Les États-Unis ont annoncé avoir interpellé, jeudi soir, à Los Angeles, un ancien ministre de la Défense du Mexique, Salvador Cienfuegos, apparemment impliqué dans une affaire de trafic de drogue.
Les États-Unis détiennent depuis jeudi 15 octobre un ancien ministre de la Défense du Mexique, Salvador Cienfuegos apparemment impliqué dans une affaire "de trafic de drogue".
Vendredi, le président mexicain, André Manuel López Obrador (AMLO), a confirmé le contexte de cette arrestation réalisée à Los Angeles, sans toutefois préciser les motifs délictueux de l'arrestation surprise du général en retraite Cienfuegos à son arrivée à Los Angeles.
Les autorités américaines devraient, selon AMLO, livrer ultérieurement les détails de cette arrestation. "Cinq accusations liées au trafic de drogue" pèsent sur le général Cienfuegos, 72 ans, a twitté, vendredi, le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, en précisant qu'il devrait être transféré au tribunal fédéral de Los Angeles (et non à New York comme indiqué par erreur par le ministre mexicain des AE) pour une audience prévue à 20 h GMT.
"C’est déplorable"
Cette arrestation intervient en pleine course à la Maison Blanche, alors que chacun des partis fait les yeux doux à l'électorat hispanique américain composé de 36 millions de Mexicains ou de descendants de Mexicains.
AMLO n'a pas caché son irritation face à la gravité de cet incident. "C'est déplorable qu'un ancien ministre de la Défense soit arrêté et accusé de trafic de drogue", a souligné López Obrador lors de sa conférence de presse matinale quotidienne.
Le président, qui a placé les thèmes sensibles au Mexique de la violence, de la corruption et du trafic de drogue au cœur de son programme gouvernemental, a précisé qu'aucune investigation n'était en cours dans le pays sur l'ancien ministre.
Il a expliqué qu'il y a deux semaines, l'ambassade du Mexique aux États-Unis l'avait déjà informé qu'une enquête était en cours contre Cienfuegos, qui a été secrétaire à la Défense pendant toute la durée de l'administration dirigée par son prédécesseur, Enrique Peña Nieto (2012-2018).
Signe de la "décomposition du régime"
López Obrador a jugé sans précédent cette arrestation à laquelle s'ajoute celle, en décembre 2019, de l'ancien secrétaire à la Sécurité publique mexicaine Genaro Garcia Luna, accusé d'avoir trempé dans le trafic d'au moins 53 tonnes de cocaïne vers les États-Unis et actuellement emprisonné à New York.
"C'est un signe sans équivoque de la décomposition du régime à cette époque, de la dégradation du fonctionnement du gouvernement dans le pays pendant la période néolibérale (...) On pourrait parler d'un narco-gouvernement et sans aucun doute d'un gouvernement mafieux", a déclaré le président de gauche.
Il a soutenu que des personnes qui pourraient être impliquées dans cette affaire au même titre que Cienfuegos sont encore actives au sein de l'armée et "vont être suspendues, renvoyées et, si nécessaire, mises à la disposition des autorités compétentes".
Interrogé par l'AFP sur l'éventualité d'une arrestation de Peña Nieto dans la foulée du général mexicain, Mike Vigil, ancien chef des opérations extérieures de la Drug Enforcement Administration (DEA) américaine, chargée de la lutte contre le trafic de drogue, a estimé que "Cienfuegos dispose de suffisamment d'informations".
"Les procureurs et les agences fédérales sont toujours à la recherche d'informations sur des détenus comme Cienfuegos qui les mèneront à des personnes de son niveau ou de niveau supérieur", a-t-il dit.
Vigil, qui a été en poste au Mexique, a confié qu'il avait à l'époque entendu des "rumeurs" sur Cienfuegos lorsqu'il était secrétaire à la Défense, mais rien de concret.
Avec AFP