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Des escrimeurs américains prennent position contre les violences sexuelles et leur coéquipier

Avant leur match contre le Japon, vendredi, trois des escrimeurs de l'équipe américaine ont porté des masques roses. Une manière de protester symboliquement contre la présence de leur coéquipier Alen Hadzic, accusé par trois femmes d'agressions sexuelles.

Alen Hadzic fait partie de l'équipe olympique américaine d'épée. Il est également accusé par trois femmes d'agressions sexuelles. Vendredi 30 juillet, en marge de leur match face au Japon, ses trois coéquipiers – Jake Hoyle, Curtis McDowald et Yeisser Ramirez – ont protesté symboliquement contre sa présence, en arborant un masque rose. Alen Hadzic était le seul à ne pas en porter.

Le rose est une couleur souvent arborée en solidarité pour le droit des femmes. Aux États-Unis, elle est notamment l'une des couleurs de ralliement de la Marche des femmes.

#TeamUSA men’s epee team wore pink masks for their opening match at the Olympics as a show of support for sexual assault victims. Alen Hadzic— their teammate accused of rape and sexual assault— is on the left. Kudos to the team for taking a stand. #BelieveWomen pic.twitter.com/yRI4azelKN

— Ibtihaj Muhammad (@IbtihajMuhammad) July 30, 2021

Accusé par trois femmes

Alen Hadzic s'est qualifié sportivement pour les Jeux olympiques en mai 2021. Peu après, trois femmes l'ont accusé d'agressions sexuelles, des faits qui auraient eu lieu entre 2013 et 2015. Par la voix de son avocat, Alen Hadzic clame son innocence bien qu'il ait confirmé avoir été suspendu de l'université de Colombia lors de l'année scolaire 2013/2014 en raison d'une enquête sur une agression sexuelle.

À la suite de ces accusations, le US Center for SafeSport l'a suspendu sportivement le 2 juin. Hadzic a fait appel de cette suspension et a gagné. Le juge a décidé que Hadzic ne devrait pas chercher à entrer en contact avec ses accusatrices, mais également que sa suspension était "disproportionnée par rapport aux accusations".

Cependant, il est devenu persona non grata au sein de la délégation américaine. Il a fait le voyage vers Tokyo séparément. Il est également interdit de séjour au sein du village olympique et loge dans un hôtel à proximité.

Des mesures qui ont été imposées par la fédération américaine d'escrime, qui ne voit pas d'un bon œil la présence d'Alen Hadzic. USA Today s'est procuré le mail de la fédération expliquant au jeune homme ces mesures :

"Les athlètes de l'équipe ont exprimé des inquiétudes pour leur sécurité et leur bien-être en raison de votre présence, qui, selon eux, est susceptible d'affecter négativement leurs capacités mentales et émotionnelles à se préparer et à concourir aux plus hauts niveaux requis pour réussir aux Jeux Olympiques", lit-on dans ce message justifiant ce "plan de sécurité" à l'encontre d'Alen Hadzic.

Une autre membre de l'équipe américaine, Katharine Holmes, avait affirmé à USA Today que l'ensemble de la délégation d'escrime avait signé une pétition contre la présence d'Alen Hadzic. Si l'avocat de ce dernier affirme qu'il n'existe pas de telle pétition, les masques roses arborés suggèrent que ses propres coéquipiers sont bien contre sa présence. Ils n'ont pas souhaité commenter outre-mesure après leur action.

Remplaçant au sein de l'équipe d'épée, il n'a pas fait son entrée face au Japon et n'aura donc pas combattu dans ces Jeux olympiques.

Pour certains, à l'image du chroniqueur du Guardian Andrew Lawrence, l'affaire illustre également un "deux poids, deux mesures" des instances. L'athlète afro-américaine Sha'Carri Richardson a été exclue de l'équipe pour avoir fumé de la marijuana afin de gérer mentalement le deuil de sa mère alors qu'Alen Hadzic, un homme blanc accusé d'agressions sexuelles, a eu le droit de se rendre aux JO de Tokyo.