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Nouvelle journée de mobilisation en France contre le passe sanitaire

Des manifestations ont rassemblé samedi quelque 161 000 personnes dans toute la France, pour protester contre l'extension du passe sanitaire et la vaccination obligatoire pour certaines professions.

Quelque 161 000 personnes dont 11 000 à Paris ont défilé samedi 24 juillet dans les rues de France pour protester contre l'extension du passe sanitaire et la vaccination obligatoire pour certaines professions. Un chiffre plus élevé que le samedi précédent, lorsque 114 000 personnes avaient manifesté.

Selon un bilan communiqué par le ministère de l'Intérieur, il y a eu en province "168 actions recensées qui ont mobilisé près de 150 000 personnes". À Paris, les protestataires étaient 11 000, en légère baisse par rapport au 17 juillet, lorsque 18 000 personnes avaient battu le pavé.

Dans la capitale, les manifestants étaient répartis en au moins trois rassemblements. Essentiellement constitué de Gilets jaunes, un premier cortège s'est élancé peu après 14 h de la place de la Bastille, à destination de la Porte de Champerret (17e arrondissement). En chemin, des incidents sporadiques ont opposé policiers à moto et manifestants, selon des journalistes de l'AFP.

Sur la place du Trocadéro (16e), plusieurs milliers de personnes, rarement masquées, sont réunies à l'appel de Florian Philippot. "Vous êtes des milliers", a lancé le président des Patriotes et ex-numéro 2 du Rassemblement national, entre deux "Marseillaise".

Il y a un monde incroyable dans toutes les #manifs24juillet ! Voyez les vidéos c’est énorme !
Le peuple de France se lève, au cœur de l’été, contre la tyrannie, la folie ! Macron et Véran doivent plier, retirer leur loi de la honte ! #AntiPassSanitaire
➡️ Rdv 14h30 #trocadero !

— Florian Philippot (@f_philippot) July 24, 2021

"Liberté, liberté", ont scandé les manifestants, venus de Paris et de province, regroupés autour d'une estrade entourée de dizaines de drapeaux bleu-blanc-rouge. "Liberté, je ne suis pas ton cobaye", résume un slogan affiché par une pancarte.

Enfin, un troisième cortège, composé de quelques centaines de personnes, a quitté les abords du Conseil d'État (1er), à destination de la place des Invalides.

Manifestations dans plus d'une centaine de villes

Ces manifestations interviennent alors qu'une très large majorité de Français (76 %) approuve la décision du président Emmanuel Macron de rendre obligatoire la vaccination pour les personnels soignants et d'autres professions, avec sanctions à la clé, selon un sondage Elabe réalisé pour BFMTV le 13 juillet.

L'extension du passe sanitaire (vaccination complète ou test négatif récent) recueille aussi une majorité d'approbations.

Le passe sanitaire, "nous nous en serions bien passé si le contexte était différent", a dit le ministre de la Santé, Olivier Véran, face à des lecteurs du Parisien. "On y mettra fin à la minute où nous le pourrons", a-t-il promis.

Foule importante à Paris contre le #PassSanitaire. #NonAuPassSanitaire pic.twitter.com/NoH125XIy5

— Remy Buisine (@RemyBuisine) July 24, 2021

En dehors de Paris, des rassemblements ont lieu dans plus d'une centaine de villes en France.

À Marseille, des milliers de personnes, toutes générations confondues, ont ainsi défilé dans une ambiance bon enfant aux cris de "Liberté, Liberté" ou "Macron, ton passe, on n'en veut pas".

Au moins une dizaine de rassemblements ont lieu en Auvergne-Rhône-Alpes. Des manifestations sont en cours notamment à Valence (plusieurs milliers de personnes), à Lyon, à Auxerre (plusieurs centaines de personnes), à Bourg-en-Bresse, à Grenoble.

Dans la région Grand Est, quelque 4 000 personnes manifestent, selon la police.

Parmi les quelques "blouses blanches" présentes, Élodie, aide-soignante de 34 ans, dénonce "le chantage sur les soignants envoyés en première ligne" et qu'on "menace" maintenant de "ne plus payer" et de "virer".

D'autres appels à manifester ont été lancés, entre autres, à Lille, Belfort, Nantes, Montpellier, Bordeaux ou Besançon.

Antimasques, antivaccins, anticonfinement

Regroupée autour des mots-dièses #Manif24Juillet, #PassDeLaHonte ou #Liberté sur les réseaux sociaux, l'opposition aux mesures gouvernementales pour lutter contre le Covid-19 fédère des manifestants antimasques, antivaccins ou anticonfinement aux revendications protéiformes.

Samedi dernier, plus de 110 000 personnes avaient manifesté dans toute la France contre la vaccination, la "dictature" ou le passe sanitaire, dont 18 000 à Paris réparties en plusieurs cortèges et 96 000 dans le reste du pays, selon le ministère de l'Intérieur.

Pour enrayer la progression du variant Delta, le président Emmanuel Macron a présenté le 12 juillet une série de mesures.

Source de débats et objet de nombreux amendements à l'Assemblée nationale, la présentation d'un passe sanitaire est entrée partiellement en vigueur mercredi.

Une disposition du nouveau texte, en cours d'examen au Sénat après une adoption en première lecture à l'Assemblée nationale, ouvre la voie à un licenciement pour les travailleurs d'établissements recevant du public qui refuseraient d'obtenir un passe sanitaire.

Le projet de loi prévoit également l'obligation vaccinale pour les soignants, sapeurs-pompiers ou encore les professionnels travaillant auprès des personnes âgées.

Des journalistes pris à partie à Marseille

Deux journalistes de France 2 qui couvraient la manifestation à Marseille ont été insultés, bousculés et chassés par plusieurs individus, a-t-on appris de sources concordantes.

La société France Télévisions a annoncé qu'elle allait porter plainte contre les auteurs de ces faits, condamnant des "actes inqualifiables" et rappelant "le principe fondamental de la liberté de la presse".

La préfecture de police des Bouches-du-Rhône a également fait savoir qu'elle condamnait "cet acte, comme toute forme d'atteinte à la liberté de la presse", et apportait "son soutien" aux journalistes visés.

Interrogé par l'AFP, l'un des deux journalistes pris à partie a raconté qu'il se trouvait en tête de manifestation, avec son confrère reporter d'images, en train de prendre des vues du cortège lorsque des individus leur ont demandé s'ils étaient de BFMTV. Le journaliste reporter d'images (JRI) a répondu "Non, c'est France 2".

"C'est à ce moment-là que cela a dégénéré", a raconté le premier journaliste, qui n'a pas souhaité être nommé.

A la manifestation contre le pass sanitaire à Marseille, une équipe de journalistes TV agressés et chassés. Ils sont obligés de fuir en courant. La police a proximité ne fait rien.

Un des journalistes me confirme avoir reçu plusieurs coups. @LeMediaTV pic.twitter.com/8UdQZbGY3X

— Taha Bouhafs ????????‍♂️ (@T_Bouhafs) July 24, 2021

"Ils nous ont insultés en nous disant 'Cassez-vous', ont donné des coups de pied au JRI pour essayer de le faire tomber. J'ai pris aussi un coup au genou mais je ne m'en suis rendu compte que plus tard tant j'étais focalisé sur mon JRI qui se trouvait devant moi par peur qu'il lui arrive quelque chose", a-t-il raconté à l'AFP.

Avec AFP