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Selon Kouchner, Karzaï serait prêt à tendre la main à son rival Abdullah

En visite en Afghanistan, le ministre français des Affaire étrangères a rencontré le président Hamid Karzaï, qui serait prêt à coopérer avec son principal adversaire, l'ancien chef de la diplomatie afghane Abdullah Abdullah.

REUTERS  - D'intenses tractations diplomatiques sont en cours à Kaboul pour amener le chef de l'Etat afghan Hamid Karzaï à accepter le principe d'un second tour à l'élection présidentielle. Les résultats officiels du premier, organisé le 20 août et émaillé de fraudes massives, restent suspendu à ces tractations, alors que Barack Obama envisage de déployer d'importants renforts pour faire face aux Taliban.

Hamid Karzaï et ses partisans refusent les conclusions de la Commission des plaintes électorales, qui aurait tranché en faveur d'un second tour, disent diplomates et observateurs.

"Ils résistent", résume-t-on de source proche des discussions. "Légalement, on ne voit pas sur quelle base ils pourraient récuser ses conclusions", ajoute-t-on.

Tenue de valider les recommandations de la Commission des plaintes, la Commission électorale indépendante doit ajuster les résultats préliminaires en conséquences et les proclamer, mais la résistance du chef de l'Etat et les tractations entreprises pour l'amener à accepter un second tour ou, à défaut, la formation d'un gouvernement, d'union retardent l'échéance.

Hamid Karzaï n'a pas caché son hostilité à un retour aux urnes et s'est montré critique à l'égard de l'enquête sur les fraudes, dénonçant à demi-mot une ingérence étrangère.

En visite à Kaboul, le ministre français des Affaires étrangères a fait état dimanche matin de quelques progrès, annonçant que le président avait accepté de coopérer avec son principal adversaire du premier tour, le Dr Abdullah Abdullah, pour mettre fin à la crise politique.

"Le moins qu'ils puissent faire"

"Ils ont évoqué tous les deux la nécessité de travailler ensemble", a déclaré Bernard Kouchner à l'issue d'une entrevue avec les deux hommes. "Honnêtement, c'est le moins qu'ils puissent faire", a-t-il souligné.

Hamid Karzaï s'était entretenu la veille par téléphone avec la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.

Outre Bernard Kouchner, le sénateur américain John Kerry s'est également rendu en Afghanistan, où il a invité Barack Obama à ne prendre aucune décision stratégique en l'absence d'interlocuteur légitime à Kaboul.

Un éventuel second tour opposant Karzaï à Abdullah devrait être organisé dans un délai de deux semaines. Les problèmes de sécurité dus à l'insurrection et le début du dur hiver afghan, qui rend de nombreuses routes impraticables, pourraient rendre
très difficile l'organisation d'un nouveau scrutin.

Aleem Siddique, porte-parole de la mission de l'Onu, qui a désigné trois des cinq membres de la Commission des plaintes, a déclaré que des préparatifs étaient en cours en vue d'un possible second tour, avec notamment des mesures pour éviter de
nouvelles fraudes.

Des résultats préliminaires créditent Hamid Karzaï de 54,6% des suffrages. Pour que ce score passe sous le seuil des 50%, nécessaire pour être élu au premier tour, il faudrait que plus de 250.000 bulletins soient invalidés.

Dans un entretien accordé à CNN, Hillary Clinton a jugé un second tour "probable" et a estimé que le président sortant en sortirait vraisemblablement vainqueur.