Des manifestations ont rassemblé, samedi, des milliers de personnes en Allemagne, en Suisse, en Grande-Bretagne, en Bulgarie ou encore en Autriche pour dénoncer la "dictature" des restrictions sanitaires contre la pandémie de Covid-19. Des heurts ont notamment éclaté avec la police à Londres et dans la ville allemande de Cassel.
Des manifestations dans plusieurs villes d'Europe, avec pour point commun la contestation des mesures sanitaires contre le Covid-19. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées, samedi 20 mars, en Allemagne, en Suisse, en Grande-Bretagne, en Bulgarie ou encore en Autriche pour dénoncer les restrictions contre la pandémie
Dans la ville allemande de Cassel, entre 15 000 et 20 000 personnes ont participé à la manifestation, a déclaré à l'AFP un porte-parole de la police locale.
Des affrontements ont eu lieu quand des contestataires qui s'étaient retrouvés sur une place du centre, serrés les uns contre les autres, sans masques de protection, ont tenté de se frayer un passage à travers un cordon de policiers pour se joindre à d'autres mécontents, a constaté un journaliste de l'AFP. Les forces de l'ordre ont alors fait usage de gaz au poivre pour les disperser.
Ailleurs dans la ville, la police a répliqué à coups de matraque et à l'aide d'un canon à eau à des groupes qui tentaient de franchir des barrières et qui jetaient des bouteilles. Il y a par ailleurs eu des bagarres avec des contre-manifestants.
Le police a notamment accusé les manifestants d'"attaques répétées" contre les secouristes. "Nous ne tolérons pas de telles attaques", a-t-elle ajouté sur Twitter, mettant prématurément fin au rassemblement en raison des violations des règles d'hygiène.
Le mouvement "Querdenker" à l'origine de la manifestation
Lundi, la chancelière Angela Merkel et les dirigeants des 16 États régionaux (länder) se réuniront pour décider d'éventuelles nouvelles mesures alors que l'Allemagne avait pu procéder début mars à quelques assouplissements.
La manifestation de Cassel s'est déroulée à l'appel du mouvement "Querdenker" ou "Anticonformiste", qui a organisé quelques-uns des plus grands rassemblements hostiles aux restrictions sanitaires en Allemagne depuis le début de la pandémie.
Il fédère des membres de l'extrême gauche, des adeptes des théories du complot, des détracteurs de la vaccination ainsi que des partisans de l'extrême droite. "Nous sommes ici aujourd'hui parce que les mesures imposées en Allemagne ne servent plus la population", a dit Helmut, un manifestant de 69 ans.
Beaucoup d'autres villes allemandes avaient connu de tels rassemblements le week-end dernier, mais de moindre ampleur.
L'Allemagne a enregistré, samedi, 16 000 nouveaux cas de contamination et 207 morts de plus, d'après l'Institut Robert Koch pour les maladies infectieuses, alors que la vaccination est trop lente, selon des experts, pour éviter une troisième vague du Covid-19 malgré les mesures restrictives prises des mois durant pour en freiner la propagation.
Au moins 36 personnes arrêtées à Londres
À Londres, ce sont aussi des milliers de personnes qui ont défilé pour protester contre les restrictions sanitaires, après s'être rassemblées à Hyde Park. La police de la capitale britannique a indiqué avoir interpellé au moins 36 personnes, majoritairement pour avoir enfreint les règles en vigueur depuis janvier qui interdisent de sortir sans motif autorisé.
La plupart des personnes arrêtées l'ont été pour violation du confinement, a précisé la police. Depuis début janvier, les habitants de la capitale britannique et d'autres régions d'Angleterre ont interdiction de sortir de chez eux sauf pour un nombre limité de déplacements.
Dans Hyde Park, un groupe de protestataires a lancé des projectiles sur les policiers. "Plusieurs ont été blessés à la suite de ces attaques ciblées", a indiqué dans un communiqué le commissaire adjoint Laurence Taylor, qui a dirigé les opérations de maintien de l'ordre. "Il est totalement inacceptable et triste que des agents chargés d'appliquer une réglementation qui est là pour nous protéger tous deviennent les victimes de ces attaques violentes".
Les restrictions anti-Covid-19 sont en place en Angleterre depuis début janvier. Face à une amélioration de la situation sanitaire, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a promis de les assouplir, et le confinement strict devrait être levé à la fin du mois.
Des pancartes anti-masques ou anti-vaccins
Aux Pays-Bas, où des émeutes avaient eu lieu en janvier après l'instauration d'un couvre-feu, la police a fait usage de canons à eau pour disperser un groupe de 500 personnes rassemblées illégalement sur la place des Musées d'Amsterdam. Les manifestants se sont ensuite déplacés vers un canal où la police a bloqué leur progression. Ils ont été acheminés par cars vers un autre site, selon la chaîne locale AT5.
En Suisse, environ 5 000 personnes ont manifesté dans la ville de Liestal, selon la police. Certains brandissaient des pancartes sur lesquelles était écrit : "Ça suffit !", "Les vaccins tuent".
"Les esclaves modernes portent un masque", pouvait-on par ailleurs lire sur les pancartes que portaient plusieurs d'entre eux tandis qu'un homme arborait sur le visage l'inscription "Masque obligatoire, fermez votre bouche". Ils estiment que le gouvernement suisse a recours à des mesures "dictatoriales" pour imposer les restrictions sanitaires, comme la fermeture des restaurants et des bars.
À Vienne, environ un millier de manifestants, dont certains d'extrême droite, ont défilé avant que la police ne les disperse, selon la presse autrichienne.
Et à Sofia, une manifestation anti-restrictions a rassemblé 500 personnes, nombre d'entre elles ne portant pas de masque.
Avec AFP