
Un nouveau Conseil de défense sanitaire Covid-19 se tient, mercredi, à l'Élysée, pour décider de la pertinence d'un troisième confinement ou le maintien d'un couvre-feu à 18 h avec des mesures sanitaires plus strictes. Le choix est à l'étude.
Confinement ? Couvre-feu ? Le nouveau Conseil de défense Covid-19, qui se tient mercredi 27 janvier à l'Élysée, ne devrait pas conduire à l'annonce redoutée d'un troisième confinement, le gouvernement se laissant quelques jours pour trancher sur de nouvelles restrictions acceptables pour les Français. "Le couvre-feu est-il suffisant ou pas ? C'est la question que l'on se pose", résume un conseiller de l'exécutif.
Pour y répondre, le gouvernement attend de pouvoir examiner les résultats de deux études d'impact : l'une sur le couvre-feu à 18 h, l'autre sur la progression des variants du virus, dont les données complètes sont attendues vendredi.
Ces réunions interviennent après la demande d'Emmanuel Macron de mener "une concertation approfondie" au sujet des "différents scénarios" actuellement sur la table, selon le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.
Constatant qu'à date, les effets du couvre-feu à 18 h ne freinaient "pas suffisamment" la propagation du coronavirus, Gabriel Attal a estimé, mercredi 27 janvier, "peu probable" que le cadre actuel de restrictions soit maintenu. Cela pourrait conduire Emmanuel Macron à ordonner dans les jours à venir de nouvelles mesures, jusqu'à "un confinement très serré", selon le porte-parole.

Prochains jours "décisifs"
Les prochains jours seront donc "décisifs", a prévenu une source gouvernementale. La France "reste dans une période ambiguë où la situation sanitaire se dégrade, mais pas de manière exponentielle", résume un cadre de la majorité.
En témoigne l'évolution des données quotidiennes de l'épidémie : le nombre de patients hospitalisés a continué d'augmenter mardi, à 27 005, dont 2 006 malades arrivés au cours des précédentes 24 heures. Selon Santé publique France, 3 071 se trouvaient dans les services de réanimation contre 2 829 une semaine plus tôt.
Par ailleurs, 352 décès supplémentaires ont été répertoriés à l'hôpital au cours des dernières 24 heures, portant le nombre total de morts causées par l'épidémie à 74 106 en France, soit nettement moins qu'au Royaume-Uni, qui a été, mardi, le premier pays européen à passer la barre des 100 000 morts du Covid.
Trafic aérien en question
Le variant anglais, particulièrement contagieux, a représenté 9,4 % des cas dépistés en Île-de-France entre le 11 et le 21 janvier, selon des médecins de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), pour qui sa progression augure d'une prochaine hausse "très significative" du nombre de malades.
Afin de tenter de limiter sa propagation, le Conseil de défense pourrait examiner de nouvelles restrictions pour les déplacements internationaux, alors que l'Allemagne a annoncé, mardi, envisager, comme Israël, de réduire "presque à néant" le trafic international aérien à destination de son territoire.
Le gouvernement se penchera aussi sur les "clauses de revoyure" fixées à la fin du mois, comme celle sur les stations de ski. Jean Castex doit recevoir les élus et professionnels de la montagne lundi prochain.
Vacances scolaires de février
L'hypothèse d'un nouveau confinement a pris de l'épaisseur ces derniers jours sur la base des déclarations alarmantes de certains experts, comme le professeur Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique.
S'il devait être finalement décidé, un troisième confinement ne serait ni comme le premier, au printemps 2020, ni comme le deuxième, à l'automne, "car on en a tiré des enseignements", précise un membre du gouvernement. Il s'interroge d'ailleurs sur l'opportunité de l'appeler encore "confinement" au cas où les restrictions permettraient de garder les écoles en activité et les commerces ouverts avec un protocole sanitaire strict.
Le Pr Delfraissy a avancé l'idée de saisir les vacances scolaires de février "comme une opportunité" pour "décider de fermer les écoles trois semaines au lieu de deux, et de confiner sur cette période". Il s'agit d'une "décision politique", a-t-il cependant précisé.
En attendant, le gouvernement ne cherche pas à "jouer avec les nerfs" des Français, a assuré mardi Christophe Castaner, patron des députés LREM, alors que "nous voyons bien qu'ils ont de plus en plus de mal avec les mesures contraignantes".
L'acceptabilité des mesures est devenue une question centrale pour de nombreux responsables politiques, préoccupés par les émeutes qui se sont produites aux Pays-Bas depuis l'entrée en vigueur d'un "simple" couvre-feu samedi.
"Si nous sommes contraints de mettre en place un nouveau confinement, il faudra avoir les bons mots pour l'expliquer et défendre sa mise en œuvre", prévient un conseiller de l'exécutif.
Conséquences sanitaires, économiques, sociales et psychologiques
Devant les députés, Jean Castex a réaffirmé, mardi, sa stratégie : "Lorsque sont en balance des préoccupations sanitaires et des préoccupations économiques tout à fait légitimes, je prioriserai toujours la santé de nos concitoyens". Mais en prenant "en compte toutes les conséquences économiques, sociales, psychologiques", a-t-il ajouté.
Sur le front de la vaccination, Sanofi a annoncé qu'il allait aider Pfizer et BioNTech à produire leur vaccin contre le Covid-19 et devrait conditionner plus de 100 millions de doses destinées à l'Union européenne d'ici à fin 2021.
Le groupe français va utiliser son usine allemande de Francfort pour mettre en flacon le vaccin, qui lui sera fourni par ses concurrents à partir de juillet, a précisé Paul Hudson, son directeur général, au Figaro.
Mais, à plus court terme, la stratégie vaccinale fera face à un écueil de taille, puisque AstraZeneca ne livrera à la France que 4,6 millions de doses de son vaccin d'ici à fin mars, soit moitié moins qu'attendu, selon le ministère de la Santé.
Au total, près de 1,2 million de personnes (1 184 510 précisément) ont reçu une première dose du vaccin depuis le début de la campagne lancée à la toute fin décembre.
Avec AFP