Plusieurs manifestants ont été arrêtés vendredi à Harare, lors d'une manifestation contre la corruption et la crise économique au Zimbabwe. Le mouvement de protestation avait été interdit la veille par les autorités.
Alors que l’opposition avait appelé à manifester, vendredi 31 juillet, contre la corruption et la crise économique au Zimbabwe, les rues de la capitale Harare étaient néanmoins quasi désertes dans la journée, après les avertissements formulés par les forces de l’ordre. La police et l'armée, sur le pied de guerre depuis la veille, menaient des contrôles aux quatre coins de la ville.
La plupart des habitants d'Harare sont restés chez eux. Dans le quartier d'affaires, des policiers en tenue anti-émeute étaient présents quasiment à chaque carrefour.
Jeudi, les autorités avaient en effet rappelé l'interdiction de ces manifestations anti-gouvernementales et averti que les forces de sécurité "en alerte", n'hésiteraient pas à intervenir. Quelques manifestants ont cependant osé descendre dans la rue. Plusieurs ont été arrêtés, à l’instar de l’écrivaine Tsitsi Dangarembga.
Plusieurs arrestations
En lice pour le prestigieux prix littéraire britannique, le Booker Prize, l'auteure zimbabwéenne a été arrêtée pendant la manifestation qui a été interdite par les autorités.
À 61 ans, munie de pancartes, celle qui est retournée dans son pays après des études en Angleterre manifestait à Borrowdale, un quartier chic de la capitale zimbabwéenne.
Réclamant notamment la libération d'un journaliste qui avait appelé à manifester, Tsitsi Dangarembga a été embarquée dans un camion de police avec un autre manifestant, a constaté un photographe de l'AFP.
"Arrêtée! À Borrowdale. Espère que ça ira", a-t-elle tweetté peu après son arrestation.
Arrested! At Borrowdale. Ope it will be OK
— Tsitsi Dangarembga (@efie41209591) July 31, 2020D'autres arrestations ont eu lieu, dont celle de l'avocate et porte-parole du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, principal parti d'opposition) Fadzayi Mahere.
Sur Facebook, celle-ci a retransmis en direct des images de son arrestation. On y voit des policiers escalader les barrières métalliques d'un restaurant où elle s'était arrêtée après avoir manifesté, pour venir l'arrêter.
Pour certains, la situation est pire que sous Mugabe
Le gouvernement a intensifié la répression. Le porte-parole de la Zanu-PF au pouvoir, Patrick Chinamasa a récemment qualifié l'ambassadeur américain Brian Nicholls de "voyou", l'accusant d'avoir fomenté ces manifestations anticorruption.
Successeur de Robert Mugabe à la tête du pays après un coup d'État en novembre 2017, le président Emmerson Mnangagwa avait promis de relancer une économie moribonde. Mais certains estiment que la situation est pire encore que sous l'ère Mugabe.
Pays d'Afrique australe, le Zimbabwe est englué depuis une vingtaine d'années dans une crise économique catastrophique, se traduisant par une inflation galopante et des pénuries de nombreux produits de première nécessité.
Selon le Programme alimentaire (PAM) des Nations unies, environ 60 % de la population zimbabwéenne, soit 8,6 millions de personnes, vont se retrouver en situation d'insécurité alimentaire d'ici à la fin de l'année, en raison "des effets combinés de la sécheresse, de la récession économique et de la pandémie" de Covid-19.
Avec AFP