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États-Unis : un mort à Portland en marge des heurts entre manifestants antiracistes et pro-Trump

Une personne a été tuée par balles, samedi, à Portland, dans le nord-ouest des États-Unis, lors d'une soirée de heurts entre des manifestants antiracistes et des partisans de Donald Trump. La victime portait une casquette "Patriot Prayer", un groupe local d'extrême droite.

Portland, dans le nord-ouest des États-Unis, a été de nouveau le théâtre de heurts entre manifestants antiracistes et des partisans de Donald Trump, samedi 29 août. Une personne a été tuée par balles dans des circonstances confuses.

Cette ville de l'Oregon est le lieu de manifestations quotidiennes contre les violences policières aux États-Unis depuis la mort de George Floyd, un quadragénaire noir asphyxié sous le genou d'un policier blanc, en mai dernier. Le mouvement a été ravivé depuis que Jacob Blake, un autre Afro-Américain, a été grièvement blessé, le 23 août, par des tirs de la police à Kenosha dans le Wisconsin. 

Plusieurs centaines de voitures conduites par des partisans du président américain, avec drapeaux des États-Unis et drapeaux pro-Trump, ont convergé de façon organisée en file sur Portland samedi, y compris dans le centre-ville. Là se trouvaient des manifestants du mouvement Black Lives Matter, ce qui a donné lieu à des échanges d'insultes, des altercations et des tirs de paintball d'au moins un partisan pro-Trump, et des jets de bombes lacrymogènes, selon des images amateurs. 

Arrestations et tirs mortels

La police locale a rapporté "des violences entre manifestants et contre-manifestants" et indiqué que des policiers étaient "intervenus" et avaient "procédé dans certains cas à des arrestations". 

Les tirs mortels ont eu lieu à 20 h 45 locales environ dans le centre-ville, a affirmé la police dans un communiqué, ajoutant qu'une enquête pour homicide était en cours. 

Des policiers "ont entendu des tirs venant du quartier [...] et ont trouvé sur place une victime touchée par balle à la poitrine", précise le communiqué. 

On ignore dans quelles circonstances cet homme a été touché, et si sa mort était liée aux manifestations. Selon des photographies, l'homme décédé portait une casquette "Patriot Prayer", un groupe local d'extrême droite actif contre les manifestations antiracistes, qui se déroulent à Portland depuis trois mois. 

"Envoyez la Garde nationale !" 

Donald Trump a réagi par des dizaines de tweets et retweets dimanche matin, critiquant l'action du maire démocrate de Portland, Ted Wheeler, et son refus d'appeler la Garde nationale. Et de dénoncer ce qu'il considère être le laxisme des villes gérées par les démocrates face à la délinquance et à la violence, la police étant une responsabilité locale dans le pays. 

"Notre grande Garde nationale pourrait résoudre ces problèmes en moins d'une heure", a-t-il affirmé. 

À Portland, "ils continuent de refuser n'importe quelle forme d'aide du gouvernement pour stopper les actes de violences qui se déroulent depuis près de 90 jours", a renchéri le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, Chad Wolf, sur la chaîne ABC.   

Donald Trump, qui joue sa réélection le 3 novembre, avait adressé lors de son discours d'investiture à la convention républicaine le même message de rétablissement de l'ordre. Il se rendra, mardi, à Kenosha, où un jeune homme de 17 ans est accusé d'avoir tué deux personnes par balles dans les émeutes qui ont suivi les tirs sur Jacob Blake.  

Incitation à la violence 

De son côté, le candidat démocrate à la Maison Blanche, Joe Biden, a accusé Donald Trump d'"encourager la violence". 

"Peut-être croit-il que tweeter sur la loi et l'ordre le rend fort", a déclaré l'ancien vice-président dans un communiqué, "mais son incapacité à appeler ses partisans à cesser de chercher le conflit est révélatrice de sa faiblesse". 

Son équipe de campagne a fait savoir, dimanche soir, que le candidat démocrate prononcerait un discours lundi pour poser une question aux électeurs selon elle cruciale à l'approche du scrutin : "Êtes-vous en sécurité dans l'Amérique de Donald Trump ?".

Le maire de Portland a envoyé une lettre ouverte à Donald Trump, vendredi, pour dénoncer sa "politique de division et de démagogie". "Nous savons que vous en êtes venus à la conclusion que les images de violences et de vandalisme sont votre seul passeport vers la réélection", a écrit Ted Wheeler.  

Le président "voit la violence, et sa capacité à l'aggraver encore plus comme un atout pour sa campagne", a renchéri le parlementaire démocrate Adam Schiff dimanche sur CNN. 

Avec AFP