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Villepin dément avoir voulu "régler des comptes" avec Sarkozy

Appelé à la barre du tribunal correctionnel de Paris, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin s'est défendu d'avoir fomenté un "coup tordu" destiné à déstabiliser Nicolas Sarkozy.

AFP - Dominique de Villepin s'est défendu d'avoir voulu "régler des comptes" avec Nicolas Sarkozy, mercredi au procès Clearstream, à l'occasion d'une confrontation où les prévenus se sont mutuellement accusés d'avoir trempé dans cette tortueuse affaire de dénonciation calomnieuse.

"Toute l'histoire de ma relation avec Nicolas Sarkozy montre que je n'ai pas voulu régler de compte et que j'ai fait abstraction des coups qui m'étaient portés", a déclaré M. de Villepin, répondant à ses contradicteurs sur le terrain politique.

"Je veux bien que l'on m'accuse de beaucoup de choses, mais de rivalités, de coups tordus non. Une dénonciation calomnieuse en matière politique a ceci de particulier qu'elle signe la mort de l'homme politique", qui la commet. "Ce serait ne pas avoir le sens de sa propre survie et de l'honneur", a poursuivi l'ancien diplomate, dans une grande envolée.

Une semaine après son audition, Dominique de Villepin s'est trouvé confronté mercredi à ses deux principaux contradicteurs : son coprévenu Jean-Louis Gergorin et le général Philippe Rondot, témoin au procès, qui dès 2003 a enquêté sur les listings Clearstream pour le compte du ministère de la Défense.

L'ancien Premier ministre est soupçonné d'avoir participé à cette machination au cours de laquelle des noms de personnalités, dont Nicolas Sarkozy, ont été ajoutés dans des listings bancaires, afin de faire croire qu'ils détenaient des comptes occultes.

Débuté lundi, le match, courtois mais tendu, entre M. de Villepin et le général Rondot, s'est poursuivi mercredi à la barre, le militaire apportant de solides contradictions à la défense de l'ancien ministre.

Il a notamment réaffirmé que le ministre était intervenu auprès de lui, le 25 mars 2004, pour faire libérer Imad Lahoud, la "source" présumée des faux listings, alors placé en garde à vue pour une affaire d'escroquerie.

"Je n'ai pas demandé la libération d'Imad Lahoud que je ne connaissais pas", a répété M. de Villepin. Dans ses notes, Philippe Rondot "a résumé mes propos en une formule lapidaire, mais ce n'est pas la formule que j'ai moi-même employée", il y a eu une "incompréhension", une "mauvaise interprétation".

Toujours aussi droit dans ses bottes, le général Rondot a tenu son cap: "je ne suis pas un serpent avec un joueur de flûte".

Les contradictions restent intactes lorsqu'est abordée la réunion du 9 janvier 2004. Durant cette rencontre en présence du vice-président d'EADS Jean-Louis Gergorin, Dominique de Villepin aurait demandé au général Rondot d'enquêter sur les listings Clearstream en se recommandant d'instructions du président Jacques Chirac. Par ailleurs, le nom de Nicolas Sarkozy aurait été cité en lien avec l'affaire.

"Nous n'avons pas évoqué, à aucun moment, Nicolas Sarkozy à cette réunion comme titulaire d'un compte Clearstream", a martelé l'ancien ministre. Et "je n'ai jamais (...) utilisé la parole du président de la République, il y a eu un malentendu". Selon lui, ce n'est rien d'autre qu'"une interprétation qui a été sollicitée durant l'instruction".

Et de se raccrocher aux notes de Philippe Rondot: "le général le dit bien, ce n'était pas une réunion de comploteurs, je ne lui ai pas demandé de venir avec ses fiches bristol et son petit crayon pour être le scribe d'un ministre qui complote!"

Plus tôt, dans une ambiance tout aussi dissipée, Jean-Louis Gergorin et son ancien employé Imad Lahoud avaient eux-mêmes été confrontés au général. Une confrontation bien peu favorable au mathématicien, dont la repentance tardive et les dénégations farfelues paraissaient mercredi peu crédibles.

Reprise du procès lundi, avec la fin des témoignages, avant les plaidoiries des parties civiles.