
La gestion chaotique du gouvernement Bolsonaro est critiquée de toutes parts, alors que le Brésil a franchi, jeudi, le seuil des 200 000 morts liés au nouveau coronavirus. Les spécialistes s'attendent au pire en ce début d'année.
Un nouveau palier est franchi. Le Covid-19 a fait 200 498 morts sur plus de 212 millions d'habitants au Brésil, le deuxième bilan le plus lourd, après les États-Unis, selon des chiffres publiés jeudi 7 janvier.
Mais le dernier bulletin officiel du ministère de la Santé montre d'autres données inquiétantes : un record de nouvelles contaminations (87 843) et pas moins de 1 524 nouveaux décès enregistrés au cours des dernières 24 heures, le deuxième chiffre le plus élevé depuis le début de la pandémie.
Les espoirs de voir la situation s'améliorer en 2021 au Brésil ont été douchés car la campagne de vaccination n'a pas encore débuté, alors que de nombreux pays ont déjà commencé à immuniser leur population, y compris l'Argentine voisine.
"Petite grippe", selon Bolsonaro
Sans compter les dérapages à répétition du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, qui reste dans le déni absolu, minimisant la gravité d'un virus qu'il a qualifié de "petite grippe".
Le Brésil est touché de plein fouet par la deuxième vague de contaminations depuis novembre, et les rassemblements liés aux fêtes de fin d'année n'ont fait qu'empirer la situation. Le nombre de décès causés par le virus a augmenté de 65 % en décembre par rapport novembre et la moyenne de morts quotidiennes de cesse d'augmenter.
Dans les plus grandes villes du pays, comme Sao Paulo, Rio de Janeiro ou Belo Horizonte, le taux d'occupation des lits de soins intensifs est supérieur à 90 %. À Manaus (nord), les cimetières sont à nouveau débordés, avec une augmentation de 80 % des enterrements ces deux dernières semaines. Dans cette métropole nichée au cœur de la forêt amazonienne, on assiste au retour de scènes cauchemardesques d'avril-mai, avec l'installation de chambres frigorifiques de fortune à l'extérieur des hôpitaux pour y entasser les morts.
Malgré l'ampleur de cette crise sanitaire sans précédent, le président Bolsonaro a défié toutes les évidences scientifiques, remettant en cause tour à tour le confinement, les masques de protection, et à présent les vaccins. Il n'a pas hésité à affirmer d'un ton provocateur que les personnes vaccinées pourraient se transformer en "femme à barbe" ou en "crocodile" en raison des effets secondaires.
"Le Brésil est en faillite"
Aucune date précise n'a encore été fixée pour le début de la campagne nationale de vaccination, et le plan présenté par le gouvernement a fait l'objet de nombreuses critiques, aussi bien de la part de spécialistes que d'opposants politiques.
Jeudi, le ministre de la Santé Eduardo Pazuello a estimé que le coup d'envoi pourrait être donné "au mieux le 20 janvier", mais qu'il pourrait être repoussé "à la mi-février ou début mars", selon le délai de l'approbation des vaccins par l'agence régulatrice Anvisa.
Au delà des milliers de familles endeuillées, la crise sanitaire a aussi de terribles conséquences sociales. Le gouvernement a dû mettre fin en janvier au versement des "aides d'urgence" aux 68 millions de Brésiliens les plus pauvres, soit un tiers de la population.
Ce programme a permis au président Bolsonaro de bénéficier d'une bonne cote de popularité, mais au prix d'un déficit public jugé insoutenable. "Le Brésil est en faillite, je ne peux rien faire", a lancé le chef de l'État mardi, à cause de "ce virus, amplifié par les médias".
Avec AFP