
À l'exception de Ségolène Royal qui estime que le renvoi de l'ex-président de la République devant la justice "n'est pas bon pour l'image de la France", l'opposition le trouve "normal" et tardif. La droite évoque, pour sa part, un "acharnement".
AFP - Le renvoi de l'ancien chef d'Etat Jacques Chirac devant la justice était qualifié vendredi de "légitime" à gauche, le monde judiciaire et le Front national, tandis que la droite l'a regretté au regard de l'ancienneté des faits reprochés.
Depuis Bruxelles où il participait au Conseil européen, le président Nicolas Sarkozy s'est refusé à commenter cette décision, en invoquant le "principe de séparation des pouvoirs". "Je suis le président de la République, successeur de Jacques Chirac. Si quelqu'un ne peut présenter le moindre commentaire, c'est moi. Quels que soient mes sentiments pour Jacques Chirac, je ne peux faire aucun commentaire", a-t-il insisté.
itLa secrétaire nationale du PS à la justice, Marie-Pierre de la Gontrie, a jugé "légitime" ce renvoi de M. Chirac devant le tribunal correctionnel de Paris dans l'affaire des emplois présumés fictifs de la mairie de Paris.
C'est le signe que "la justice s'applique de la même manière à tous", s'est-elle félicitée, tandis que le porte-parole du PS, Benoît Hamon, y a vu la démonstration de "l'importance de conserver un juge d'instruction indépendant", au moment où le gouvernement veut le supprimer au profit du parquet.
Désireux de n'exprimer "ni joie", "ni affliction", François Hollande a estimé qu'il fallait "laisser la justice travailler".
Ségolène Royal s'est démarquée de ses amis socialistes en faisant valoir, avant l'annonce de la décision, qu'un tel renvoi n'était "pas bon pour l'image de la France". Tout en considérant qu'il fallait que "la justice soit la même pour tous", elle a vu en Jacques Chirac "un homme, quand même, qui mérite d'être tranquille", et a souligné l'ancienneté de ces affaires. M. Chirac a été maire de Paris de 1977 à 1995.
Des arguments aussi entendus à l'UMP, où le porte-parole adjoint, Dominique Paillé, a dit "regretter cette issue", estimant qu'il s'agissait pour M. Chirac d'"une épreuve douloureuse et, pour l'image de la France, pas forcément très positif".
Le député chiraquien Henri Cuq a aussi jugé que l'ancien président "avait le droit de vivre en paix".
Jean-François Lamour, ancien ministre UMP de M. Chirac, l'a défendu en expliquant que "l'acharnement n'est jamais souhaitable", tout comme le patron des députés UMP, Jean-François Copé, ex-ministre aussi de M. Chirac, qui a dit son "respect" et son "affection" pour l'ancien président.
Ancien collaborateur de Jacques Chirac, Bernard Bled, qui a bénéficié d'un non-lieu dans cette affaire, a espéré que ce renvoi en correctionnel soit l'occasion pour l'ancien président de "s'exprimer de manière totale et complète sur les faits qui lui sont reprochés".
D'autres partis d'opposition, tout comme le monde judiciaire, ont cependant salué l'annonce du renvoi de M. Chirac.
Pour Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, "la justice doit faire son travail. Elle doit être la même pour tous". "Ce n'est que justice", "c'est normal", a commenté Noël Mamère (Verts).
Olivier Besancenot (NPA) s'est réjoui, espérant que ce procès sera l'occasion de remettre en cause l'immunité présidentielle dont a bénéficié pendant 12 ans Jacques Chirac, de 1995 à 2007.
Pas question de reprocher à la justice d'avoir tardé à agir, a estimé Eric Halphen, figure emblématique du monde judiciaire. "C'est trop tard, mais ce n'est peut-être pas du fait de la justice", a-t-il dit.
Pour Jean-Marie Le Pen (FN), qui nourrit une haine affichée pour l'ancien président, "il a très longtemps que Jacques Chirac aurait dû aller en correctionnelle". Ce renvoi, a-t-il dit, "me semble être une toute petite partie de ce qui aurait pu lui être reproché".