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Bachar al-Assad remporte un quatrième mandat avec 95 % des voix

Bachar al-Assad a été réélu sans surprise, jeudi, président de la Syrie pour un quatrième mandat. Le scrutin s'est tenu dans les régions sous contrôle du gouvernement et dans un pays en plein marasme économique ravagé par une décennie de guerre.

Bachar al-Assad a été réélu au terme d'une élection fantoche. Lors d'une conférence de presse, jeudi 27 mai, le président du Parlement, Hammoud Sabbagha, a annoncé que M. Assad avait été réélu avec 95,1 % des voix.

Selon M. Sabbagha, 14,2 millions de personnes ont participé au scrutin, sur les 18,1 millions appelés théoriquement à voter, soit un taux de participation de 76,64 %.

Moscou a salué vendredi une victoire "convaincante". La "victoire convaincante du chef de l'État en exercice" est, selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères, "un pas important pour renforcer la stabilité" de la Syrie. La diplomatie russe dénonce au passage les critiques occidentales à l'égard de son allié.

Propulsé au pouvoir en 2000, succédant à son père Hafez, décédé après 30 années d'un règne sans partage, M. Assad avait fustigé les Occidentaux, Washington et les Européens jugeant que l'élection n'était pas libre.

En 2014, il avait obtenu plus de 88 % des voix, selon les résultats officiels.

Alors que le dépouillement des votes prenait fin, des dizaines de milliers de Syriens se sont rassemblés dans plusieurs villes du pays.

Dans la ville portuaire de Tartous (ouest), des foules agitaient des drapeaux et des portraits de Bachar al-Assad tandis que certains dansaient en frappant sur des tambours, selon des images diffusées par la télévision syrienne.

Des milliers de personnes se sont également rassemblées dans la ville côtière de Lattaquié et sur la place des Omeyyades à Damas.   

À Soueida, ville du sud du pays, une foule s'est également rassemblée devant le bâtiment du gouvernorat, tandis qu'à Alep, des hommes achevaient le montage d'une estrade.

Besoins titanesques

Il s'agit de la deuxième présidentielle depuis le début, en 2011, d'une guerre dévastatrice impliquant une multitude de belligérants et puissances étrangères. Né de la répression de manifestations prodémocratie, ce conflit a fait plus de 388 000 morts. Les combats ont aujourd'hui nettement baissé en intensité.

Si officiellement le pays compte un peu plus de 18 millions d'électeurs, leur nombre est en réalité plus bas, la guerre ayant morcelé le pays et entraîné la fuite à l'étranger de millions de personnes. 

Dans un pays aux infrastructures en ruines, Bachar al-Assad se présente comme l'homme de la reconstruction, après avoir enchaîné, depuis 2015, les victoires militaires avec l'appui de ses alliés, la Russie et de l'Iran, reprenant les deux-tiers du territoire.

Les régions autonomes kurdes du Nord-Est ont ignoré le scrutin. Tout comme le dernier grand bastion jihadiste et rebelle d'Idleb (nord-ouest), qui abrite quelque trois millions d'habitants.

Deux personnalités considérées comme des faire-valoir se présentaient face à Bachar al-Assad : l'ex-ministre et parlementaire Abdallah Salloum Abdallah et un membre de l'opposition tolérée par le pouvoir, Mahmoud Mareï.

Le scrutin excluait de facto les figures de l'opposition en exil, très affaiblie, la loi électorale imposant aux candidats d'avoir vécu en Syrie dix ans consécutifs.

"Vos opinions ne valent rien", avait lancé cette semaine M. Assad, à l'adresse des pays occidentaux qui avaient jugé que l'élection n'était "ni libre ni juste".

L'élection est intervenue en plein marasme économique, avec une dépréciation historique de la monnaie, une inflation galopante, et plus de 80 % de la population vivant dans la pauvreté selon l'ONU. 

La Syrie, tout comme M. Assad lui-même, est la cible de sanctions internationales. Et les besoins pour la reconstruction sont titanesques.

Un récent rapport de l'ONG World Vision évalue à plus de 1 200 milliards de dollars (un peu plus de 1 000 milliards d'euros) le coût économique de la guerre.

Avec AFP