
Budapest et Varsovie se sont opposés, lundi, à la validation du budget de l'UE et le plan de relance massif laborieusement approuvé par les Vingt-Sept en juillet, ouvrant une crise au sein de l'Union en pleine deuxième vague de la pandémie de Covid-19.
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La Hongrie et la Pologne ont mis un veto, provoquant une nouvelle crise au sein de l’UE en pleine deuxième vague de la pandémie de Covid-19. Les deux pays ont en effet bloqué, lundi 16 novembre, le budget de l'UE et le plan de relance massif laborieusement approuvés par les Vingt-Sept en juillet
Lors d'une réunion des ambassadeurs des pays de l'UE, la Hongrie et la Pologne se sont opposés à la mise en place d'un mécanisme permettant de priver de fonds européens les pays accusés de violer l'État de droit (indépendance de la justice, respect des droits fondamentaux).
"La Hongrie a mis son veto au budget, comme le Premier ministre (Viktor) Orban avait prévenu, car nous ne pouvons pas soutenir le projet dans sa forme actuelle liant le critère de l'État de droit aux décisions budgétaires, c'est contraire aux conclusions du sommet de juillet", a déclaré sur Twitter Zoltan Kovacs, porte-parole du gouvernement hongrois.
Âpres négociations
Les eurodéputés et les États membres de l'UE s'étaient accordés début novembre sur ce mécanisme de conditionnalité, une première pour le budget de l'UE. Cet accord, trouvé après d'âpres négociations, avait ouvert la voie à un compromis sur l'ensemble du budget pluriannuel (2021-2027) auquel le plan de relance est adossé.
L'ambassadeur allemand auprès de l'UE, Michael Clauss, dont le pays exerce la présidence semestrielle de l'UE, a déploré ce blocage. "Nous avons déjà perdu beaucoup de temps, face à la deuxième vague de la pandémie et aux graves dégâts économiques engendrés", a-t-il réagi.
"Il est crucial que le paquet tout entier soit adopté rapidement, sinon l'UE sera confrontée à une grave crise", a poursuivi le diplomate, appelant "de toute urgence ceux qui n'ont pas été capables de rejoindre le consensus européen presque atteint aujourd'hui à montrer la volonté nécessaire pour un compromis". "Nous allons poursuivre nos consultations intenses avec toutes les parties impliquées", a-t-il dit.
"Irresponsable"
Le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, s'est voulu optimiste, assurant dans un tweet qu'"une solution sera trouvée dans les toutes prochaines semaines", sans donner de détails.
Manfred Weber, le chef de file du PPE (droite), principal groupe au Parlement européen, a jugé "irresponsable" de priver l'Europe entière de financements en pleine crise, faisant valoir que "si vous respectez l'État de droit il n'y a rien à craindre" sur Twitter.
Les chefs de gouvernement hongrois Viktor Orban et polonais Mateusz Morawiecki, dans le collimateur de Bruxelles pour leurs réformes accusées de saper l'État de droit, avaient écrit une lettre aux dirigeants de l'UE pour contester le mécanisme prévu.
Le critère de l'État de droit "n'est qu'un prétexte (...), il s'agit d'un asservissement institutionnel, politique, d'une limitation radicale de la souveraineté", avait dénoncé, lundi matin, le ministre polonais de la Justice, Zbigniew Ziobro, qui appartient à l'aile dure du gouvernement.
Les ambassadeurs des 27, réunis lundi après-midi, devaient se prononcer sur deux questions requérant l'unanimité : l'approbation du budget pluriannuel et une décision autorisant l'UE à augmenter ses ressources pour emprunter afin de financer le plan de relance.
Conséquences
Sur cette dernière décision, "les ambassadeurs de l'UE n'ont pas atteint l'unanimité nécessaire (...) en raison des réserves exprimées par deux États membres", a indiqué sur Twitter Sebastian Fischer, le porte-parole de la présidence allemande de l'UE.
Le mécanisme liant le versement des fonds européens au respect des valeurs démocratiques a, quant à lui, été approuvé sans encombre, la majorité qualifiée suffisant.
"Si le blocage persiste, il y aura des conséquences politiques pour la Hongrie et la Pologne, même si on ne peut pas les expulser de l'UE", a réagi un diplomate européen.
Le Polonais Donald Tusk, président du PPE, a réclamé l'exclusion de cette formation du parti de Viktor Orban pour sanctionner son veto, une procédure qui s'est par le passé heurtée à la puissante CDU d'Angela Merkel.
Les chefs d'État et de gouvernement européens s'étaient mis d'accord en juillet, au terme de quatre jours et quatre nuits d'un sommet marathon, sur un plan de relance qualifié d'"historique" pour faire face à la crise du Covid. D'un montant de 750 milliards d'euros, il est lié à un budget pluriannuel (2021-2027) de plus de 1 000 milliards d'euros.
Après l'échec de lundi, la recherche d'une solution sera discutée lors d'une réunion des ministres des Affaires européennes mardi, deux jours avant un sommet, officiellement consacré à la lutte contre la pandémie.
Avec AFP