné

Le procès de l'ancien vice-ministre de l'Agriculture, Roy Bennett, s'est ouvert à Harare et a été aussitôt ajourné. Arrêté le 13 février dernier, ce proche de Morgan Tsvangirai est accusé de "terrorisme".

AFP - Le procès pour "terrorisme" de Roy Bennett, un proche du Premier ministre zimbabwéen Morgan Tsvangirai, s'est ouvert quelques heures lundi avant d'être ajourné pour raisons de procédure, dans un contexte de crise au sein du gouvernement d'union nationale fragilisé par cette affaire.

Le procès a été ajourné à mercredi.

Roy Bennett, un ancien fermier blanc et trésorier du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de M. Tsvangirai, est accusé d'avoir tenté de renverser il y a trois ans le président Robert Mugabe, 85 ans, au pouvoir depuis 1980.

Sa nouvelle et brève mise en détention mi-octobre a provoqué la plus grave crise depuis la formation en février de la coalition entre MM. Mugabe et Tsvangirai, le Premier ministre ayant en réaction suspendu durant trois semaines tout contact avec le camp présidentiel.

M. Bennett, 52 ans, qui risque la peine de mort ou la prison à vie, était présent à cette première audience, initialement prévue le 19 octobre et reportée au 9 novembre à la demande de la défense.

"J'ai été persécuté depuis que je fais de la politique et j'ai depuis vécu dans la persécution", a-t-il déclaré à la sortie du tribunal. "On ne sait jamais quand justice sera faite", a-t-il ajouté.

Le juge Chinembiri Bhunu a annoncé que le procès était ajourné après avoir entendu la défense et le ministère public.

Les avocats de M. Bennett ont demandé que l'un des témoins clés de l'accusation, Peter Hitschmann, ne soit pas entendu car il a, selon eux, fait des témoignages "divergents" sur l'implication à ses côtés de Roy Bennett dans le complot visant à assassiner le président en février 2006.

Le procureur Johannes Tomana a de son côté soulevé une nullité de procédure, estimant que les arguments de la défense avaient été mal présentés.

Ce procès est "une affaire très importante qui doit être prise avec beaucoup de sérieux dans le contexte actuel du pays (...) Il est du devoir du tribunal de reconnaître l'accusé coupable, s'il est coupable, et de le reconnaître innocent, s'il est innocent", a déclaré le procureur.

M. Bennett avait été arrêté le 13 février, jour de la prestation de serment du gouvernement d'union nationale dont il devait faire partie en tant que vice-ministre de l'Agriculture.

Inculpé pour terrorisme, sabotage et banditisme, il avait été libéré sous caution début mars. Des accusations similaires portées contre d'autres membres du MDC avaient été abandonnées.

La nouvelle mise en détention le 14 octobre de M. Bennett, libéré presque aussitôt après, a poussé le Premier ministre dans ses derniers retranchements après plusieurs mois de tension au sein du gouvernement.

Morgan Tsvangirai a suspendu tout contact avec le camp présidentiel et prévenu qu'il ne reprendrait ses relations que si Robert Mugabe revenait sur les nominations unilatérales de plusieurs hauts responsables et mettait fin aux violences contre ses partisans.

A l'issue d'un mini-sommet régional, le Premier ministre a finalement accepté jeudi de reprendre les discussions sur ces problèmes qui empoisonnent la coalition.

Trois jours plus tard, cinq membres de la Confédération des syndicats du Zimbabwe (ZCTU), proche de l'ancienne opposition, étaient arrêtés pour avoir organisé un meeting sans en informer la police. Ils étaient toujours détenus lundi, selon l'organisation syndicale.

MM. Tsvangirai et Mugabe ont formé un gouvernement d'union pour sortir le pays d'une grave crise née de la défaite historique du régime aux élections de mars 2008. Ils ont depuis obtenu quelques avancées, notamment dans la sphère économique, mais le climat est toujours resté tendu entre les anciens rivaux.

Tags: Zimbabwe, Justice,