Sophie Pétronin, qui est arrivée dans la nuit de jeudi à vendredi à Bamako après sa libération, a fait ses premières déclarations aux journalistes. L'ex-otage est attendue dans la journée en France où elle doit être accueillie par le président Emmanuel Macron.
Sophie Pétronin, la Française libérée au Mali avec trois autres otages malien et italiens, est attendue vendredi 9 octobre en France où elle doit être accueillie par le président Emmanuel Macron.
À Paris, Emmanuel Macron a fait savoir dans un communiqué diffusé par l'Élysée qu'il avait appris "avec un immense soulagement" la libération de Sophie Pétronin. Il a indiqué par la suite sur Twitter avoir "échangé quelques mots par téléphone" avec Sophie Pétronin.
Le président français "remercie tout particulièrement les autorités maliennes pour cette libération", est-il écrit dans le communiqué de l'Élysée. "Il les assure de l'entière volonté de la France de soutenir le Mali dans la lutte qu'il mène avec persévérance contre le terrorisme au Sahel".
Retour à Gao
De son côté, l'ex-otage a déclaré la veille son intention de retourner à Gao (nord) pour s'assurer que l'organisation d'aide aux enfants, qu'elle dirigeait avant d'être enlevée il y a près de quatre ans, continuait à fonctionner convenablement.
"Je vais aller en France en Suisse et après je vais revenir voir un peu ce qui se passe ici", a-t-elle déclaré dans une rencontre avec des journalistes à l'ambassade de France à Bamako. "J'ai pris l'engagement pour les enfants, ça fait presque quatre ans que je n'ai pas vu comment se déroulent les programmes", a-t-elle dit en invoquant les actions de son organisation contre la malnutrition et en faveur des enfants orphelins.
Elle s'est dite heureuse d'avoir appris que son assistant avait pu prendre la relève en son absence. "Il faut quand même que j'aille jeter un œil et les saluer parce que j'ai pris cet engagement. Si vous prenez un engagement, allez au bout de votre engagement, sinon vous aurez perdu votre raison d'être sur cette terre", a-t-elle ajouté.
"Aucune colère"
Son fils, Sébastien Chadaud, arrivé mardi à Bamako et présent à ses côtés, a réfréné son ardeur en annonçant que cela se ferait "en toute sécurité". "Attends-toi à ce que je cadre certaines choses, tu n'iras pas où tu veux", a-t-il dit après s'être beaucoup investi en sa faveur.
Sophie Pétronin a expliqué que son premier désir, en arrivant à Bamako, avait été de dire "Pardonne-moi" à son fils à qui elle affirme avoir donné "beaucoup de peine, des soucis, du travail pour m'aider à sortir de là où j'étais". A-t-elle pensé ne jamais revenir ? "Non. Au fond de moi, j'ai toujours été sûre et certaine que je retournerai [chez moi, NDLR] et je me suis dit, surtout, n'accorde pas d'importance à la mort, parce que tu ne sais pas où, quand et comment elle arrivera."
"Ma mère, c'est un roc", a commenté, ému, son fils. "Ce n'est pas la peine de me demander pardon", lui a-t-il dit avant de l'embrasser sur le front.
Sophie Pétronin a par ailleurs déclaré n'éprouver "aucune colère". Dans un entretien distinct avec l'AFP et Radio France Internationale, elle a dit faire "partie de la famille gaoise" [de Gao] et esquissé une vision dédramatisée de ce qu'avait été sa captivité.
Le temps lui a paru "un peu" long, "mais j'ai transformé la détention, si on peut dire, en retraite spirituelle". "J'étais dans l'acceptation de ce qui m'arrivait et je n'ai pas résisté, et puis voilà je m'en suis sortie", a-t-elle raconté. Cela "se passait bien, l'air était sain […]. Je me suis accrochée, j'ai tenu, j'ai beaucoup prié, parce que j'avais beaucoup de temps, je me suis promenée, j'ai bien mangé, j'ai bien bu, de l'eau fraîche hein !".
"Tiens bon"
Elle a indiqué qu'elle pouvait écouter la radio et que ses gardiens, sur lesquels elle n'a pas fourni de précisions, lui faisaient passer des messages ou des vidéos, comme celle dans laquelle son fils lui disait : "tiens bon". Elle lui a rendu hommage : "Mon fils est un battant, mais dans la famille, nous sommes tous des battants".
Elle s'est gardée de parler de ses gardiens comme de "jihadistes". "Appelez-les comme vous voulez, moi je dirais que ce sont des groupes d'opposition armés au régime", a-t-elle expliqué. Elle a invoqué des accords passés qui n'auraient pas été tenus et qui provoqueraient les hostilités actuelles.
Gouvernement et groupes armés "trouveront le chemin pour la paix, je leur souhaite en tout cas vivement", a-t-elle déclaré. Elle s'est dite en "pleine forme".
Avec AFP