
Ils ont moins de 30 ans et ils sont de plus en plus nombreux à faire entendre leur voix pour défendre des causes importantes à leurs yeux : liberté d’expression, protection de la planète, aide aux plus démunis… France 24 revient sur ces "millennials" qui se sont distingués ces derniers mois.
Les jeunes se bougent, et l’année 2020 en est la preuve. Les moins de 30 ans s’engagent pour le bien de la planète, les plus démunis ou les droits des femmes, certains n’hésitant pas à défier les personnalités politiques. Voici les "millennials" à suivre en 2021.
Ofelia Fernández, 20 ans, le droit à l’IVG à tout prix
"2020 doit être l’année de la légalisation de l’avortement, tweetait l’Argentine Ofelia Fernandez le 4 novembre. Les droits n’attendent pas." À 20 ans, celle qui est devenue la plus jeune élue du Parlement régional de Buenos Aires – et qui est aussi la plus jeune parlementaire de tout le continent latino-américain – n’a pas hésité à s’élever contre son propre parti pour défendre le projet de loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Cette promesse de campagne du président Alberto Fernandez a d’abord été repoussée mi-mars pour cause de Covid-19, puis ôtée de l’agenda politique en septembre. Mais Ofelia Fernandez (qui n’a aucun lien de parenté avec le président), a maintenu la pression sur le gouvernement. Portée par la mobilisation dite des "foulards verts", qui a vu, à l'initiative des organisations féministes, des milliers de personnes descendre dans les rues de la capitale pour clamer "Aborto legal ya" ("avortement légal maintenant !"), la jeune femme a finalement réussi à remettre le projet de loi à l’ordre du jour.
Le texte, qui prévoit la possibilité d'avorter jusqu'à la quatorzième semaine, a été entériné par les députés le 10 décembre. Il doit encore passer au Sénat en 2021. Ofelia Fernandez, désignée par le magazine Time comme l’une des dix leaders de sa génération, y veillera.
Tony Chung, 19 ans, risque la prison à vie
Il n’a que 19 ans, mais le jeune militant indépendantiste de Hong Kong attire déjà l’attention de nombreux médias, et y compris des pro-Pékin. Surtout depuis l’automne 2019, lorsque, à la faveur des manifestations monstres réprimées par la police, des milliers d’étudiants ont rejoint son mouvement politique, "Student Localism".
À l’image de Joshua Wong, l’engagement de Tony Chung remonte aux années 2010. Le déclic a eu lieu une année plus tôt, "lors d’une toute petite manifestation devant la caserne de l’Armée populaire de libération (APL), pour protester contre la présence militaire de la Chine sur le territoire", a-t-il confié à un média local. Tony Chung avait alors 12 ans, et l’indépendance de Hong Kong est devenue son combat.
Mais depuis la loi sur la sécurité nationale adoptée le 30 juin, le mouvement de Tony Chung a été dissous et il a été arrêté par la police. Inculpé pour "sécession" et "complot" ; il est devenu la première personnalité à être poursuivie en vertu de cette nouvelle loi. Il est depuis placé en détention. Son cas sera jugé le 7 janvier prochain. Il risque la prison à perpétuité.
Les lycéennes écossaises contre la précarité menstruelle
C’est une petite révolution qui s’est jouée en Écosse fin novembre. Les protections hygiéniques sont désormais distribuées gratuitement dans les toilettes des écoles, lycées et universités. Le Parlement écossais a en effet adopté à l’unanimité une loi visant à rendre disponibles tampons et serviettes hygiéniques dans tous les bâtiments publics. Derrière ce combat, on retrouve quatre lycéennes : Elle-Rose Fotheringham, Meredith Rae, Tilly O'Donnell et Abby Reid. Âgées de 16 à 18 ans, elles sont scolarisées au lycée Larbert de Stenhousemuir, au centre de l'Écosse.
C’est en écrivant un article sur la précarité menstruelle pour le journal de l'école que le groupe des "Lady Business" a commencé à sensibiliser l'opinion. Elles ont aussi rempli les distributeurs des toilettes de leur école de produits hygiéniques... et ont même organisé un rassemblement devant le Parlement écossais. Leur action a été saluée par Monica Lennon, la députée qui a présenté le texte de loi.
Les quatre lycéennes espèrent désormais voir de nombreux pays suivre cet exemple, mais aussi des ados prêts à prendre le relais pour parler des règles dans les écoles, sans gêne ni honte.
