La police biélorusse a arrêté environ deux cents personnes lors d'un nouveau rassemblement d'opposition de dizaines de milliers de personnes dimanche contre le président Alexandre Loukachenko, qui a prêté serment en catimini cette semaine, malgré un mouvement de contestation sans précédent.
Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche 27 septembre pour le septième week-end consécutif en Biélorussie afin de demander le départ du président Alexandre Loukachenko.
Alexandre Loukachenko est confronté depuis la présidentielle du 9 août à une contestation historique, des dizaines de milliers de personnes sortant dans la rue chaque dimanche à Minsk pour dénoncer sa réélection jugée frauduleuse, en dépit de la répression policière.
Quelque 100 000 personnes défilaient sous la pluie à Minsk, selon des journalistes de l'AFP sur place, dont des athlètes connus, un nombre comparable aux semaines précédentes. Le ministère de l'Intérieur a indiqué avoir arrêté environ 200 personnes.
Selon l'ONG Viasna, la police a utilisé du gaz lacrymogène à Gomel, deuxième ville du pays, et des grenades assourdissantes à Moguilev (Est). Des affirmations démenties par le ministère de l'Intérieur.
"Nous avons élu notre présidente", a déclaré à l'AFP la manifestante Eleonora Naoumova, brandissant un portrait de la dirigeante d'opposition Svetlana Tikhanovskaïa. "Nous ne voulons pas vivre dans un camp de concentration", a ajouté cette designer de 48 ans.
Dans le centre de Minsk, des véhicules blindés ont été déployés et plusieurs stations de métro ont été fermées. Le Palais de l'Indépendance, où siège Alexandre Loukachenko et vers lequel des rassemblements massifs ont convergé dernièrement, était hérissé de barrières et lourdement gardé par la police anti-émeutes. Plusieurs places centrales et des centres commerciaux où des manifestants se sont réfugiés par le passé ont également été fermés.
"Nous sommes des millions"
"Si tout imposteur peut être couronné ici, alors pourquoi pas moi ?", ironise Sergueï Mikhaïlov, 36 ans, affublé d'une couronne en carton distribuée dans une chaîne de fast-food.
"Nous sommes des millions", a affirmé la rivale d'Alexandre Loukachenko, Svetlana Tikhanovskaïa, dans un message publié dimanche sur les réseaux sociaux pour soutenir les manifestants lors du "50e jour de nos manifestations". "Nous allons gagner", a-t-elle assuré, rappelant la nature "pacifique" du mouvement.
Dès samedi, les autorités ont procédé à quelque 150 arrestations, essentiellement de femmes rassemblées pour protester contre le régime, ainsi que de journalistes.
Réfugiée en Lituanie, l'opposante Svetlana Tikhanovskaïa, 38 ans, revendique la victoire lors du scrutin d'août, après une campagne électorale lors de laquelle cette novice en politique avait galvanisé les foules.
Ces rassemblements surviennent après qu'Alexandre Loukachenko a prêté serment mercredi pour un sixième mandat, provoquant de nouvelles manifestations le jour même. La cérémonie au palais présidentielle n'avait pas été annoncée et s'est déroulée en catimini.
Le président français Emmanuel Macron arrive lundi à Vilnius en Lituanie, où les dirigeants lituaniens attendent son soutien clair contre le régime du Belarus voisin et les pressions russes. "Il est clair que Loukachenko doit partir", avait affirmé Emmanuel Macron dans des déclarations au Journal du dimanche (JDD), publiées dimanche 27 septembre.
Avec AFP