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Les raisons de la colère des salariés de Pôle emploi

Conditions de travail dégradées, chômeurs toujours plus nombreux : neuf mois après la fusion ANPE-Assedic, les employés de Pôle Emploi sont débordés. Les syndicats appellent à la grève, ce mardi.

"On est au bord de l'implosion. Il y a de plus en plus d’agressions physiques et verbales des usagers mécontents. Les signes d’alerte se multiplient, s’alarme Jean-Cyril Le Goff, délégué syndical national UNSA de Pôle emploi. Depuis le début de l'année, on constate une augmentation des arrêts de travail, un nombre croissant de collègues sont sous anxiolytiques. On a eu par ailleurs cinq tentatives de suicide et  un suicide sur le lieu de travail. On va vers le syndrome France Télécom !", poursuit celui-ci.

Rien ne va plus à Pôle emploi depuis la mise en œuvre de la fusion ANPE-Assedic, née juridiquement le 19 décembre 2008, effective depuis le 5 janvier 2009. Pour dénoncer "une fusion trop rapide entre l'ANPE et l'Unedic", sept des neuf syndicats de la maison ont lancé un appel national à la grève, ce mardi.

En cause : "les services dégradés" rendus aux chômeurs, "le management par objectifs", la quantité "insupportable" de demandeurs d'emploi suivis par conseiller, sans compter le recours accru à la sous-traitance à des organismes privés…

Mal-être des salariés et usagers mécontents

Depuis le mariage entre l’Unedic et les Assedic, les employés, qui viennent pour les deux tiers de l'ANPE et d'un tiers des Assedic, tentent de travailler ensemble. Dans cette perspective, ils ont reçu entre trois et sept jours de formation. "C’est insuffisant. On ne peut pas répondre correctement à la demande avec aussi peu de jours de formation !", s’insurge Noel Darcé, secrétaire général du syndicat SNU.

Conséquence : les dossiers d'inscription s'accumulent dans les agences et engendrent un surplus de travail. Aujourd’hui, un conseiller doit s'occuper de 150 demandeurs d’emploi à la fois. Un chiffre qui ne risque pas de s’améliorer, puisque le nombre de nouveaux chômeurs inscrits à Pôle emploi cette année devrait s’élever à 500 000... "Et, cerise sur le gâteau, il n’y a pas assez de bureaux pour chaque salarié !", reprend Noel Darcé, qui constate que les employés sont au bord du "burn-out" et que les chômeurs s’impatientent.

Le Parti socialiste apporte son soutien au mouvement et demande au gouvernement de donner les moyens au service public de l'emploi d'assurer ses missions. Côté direction et gouvernement, on persiste à vanter les mérites de cette réforme voulue par Nicolas Sarkozy. "Je ne ressens pas du tout un 'grand bazar', ni dans la gestion quotidienne de Pôle emploi, ni dans la façon d'y travailler", avait lancé en septembre Christian Charpy, le directeur général de la structure. Un questionnaire sera envoyé aux agents de Pôle emploi au mois de novembre, a déclaré, ce mardi, le secrétaire d'État à l'Emploi, Laurent Wauquiez, qui se dit "pas inquiet, mais vigilant" sur la question du stress au travail.