
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko, réélu le 9 août au terme d'un scrutin jugé truqué par ses adversaires, s'est dit prêt, lundi, à d'éventuelles modifications de la Constitution, en vue d'un partage du pouvoir.
Le pouvoir est-il en train de céder ? Le président biélorusse Alexandre Loukachenko, réélu le 9 août au terme d'un scrutin jugé truqué par ses adversaires, s'est déclaré, lundi 17 août, prêt à partager le pouvoir. Le chef de l'État a promis qu'une nouvelle élection présidentielle aurait lieu après une réforme de la Constitution, rapporte l'agence de presse RIA. "Soumettons-la par référendum, adoptons la Constitution et je vous transmettrai le pouvoir (...) Mais pas sous la pression et pas par la rue", a-t-il déclaré.
Alexandre Loukachenko avait exclu quelques heures plus tôt la tenue d'un nouveau scrutin. Cette apparente concession intervient juste après des déclarations de la cheffe de file de l'opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, réfugiée en Lituanie, se disant prête à diriger le pays.
"Nous avons déjà eu des élections. À moins que vous ne me tuiez, il n'y aura pas d'autre scrutin", avait ainsi assuré plus tôt Alexandre Loukachenko, lors d'une visite lundi dans l'usine Minsk Automobile.
Des milliers de manifestants ont convergé lundi matin vers les locaux de cette entreprise publique, où le président s'est rendu en hélicoptère pour discuter avec des travailleurs en grève. Le président contesté a également relativisé l'impact des mouvements de grève. "Ceux qui veulent travailler, laissez-les travailler. S'ils ne veulent pas travailler, eh bien, nous ne les forcerons pas", a-t-il précisé.

Dans la soirée, au moins 5 000 personnes ont manifesté à Minsk, la capitale, au cris de "Va-t'en !". Les protestataires ont aussi scandé le nom de "prisonniers politiques" devant l'un des centres de détention de la capitale, exigeant leur libération.
Ils ont également exprimé leur soutien à Pavel Latouchko, ancien ministre de la Culture et directeur du théâtre académique d'État, limogé lundi pour avoir appelé publiquement à de nouvelles élections et au départ d'Alexandre Loukachenko. Selon les médias locaux, plusieurs membres de sa troupe ont démissionné par solidarité.
Ouverture d'une enquête sur la répression des manifestants
Alors que la Russie s'est déclarée prête à fournir, si nécessaire, une aide militaire à la Biélorussie dans le cadre des accords de défense qui les lient, la Lituanie voisine a estimé lundi par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Linas Linkevicius, qu'un tel déploiement constituerait "une invasion injustifiée à la fois sur le plan légal, moral et politique".
Du côté de l'Union européenne, dont neuf États membres se sont dits favorables à des sanctions, le président du Conseil, Charles Michel, a annoncé la convocation, mercredi, d'une réunion des Vingt-Sept pour évoquer la situation en Biélorussie.
L'Union européenne a en outre demandé, lundi, l'ouverture d'une enquête sur la répression des manifestations. "Ces manifestations pacifiques avaient des revendications claires : la libération de toutes les personnes détenues illégalement, le jugement des responsables de brutalités policières et la tenue d'un nouveau scrutin présidentiel", a assuré Josep Borrell, porte-parole de la diplomatie européenne, dans un communiqué. "Les chiffres montrent clairement que la population biélorusse veut du changement et le veut maintenant. L'UE les soutient", a-t-il ajouté.
L'OSCE propose une médiation
La présidence de l'Organisation pour la Sécurité et le Coopération en Europe (OSCE) a pour sa part proposé lundi une médiation au président Loukachenko afin d'instaurer un "dialogue ouvert et constructif", selon un communiqué.
"Une offre officielle de visite du président en exercice de l'OSCE, le Premier ministre de l'Albanie, Edi Rama (...) a été soumise au gouvernement afin de le rencontrer, lui et les représentants de l'opposition", a indiqué l'organisation, basée à Vienne, en Autriche, sur son site internet.
"Nous réitérons nos préoccupations concernant le déroulement de l'élection présidentielle du 9 août 2020, qui n'a pas pu être observée par l'OSCE, ainsi que concernant l'usage disproportionné de la force à l'encontre des manifestants pacifiques, les détentions généralisées et les allégations de torture par les forces de sécurité", a ajouté l'OSCE.
Avec Reuters et AFP