Nombreux sont les dirigeants africains à avoir modifié la Loi fondamentale de leur pays afin de conserver le pouvoir... Une pratique qui confine à la coutume. Revue de détails.
ALGÉRIE
Le Parlement vote un amendement constitutionnel en 2008 qui permet au chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika de se représenter autant de fois qu'il le veut. Avant ce changement constitutionnel, une seule réélection était autorisée.
Le président Abdelaziz Bouteflika est élu en 1999, réélu en 2004 et 2009. Le prochain scrutin présidentiel est prévu en 2014.
BURKINA FASO
La Constitution de 1991 est amendée en 2000, limitant le président à deux mandats. L’amendement était effectif lors des élections de 2005, mais comme Blaise Compaoré était le président en exercice en 2000, l’amendement ne s’est appliqué à lui qu’à la fin de son second mandat, ce qui lui a permis de se représenter au scrutin de 2005.
Le président Blaise Compaoré a pris le pouvoir par un coup d’Etat en 1987. Puis il a été élu en 1991, réélu en 1998 et en 2005. Le Burkina Faso doit tenir une élection présidentielle en 2010.
CAMEROUN
Selon la Constitution de 1996, le président ne peut cumuler que deux mandats. Mais l’Assemblée nationale a supprimé toute limitation du nombre de mandats en 2008, permettant ainsi au président Paul Biya de se représenter en 2011.
Paul Biya devient président en 1982. Candidat unique, il est réélu aux scrutins de 1984 et 1988. Il remporte également la première élection à laquelle participent plusieurs partis en 1992, puis est réélu en 1997 et en 2004. La prochaine présidentielle est prévue en 2011.
GABON
La Constitution est modifiée en 2003 pour permettre au président Omar Bongo de se représenter autant de fois qu’il le souhaite.
Omar Bongo prend le pouvoir en 1967; il est élu en 1973, puis réélu en 1979 et 1986. Un système multipartite est instauré en 1991. Bongo est réélu en 1993, en 1998 et encore en novembre 2005. Il meurt en 2009 après 42 ans d’exercice du pouvoir. Son successeur doit être élu lors d’un scrutin en août 2009.
NAMIBIE
La Constitution est amendée en 1999 afin de permettre au président Sam Nujoma d’effectuer un troisième mandat de 1999 à 2004.
Cette mesure ne s’étant appliquée qu’à Nujoma, les présidents sont donc toujours limités à deux mandats de cinq ans chacun.
Le président Hifikepunye Pohamba a succédé à Nujoma en 2004. La prochaine présidentielle est prévue en novembre 2009.
NIGER
L’article 36 de la Constitution de 1999 limitait le nombre de mandats présidentiels à deux quinquennats consécutifs et ne pouvait "faire l'objet d'aucune révision". Grâce au "oui" qu'il a obtenu au référendum du 4 août 2009 portant sur l'instauration d'une nouvelle Constitution, le président Mamadou Tandja peut désormais prolonger son deuxième mandat de trois ans, puis pourra se représenter autant de fois qu’il le souhaite. Pour arriver à ses fins, Mamadou Tandja a dissout le Parlement puis la Cour constitutionnelle qui s’opposaient à ses projets et s'est arrogé des "pouvoirs exceptionnels" pour gouverner par décrets.
Mamadou Tandja a été élu en 1999 et réélu en 2004. La prochaine élection présidentielle était initialement prévue en décembre 2009.
NIGERIA
La tentative de Olusegun Obasanjo de modifier la Constitution a été bloquée par le Parlement en 2006. Il voulait pouvoir se présenter à un troisième mandat. Un président ne peut donc toujours pas cumuler plus de deux mandats de quatre ans chacun.
Olusegun Obasanjo a été chef de l'Etat de 1976 à 1979 et de 1999 à 2007. Le président Umaru Yar'Adua a été élu en 2007. Le prochain scrutin devrait se tenir en 2011.
OUGANDA
La Constitution de 1995 est modifiée en 2005 afin de permettre à un président d’exercer plus de deux mandats. Un système multipartite est institué.
Yoweri Museveni prend le pouvoir en 1986. Il organise une élection en 1996 et la remporte. Puis il est réélu en 2001 et, grâce à l'amendement de la Constitution, en 2006. Le prochain scrutin aura lieu en 2011.
TCHAD
La Constitution adoptée en 1996 est modifiée en 2005, par voie référendaire, pour supprimer la limitation du nombre de mandats. Idriss Deby a donc pu se réprésenter pour un troisième mandat en 2006.
Le président Idriss Deby accède au pouvoir après l’adoption de la nouvelle Constitution en 1996. Il est réélu en 2001 et 2006. La prochaine élection présidentielle doit se tenir en 2011.
TOGO
La limitation des mandats a été supprimée en 2002 pour permettre à Gnassingbé Eyadama d’effectuer un troisième mandat.
Le président Eyadama a pris le pouvoir en 1967; il a été élu en 1972, réélu en 1979 et en 1986. Il remporte aussi la première élection multipartite de 1993, ainsi que celles de 1998 et 2003. Après sa mort en février 2005, l’armée installe son fils Faure Gnassingbé au pouvoir. Suite à des protestations, il démissionne et organise une élection, qu’il remporte. La prochaine présidentielle est prévue en 2010.
TUNISIE
Alors que Zine el-Abidine Ben Ali est élu en 1987 président de la Tunisie, l a Constitution est amendée en 1988 pour limiter le nombre de mandats à deux. Mais en 1998, Zine el-Abidine Ben Ali fait passer un nouvel amendement qui lui permet d’effectuer trois mandats consécutifs. En 2002, la limitation des mandats est abolie et l’âge limite est allongé à 75 ans pour déposer une candidature à la présidence (Ben Ali aura 73 ans en septembre).
Ben Ali accède à la présidence en 1987, il est élu en 1989 et réélu en 1994 en tant que candidat unique. Il remporte l'élection de 1999, la première où d’autres candidats étaient autorisés, avec 99,66% des voix, puis celle de 2004. La prochaine présidentielle se tiendra le 25 octobre 2009.
ZAMBIE
Frederick Chiluba est élu en 1991, puis réélu en 1996. En 2001, il tente de modifier les lois pour pouvoir briguer un troisième mandat mais échoue. Les présidents sont limités à deux quinquennats.
Levy Mwanawasa succède à Chiluba en 2002 mais il meurt en 2008 alors qu’il est au pouvoir. C’est alors Rupiah Banda qui est élu en 2008. La prochaine élection présidentielle est prévu en 2011.