Comme chaque année à cette époque, le restaurant parisien Drouant, haut lieu de l'actualité littéraire, accueille les cérémonies de remise des prix Goncourt et Renaudot.
La saison des prix littéraires s’est ouverte jeudi avec le Grand prix du roman de l’Académie française, décerné à Paul Michon pour "Les Onze" et, plus largement, pour l’ensemble de son œuvre. Elle se poursuit, lundi, avec l’attribution des prix Goncourt et Renaudot, avant le Médicis, le 4 novembre, le Femina le 9, et l’Interallié le 10.
Prix Goncourt : le cru 2009 respecte la parité
Deux hommes et deux femmes sont en lice cette année pour le prix Goncourt - le plus ancien prix littéraire - attribué depuis 1903.
- Marie NDiaye, "Trois femmes puissantes" (Gallimard)
Née d’un père sénégalais et d’une mère française, déjà récompensée par le prix Femina en 2001 pour "Rosie Carpe", Marie Ndiaye, 42 ans, fait figure de favorite pour le Goncourt 2009. Son 11e ouvrage, "Trois femmes puissantes", renoue avec une veine romanesque au contenu tissé d’intrigues multiples. L’auteur fait le récit juxtaposé de trois destins, celui de Norah, de Fanta et de Khadyy, confrontées à des choses qui leur ont été prises, en l'occurrence un frère, un mari et un pays. Les trois histoires sont aussi autonomes que cimentées par une même atmosphère de malaise dans le pays d’origine de l’écrivain, le Sénégal.
-Delphine de Vigan, "Les heures souterraines" (J.-C. Lattès)
itDéjà couronnée par le prix des Libraires en 2008 pour "No et moi", cette romancière de 43 ans, mère de deux enfants, a été cadre dans un institut de sondage avant de vivre de sa plume. Le thème de son dernier roman, "Les heures souterraines", fait écho à la macabre actualité du stress au travail. Il raconte l’histoire de Mathilde, salariée d’une grande entreprise, qui est victime de harcèlement moral. "Un moment de bascule où le travail prend toute la place", a expliqué la romancière sur le plateau de la chaîne France 3.
- Jean-Philippe Toussaint , "La vérité sur Marie" (Éditions de Minuit)
Avec un ton minimaliste et épuré, ce Belge de langue française est l’auteur de neuf romans. Il a été lauréat du prix Médicis 2005 avec "Fuir". À 51 ans, son dernier roman reste dans la veine des deux précédents. "La vérité sur Marie", présenté comme un prolongement de deux de ses précédents ouvrages, traite des liens ineffables qui peuvent parfois relier deux personnes séparées.
- Laurent Mauvignier , "Des hommes"( Éditions de Minuit)
Le roman de ce Tourangeau de 42 ans qui vit aujourd’hui à Toulouse rouvre la plaie que restent, pour beaucoup, les "événements" d’Algérie. Le livre, qui raconte d'abord le quotidien de la guerre du côté d'Oran, se penche ensuite sur les traces laissées par le conflit chez les appelés, "aux remontées d'une mémoire refoulée".
Si le lauréat du Goncourt ne reçoit qu’une somme symbolique de 10 euros en récompense, la notoriété que lui assure le prix lui ouvre les portes du palmarès des meilleures ventes.
Prix Renaudot : la cuvée de l’innovation
Créé en 1925, le prix Renaudot récompense un roman ou un récit au ton ou au style nouveau. Sans dotation, il se veut "une sorte d'anti-Goncourt", relève la revue spécialisée "La République des lettres", sinon son complément. Le prix Renaudot est décerné le même jour et au même endroit - le restaurant Drouant, à Paris - que le prix Goncourt.
Cette année, la liste des lauréats potentiels du Renaudot fait le part belle aux auteurs confirmés. Autre phénomène assez rare pour être souligné : la sélection 2009 n’a retenu aucun ouvrage qui soit en course pour le Goncourt.
Ainsi, Alain Blottière avec " Le tombeau de Tommy " (Gallimard), Marie-Hélène Lafon avec "L’annonce" (Buchet Chastel), Vincent Message avec "Les veilleurs" (Seuil), Jean-Marc Parisis avec "Les aimants" (Stock), et le chroniqueur littéraire multicartes Frédéric Beigbeder avec "Un roman français" (Grasset) sont sélectionnés dans la catégorie roman.
Dans la catégorie Essais concourent trois auteurs : Jérôme Garcin, avec " Les livres ont un visage" (Mercure de France), Gabriel Matzneff avec " Carnets noirs" (Léo Scheer), et Daniel Cordier avec "Alias Caracalla" (Gallimard).
À noter encore une petite nouveauté cette année : pour la première fois, un prix Renaudot du poche sera décerné à un livre récemment paru en poche n’ayant jamais été récompensé.