logo

Visé par une enquête pour corruption, l'ancien roi Juan Carlos quitte l'Espagne

Dans une lettre adressée à son fils, le souverain Felipe VI, l'ancien roi d'Espagne, Juan Carlos, a annoncé sa décision de quitter le pays. Soupçonné de corruption, il est sous le coup d'une enquête de la Cour suprême.

L'ancien roi d'Espagne Juan Carlos, visé par une enquête du Tribunal suprême espagnol pour des soupçons de corruption, va quitter le pays, a annoncé la Maison royale lundi 3 août.

Plusieurs médias locaux, tels les journaux El Español ou El Mundo indiquent que Juan Carlos a déjà quitté le territoire pour une destination encore inconnue.

"Guidé à présent par la conviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que Roi, je t'informe de ma décision réfléchie de m'exiler, en cette période, en dehors de l'Espagne", a écrit l'ancien souverain cité dans le communiqué de la Maison royale, où le roi Felipe VI accepte et le remercie pour sa décision.

Juan Carlos explique à son fils sa décision par la volonté de "faciliter l'exercice de (ses) fonctions", devant "les conséquences publiques de certains événements passés de (sa) vie privée", une allusion transparente à l'enquête ouverte contre lui.

Son avocat, Javier Sanchez-Junco, a précisé dans un communiqué que l'ancien monarque ne cherchait pas à échapper à la justice en s'exilant mais restait à la disposition du parquet. Cependant, le vice-président du gouvernement, Pablo Iglesias, a dénoncé sur Twitter une "fuite" que le chef du parti anti-monarchiste Podemos juge "indigne d'un ex-chef d'État".

La huida al extranjero de Juan Carlos de Borbón es una actitud indigna de un ex Jefe del Estado y deja a la monarquía en una posición muy comprometida. Por respeto a la ciudadanía y a la democracia española, Juan Carlos I debería responder por sus actos en España y ante su pueblo

— Pablo Iglesias ???? (@PabloIglesias) August 3, 2020

Un contrat litigieux avec l'Arabie saoudite

Le parquet du Tribunal suprême a ouvert en juin une enquête sur Juan Carlos pour déterminer si l'ancien roi pouvait faire l'objet d'investigations dans un dossier de corruption présumée lors de l'attribution d'un contrat de train à grande vitesse par l'Arabie saoudite.

Le parquet du Tribunal suprême cherche à savoir si l'ancien monarque peut être inclus dans ce dossier, alors qu'il était protégé par son immunité jusqu'au moment de son abdication en faveur de son fils Felipe, en juin 2014.

Cette procédure dérive d'une enquête menée par le parquet anti-corruption espagnol sur la deuxième phase d'un contrat concernant une liaison à grande vitesse entre la Mecque et Médine, en Arabie saoudite, qui avait été attribué à un consortium d'entreprises espagnoles en 2011.

La Tribune de Genève avait rapporté en mars que Juan Carlos aurait reçu 100 millions de dollars de feu le roi d'Arabie saoudite Abdallah en 2008.

Âgé de 82 ans, Juan Carlos n'a jamais fait aucun commentaire sur ces allégations.

Avec AFP et Reuters