Marcus Rashford, 23 ans et nouveau héros de l’Angleterre
L’attaquant de Manchester brille sur les pelouses de Premier League anglaise, mais ce n'est pas sur le terrain qu'il a collectionné les récompenses ces derniers mois. Sacré membre de l’ordre de l’Empire britannique, élu sportif de l’année pour la BBC ou encore placé sur la fameuse "liste noire" du football, qui sacre les personnalités influentes au sein de la communauté noire britannique : l'année 2020 restera mémorable pour Marcus Rashford.
C'est grâce à une campagne pour mettre fin à la pauvreté alimentaire chez les enfants que le jeune homme de 23 ans est devenu une icône de la lutte contre les inégalités au Royaume-Uni. Celui qui a grandi dans le quartier populaire de Wythenshawe, dans le nord de Manchester, a même réussi à deux reprises à faire plier le gouvernement britannique de Boris Johnson pour obtenir la prolongation jusqu’à Noël 2021 des "free meals", ces repas gratuits dont bénéficient 1,3 millions d’enfants au Royaume-Uni. Mais Marcus Rashford ne semble pas vouloir en rester là. Son prochain objectif : fournir des livres et favoriser la lecture et l'alphabétisation chez les jeunes de tous les milieux sociaux.
Vanessa Nakate, 24 ans, la graine écolo ougandaise
Militante écologiste, Vanessa Nakate, 24 ans, fait parler d’elle début janvier, lors du forum de Davos, lorsqu'elle donne une conférence de presse sur l’urgence climatique aux côtés de quatre acolytes (Greta Thunberg, Loukina Tille, Luisa Neubauer et Isabelle Axelsson). Sauf que l'agence Associated Press recadre la photo de l'évènement en excluant l'activiste ougandaise. Elle n’hésite pas à réagir en dénonçant un acte de racisme sur Twitter.
Soutenue par les internautes via le hashtag #YouCantEraseMelanin, ("Vous ne pouvez pas effacer la mélanine"), Vanessa Nakate monte au créneau pour rappeler que l'Afrique subit aussi les conséquences du changement climatique. "Lorsque vous allez dans le nord de l’Ouganda, les gens pleurent à cause des longues périodes de sécheresse, dans l’est, ils pleurent à cause des inondations, dans l’ouest, ils pleurent à cause des glissements de terrain", confiait-elle sur France 24.
Fondatrice du mouvement "Rise Up !", destiné à la protection de la planète en Ouganda, la jeune militante a mené une grève de plusieurs mois devant le Parlement ougandais afin de protester contre l'inaction climatique. Elle a également fait campagne à travers l'Afrique, pour y défendre notamment la protection des forêts tropicales en République démocratique du Congo.
Emna Charki, 27 ans, la liberté d’expression jusqu’au bout
Emna Charki est derrière les barreaux. Son crime : avoir publié sur les réseaux sociaux une sourate du Coran, détournée afin d’inciter les gens à se laver les mains contre le Covid-19. En juillet, la justice tunisienne a estimé que la blogueuse de 27 ans avait porté atteinte à l’article 6 de la Constitution, qui stipule que "l’État protège la religion" et "le sacré".
À la veille de son procès, Emna Charki confiait à France 24 vouloir "défendre jusqu'au bout la liberté d'expression", qui figure également dans la Constitution et "assumer le partage de la publication". Elle a été condamnée à six mois de prison.
Landy, le rappeur à clics de 23 ans
Pour ceux qui ne connaissent pas Landy, le rappeur de 23 ans, quelques chiffres : il comptabilise 130 millions de vue sur ses clips sur Youtube, 365 000 d’abonnés sur Instagram, 50 millions de stream en 2020 sur Spotify avec plus de 3 millions d’auditeurs dans 92 pays différents.
Quatre ans après "Assa Baing", le chanteur de Saint-Denis (93) a sorti un nouvel album, "A-One", qui propose 17 titres avec de très belles collaborations : Ninho, Niska, Koba LaD ou encore Soolking sont au rendez-vous. Le succès est déjà assuré : 2 447 231 vues depuis le 18 décembre pour son titre "Ma Werss".
Sa carrière s'est envolée brusquement en 2018 en travaillant avec le rappeur Jul sur le morceau "Si tu savais". Il est depuis érigé en modèle dans sa cité, Juliot-Curie, à Saint-Denis. Passé par la case prison pour des histoires de vol, il a affirmé en 2019 vouloir passer à autre chose dans un entretien au Journal de Saint-Denis. "Si je dois dire quelque chose aux petits, il faut qu’ils écoutent leurs parents. Le vol, ça va te suffire un temps dans ta vie, mais tu ne vas pas vivre de ça toute ta vie". Landy veut désormais montrer l'exemple.