Les forces rebelles ont annoncé mardi avoir lancé une nouvelle offensive dans la région du Tigré, en particulier dans le sud et l'ouest, des zones encore contrôlées par les forces amhara, soutiens de l'armée fédérale. De son côté, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a appelé les troupes érythréennes à leur "retrait rapide et vérifiable" du Tigré.
Les forces rebelles menaient une nouvelle offensive, mardi 13 juillet, dans la région éthiopienne du Tigré, en guerre depuis huit mois. Les combats ont touché un camp de réfugiés, selon des sources humanitaires jointes par l'Agence France-Presse.
Le conflit, marqué par des atrocités et par le spectre grandissant de la famine, a connu fin juin un tournant lorsque les rebelles ont repris le contrôle d'une grande partie de la région, poussant le gouvernement à déclarer un cessez-le-feu.
"Hier [lundi], nous avons lancé une offensive dans la région de Raya, dans le sud du Tigré, et nous sommes parvenus à mettre en déroute les divisions des forces de défense fédérales et des forces amhara", a affirmé à l'AFP par téléphone Getachew Reda, un porte-parole des rebelles.
"Nous sommes parvenus à sécuriser la majorité du sud du Tigré", a-t-il ajouté, précisant contrôler Alamata, principale ville de cette zone et où il affirmait se trouver.
Les affirmations de Reda Getachew étaient impossible à vérifier : un porte-parole de l'armée fédérale n'était pas joignable dans l'immédiat et les réseaux de communication, pratiquement coupés dans la région.
Cette nouvelle offensive intervient deux jours après l'annonce, samedi, des résultats des élections parlementaires du 21 juin. Le Parti de la prospérité du Premier ministre Abiy Ahmed a remporté une victoire écrasante.
Des combats dans l'ouest de la région
Abiy Ahmed avait lancé, le 4 novembre, une opération militaire dans cette région du nord du pays pour désarmer et capturer les autorités locales dissidentes, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Fin novembre, après la prise de la capitale régionale, Mekele, le gouvernement avait proclamé la victoire. Mais les combats se sont poursuivis pendant huit mois.
Fin juin, l'armée s'est retirée face à une avancée éclair des troupes pro-TPLF, qui ont repris Mekele le 28, ainsi que la majorité du Tigré les jours suivants. Dans la foulée, Addis Abeba a déclaré un cessez-le-feu et retiré l'armée.
D'abord qualifié de "blague" par les forces rebelles, nommées Forces de Défense du Tigré (TDF), le principe de ce cessez-le-feu a ensuite été accepté mais sous conditions : parmi elles, celle du retour des forces amhara et érythréennes "à leurs territoires d'avant-guerre". Durant le conflit, les Amhara se sont emparés de territoires du sud et de l'ouest du Tigré qu'ils revendiquent de longue date.
"Nous avons promis de libérer chaque centimètre carré du Tigré", a prévenu Getachew Reda.
Le Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU a parallèlement appelé mardi les troupes érythréennes à leur "retrait rapide et vérifiable" du Tigré. Mardi matin, une source onusienne a fait état de tirs d'artillerie près d'Emba Madre, localité de l'ouest de la région.
Des travailleurs humanitaires ont également affirmé que des combats ont opposé les TDF à des soldats de l'armée éthiopienne et de l'Amhara dans le camp de réfugiés de Mai Aini, à quelques kilomètres d'Emba Madre.
Des réfugiés de ce camp et du camp voisin d'Adi Harush, qui abritent des Érythréens ayant fui le régime au pouvoir dans leur pays, ont également commencé à fuir à pied, selon ces sources.
Plus de 400 000 personnes ont "franchi le seuil de la famine"
Lauréat du prix Nobel de la paix en 2019, Abiy Ahmed souhaitait obtenir l'onction populaire qui lui faisait défaut en cette période délicate.
L'Éthiopie est touchée par des violences ethniques et le conflit au Tigré a fait des milliers de morts et des millions de déplacés, ternissant son image réformatrice. Selon l'ONU, plus de 400 000 personnes ont "franchi le seuil de la famine" au Tigré mais l'aide humanitaire peine à être acheminée dans la région.
Lundi soir, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé qu'un convoi de 50 camions était arrivé à Mekele.
À Bruxelles, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a appelé lundi ses membres à considérer l'adoption de sanctions contre le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, affirmant que la situation "n'a jamais été pire" au Tigré.
De leur côté, les États-Unis, alliés traditionnels de l'Éthiopie, ont à nouveau affirmé lundi que des "actes de nettoyage ethnique" ont eu lieu au Tigré et appelé toutes les parties à protéger les civils.
Avec AFP