À l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle, les tests Covid sont obligatoires depuis le 1er août pour les voyageurs en provenance de 16 pays très touchés par l'épidémie. Les passagers qui n'ont pas été testés avant l'embarquement doivent désormais être dépistés sur place. Reportage.
"Je suis désolé, mais votre test Covid n'est plus valable. Merci de vous mettre de ce côté pour être testé". C'est ainsi qu'a été accueilli Rob, un Américain originaire de Californie du Nord, à son arrivée à l'aéroport de Roissy Paris-Charles-de-Gaulle (CDG), mardi 4 août, après un vol transatlantique de 11 heures.
"La question de savoir si le test devait avoir été réalisé 72 heures avant l'embarquement ou avant l’atterrissage n'était pas très claire. Un autre agent des douanes a vérifié la date et l'heure de mon test, et m'a finalement laissé passer", explique à France 24 ce passager, qui voyage régulièrement en Europe.
Comme Rob, tous les autres passagers du vol AF87 originaire de San Francisco étaient tenus de présenter aux autorités douanières françaises un test Covid négatif réalisé moins de 72 heures avant l'embarquement. A défaut, ils ont dû se soumettre à un test Covid PCR (c'est-à-dire par prélèvement nasal) avant de franchir la douane.
Les autorités françaises imposent, en effet, depuis le 1er août des tests Covid obligatoires pour tous les passagers en provenance de 16 pays situés en zone dite "écarlate", où le virus circule amplement. Seuls les Français de retour dans leur pays, les étrangers établis en France ou les personnes se déplaçant pour motif professionnel peuvent voyager depuis ces destinations ; le simple tourisme n'est pas autorisé. Cette liste, qui doit être réactualisée toutes les deux semaines, comprend actuellement les États-Unis, le Brésil, l'Algérie, la Turquie, l'Inde, Israël, l'Afrique du Sud, le Koweït, Bahreïn, les Émirats Arabes Unis, Panama, Madagascar, le Pérou, Qatar, Oman et la Serbie.
"C'est rassurant de savoir que la plupart des passagers qui étaient dans l'avion avaient déjà obtenu un test négatif avant d'embarquer", confie à France 24 Josselin Lefrançois, un entrepreneur français habitant à San Francisco, de retour pour voir sa famille.
"Et puis c’est une bonne chose que l’on puisse bénéficier de tests Covid gratuits à l'arrivée. Certains laboratoires américains prennent du retard, parfois jusqu'à six jours, pour envoyer les résultats. Et les tests peuvent coûter très cher", ajoute le Français, qui a payé 250 dollars pour son test à San Francisco.
Des centres de test Covid gratuits sont accessibles sur la base du volontariat depuis le mois de juillet à l'aéroport Charles-de-Gaulle. Deux centres de dépistage sont ainsi situés près de la porte des arrivées aux terminaux 2E et 2A. Le troisième centre Covid est installé près des rampes de restitution des bagages, avant la douane, au terminal 2E. C'est vers ce centre que sont orientés les passagers originaires des pays "écarlates" n'ayant pas pu justifier d’un test Covid avant leur embarquement.
Pas de quatorzaine obligatoire en France
La méthode de prélèvement est la même dans les trois centres. Le passager présente une pièce d'identité et remplit un formulaire avec ses coordonnées et une adresse email. Il passe ensuite dans des petites cabines en préfabriqué où l'attend une équipe médicale en tenue de protection complète — masque, charlotte, blouse et gants. Un écouvillon — une sorte de longue tige très fine — est enfoncée profondément dans les narines du passager pour faire un prélèvement, qui est ensuite envoyé à un laboratoire. Un processus de quelques secondes, désagréable sans toutefois être douloureux. Les résultats sont ensuite envoyés par email à la personne testée entre 24 et 48 heures.
Les centres de dépistage installés près de la porte des arrivées sont très prisés des voyageurs, qui ont prévu de prendre l'avion depuis l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle vers des destinations étrangères où un test négatif est requis.
"Je prends l'avion pour Conakry [la capitale de la Guinée] le 7 août. Les autorités guinéennes exigent un résultat négatif de test Covid avant de vous laisser entrer sur le territoire. J'emmenais mon garçon à l'aéroport pour son vol aujourd'hui, et c'était la bonne occasion de faire ce test", explique à France 24 Amadou Sylla, après son prélèvement.
Ce système exigeant des passagers qu'ils aient fait un test Covid avant leur embarquement tend à se généraliser. Un pays comme le Maroc exige même deux tests à l'entrée de son territoire: un PCR par prélèvement nasal et un test sérologique par prise de sang.
Rien de tel pour le moment en France, où les passagers originaires des pays "écarlates" sans tests Covid récents peuvent tout de même entrer sur le territoire français. Le test Covid à l'arrivée est bien obligatoire pour eux mais, une fois ce dernier réalisé, ils passent la douane comme les autres sans attendre les résultats.
"Ils doivent montrer leurs papiers et remplir un formulaire avec leurs coordonnées en France (...) Si le test est positif, ces personnes rentrent dans le dispositif de 'contact tracing' et on leur demande aussitôt de s'isoler", explique Alice Feauveaux, responsable presse à l'Agence Régionale de Santé (ARS).
Un système basé sur le civisme et la bonne volonté qui reste donc beaucoup moins strict que les véritables "quatorzaines" imposées aux voyageurs étrangers dans plusieurs pays asiatiques, comme Hong Kong ou la Corée du Sud.